Quand j’ai vu la liste officielle tomber mardi matin, j’ai dû la relire deux fois. Simon Adingra, ok, on s’y attendait un peu avec ses pépins physiques. Mais Nicolas Pépé ? L’homme qui porte Villarreal sur ses épaules cette saison ? Celui qui empile les buts et les passes décisives en Liga ? Franchement, j’ai cru à une blague.
Puis le sélectionneur a parlé. Et là, tout est devenu à la fois plus clair… et beaucoup plus trouble.
Une absence qui fait plus de bruit que bien des présences
Dans le football africain, peu de noms font autant vibrer que celui de Nicolas Pépé quand il s’agit de la Côte d’Ivoire. 50 sélections, un passé à Arsenal, un présent flamboyant à Villarreal… Sur le papier, c’est le genre de joueur qu’on met dans le groupe les yeux fermés. Pourtant, il n’y est pas.
Le sélectionneur Émerse Faé a été très clair, presque trop : « Ce n’est pas une sanction sportive. » La phrase tourne en boucle depuis 48 heures. Parce qu’en réalité, elle n’explique rien. Elle ouvre juste la porte à toutes les interprétations possibles.
Ce que dit vraiment le sélectionneur
« Si on s’en tenait au volet sportif, il serait bien évidemment avec nous. Il était dans la case des performances. Mais pour faire une liste, il faut tenir compte de beaucoup d’éléments, que ce soit sur ou en dehors du terrain. »
Émerse Faé, sélectionneur de la Côte d’Ivoire
Traduction : oui, il est bon. Non, ce n’est pas suffisant.
Et c’est là que ça devient intéressant. Parce que dans « en dehors du terrain », il y a tout un monde. Un monde où une vidéo tournée pour rigoler peut vous coûter une Coupe d’Afrique.
La vidéo qui a tout fait basculer
Tout part d’un contenu léger, comme on en voit des centaines sur les réseaux. Pépé est avec un créateur connu, l’ambiance est détendue, on chambre les voisins. L’Algérie, le Maroc… le classique. Sauf que quand tu portes le maillot orange, même en dehors des rassemblements, chaque mot pèse.
La phrase sur le Maroc ? Elle a fait mal. Très mal. Au point où des milliers de commentaires racistes ont inondé ses publications. Des trucs ignobles, le genre qui te donnent envie de fermer internet pour toujours.
Pépé a réagi sur Instagram, calme mais touché :
« Double peine pour moi. C’est le football, c’est la vie. Merci à la Liga, à mon club de Villarreal et à tous ceux qui m’ont apporté leur soutien après ces derniers jours de harcèlement et de racisme. »
Double peine. Le mot est fort. Et il résume parfaitement la situation : victime de racisme, puis écarté du groupe. Dur à avaler.
Binationaux : le sujet qui fâche depuis toujours
Mais il n’y a pas que le chambrage du Maroc. Dans la même vidéo, Pépé s’est lâché sur un sujet ultra-sensible : les joueurs binationaux.
Sa position ? Claire et sans filtre. Un joueur qui choisit d’abord les Bleus, puis une sélection africaine plus tard ? « De côté, direct. » Pour lui, la Côte d’Ivoire ne doit pas être un plan B.
Le problème ? Dans le vestiaire ivoirien actuel, il y a des profils qui ont connu les équipes de France jeunes. Le message, même s’il ne visait personne en particulier, a pu être perçu comme une petite bombe à retardement.
- Est-ce que ça a créé des tensions internes ?
- Certains joueurs se sont-ils sentis visés ?
- Le sélectionneur a-t-il voulu éviter tout risque avant une compétition majeure ?
On ne le saura probablement jamais officiellement. Mais quand tu défends bec et ongles l’unité d’un groupe qui vient de remporter la CAN à domicile, tu ne prends aucun risque. Surtout pas à quelques semaines du tournoi.
Le racisme en ligne : l’autre face du problème
Ce qui me choque le plus dans cette histoire, ce n’est pas tant la décision sportive – on peut la comprendre, même si on la trouve sévère. Non, c’est la violence de la réaction qu’a subie Pépé.
Une blague potache sur le nombre d’étoiles d’une sélection ? Ok, c’était maladroit. Mais justifier des insultes racistes derrière ça ? C’est inacceptable. Et pourtant, ça arrive tous les jours.
Sa sœur Corinne a pris la parole, révoltée :
« Il s’est excusé alors que c’est lui la victime ! Et là c’est lui qu’on sanctionne ? C’est lui qu’on pointe du doigt ? »
Elle n’a pas tort. Il y a quelque chose de profondément injuste dans tout ça.
Un choix sportif… ou politique ?
Revenons au terrain, parce que c’est là que tout commence et que tout finit.
Nicolas Pépé, cette saison à Villarreal :
- Meilleur buteur de son équipe sur les derniers mois
- Dribbleur le plus efficace de Liga sur certaines stats
- En pleine confiance après des années compliquées
Sur le plan purement sportif, il n’y a rien à dire. Il mérite sa place. Point.
Alors pourquoi ? Parce que dans une sélection nationale, surtout quand tu es tenant du titre, le collectif passe avant tout. Et parfois, même un crack peut devenir un risque si son image ou ses mots fracturent l’harmonie.
C’est cruel, mais c’est la réalité du très haut niveau.
Et maintenant ?
Pépé a 29 ans. La CAN 2025 n’est pas sa dernière chance, loin de là. Mais rater une compétition quand tu es à ton meilleur niveau, ça laisse des traces.
Est-ce que cette décision va le galvaniser ? Le faire douter ? Le pousser à se concentrer uniquement sur son club ? Ou au contraire, à revenir encore plus fort avec les Éléphants ?
Une chose est sûre : cette histoire n’est pas finie. Elle vient à peine de commencer.
Parce que dans le football africain, les polémiques de sélection, ça ne meurt jamais vraiment. Ça se transforme. Ça attend son heure. Et parfois, ça revient te hanter… ou te couronner.
En attendant, bon courage aux Éléphants. Ils vont défendre leur titre sans l’un de leurs talents les plus flamboyants. Et quelque part, ça fait mal au cœur.
Le football, c’est aussi ça. Du beau jeu, des émotions fortes… et parfois, des décisions qui laissent un goût amer.
Et vous, vous en pensez quoi ? Sanction trop sévère ? Choix compréhensible ? Le débat est ouvert.
