Franchement, quand on m’a dit qu’une comédie française sur la chasse allait faire deux millions d’entrées fin 2023, j’ai haussé les épaules. Et pourtant… j’ai fini par la voir en streaming un soir d’hiver et j’ai ri comme un ado devant un sketch des Inconnus. Alors quand j’ai appris qu’une suite débarquait pile pour les fêtes 2025, j’ai eu ce petit frisson d’excitation coupable : est-ce que la magie allait opérer une deuxième fois ?
La réponse est tombée dès les premières minutes : oui, et même en mieux.
Chasse Gardée 2 : quand la campagne devient un champ de bataille hilarant
Le premier volet nous avait laissés avec une victoire éclatante des écolos-parisiens : la chasse à tir interdite dans le village de Saint-Hubert. Deux ans plus tard, Adélaïde et Simon (toujours incarnés par Camille Lou et Hakim Jemili) tournent en rond. Ils ont épuisé Netflix, les balades en forêt et même les apéros avec les voisins. La campagne, c’est sympa cinq minutes, mais quand il n’y a plus rien à sauver… on s’ennuie.
Et là, miracle : un jeune couple débarque. Stanislas et Bénédicte, la trentaine dorée, l’accent parisien qui claque et surtout… une passion dévorante pour la chasse à courre. Vous savez, cette version ultra-chic avec les chevaux, les cors de chasse et les tenues rouges qui coûtent plus cher qu’une voiture.
Le choc est immédiat. Les bobos qui avaient juré la guerre aux fusils se retrouvent face à des gens qui galopent derrière un cerf avec une meute de chiens. Et devinez qui va devenir leur meilleur allié ? Les anciens chasseurs du village, ceux-là mêmes qu’ils avaient fait plier deux ans plus tôt.
Didier Bourdon, le roi incontesté de cette suite
Si vous n’allez voir ce film que pour une seule raison, c’est lui. Bernard, alias « Papi Cartouche », a rangé le fusil mais pas la gouaille. Reconverti à la pêche (« le seul truc bon dans le poisson, c’est la sauce »), il râle, il peste, il tente de comprendre ce monde qui part en vrille. Didier Bourdon est absolument génial dans ce rôle de grand-père rugueux mais attachant, qui finit par remonter sur un poney beaucoup trop petit pour lui lors d’une séquence de chasse à courre complètement délirante.
J’ai rarement vu un comédien de cette génération se lâcher à ce point. Chaque réplique fait mouche, chaque regard caméra (oui, il y en a) est un petit bijou. On sent qu’il s’amuse comme un gamin et ça contamine tout le film.
« Moi, la seule courre que je connais, c’est quand je cours après ma retraite ! »
Bernard, alias Didier Bourdon, en pleine forme
Un humour qui tape large sans jamais être méchant
Ce qui frappe dans Chasse Gardée 2, c’est sa capacité à moquer tout le monde sans jamais tomber dans la caricature facile. Les bobos parisiens sont ridicules ? Oui. Les chasseurs traditionnels bornés ? Évidemment. Les nouveaux riches qui veulent transformer le village en Saint-Tropez des sous-bois ? Absolument pathétiques. Mais jamais on ne sent de mépris. On rit avec eux, pas contre eux.
Le film joue sur l’absurde avec une maestria rare dans la comédie française actuelle. Une biche qui prend son petit-déjeuner à table avec une biscotte beurrée. Une poule à perruque (oui, vous avez bien lu) qui fait fuir un loup. Un sanglier amoureux devenu végan. C’est du grand n’importe quoi, mais tellement bien écrit et réalisé que ça passe crème.
- Les gags visuels s’enchaînent sans temps mort
- Les dialogues fusent, souvent improvisés on dirait
- Les seconds rôles sont tous excellents (mention spéciale à Julien Pestel en amoureux transi de son sanglier)
- La réalisation est plus rythmée que dans le premier
Une satire sociale qui fait mouche en 2025
Sous ses airs de comédie potache, Chasse Gardée 2 tape juste. La gentrification des campagnes, les tensions entre anciens et nouveaux ruraux, le choc entre traditions et modernité… tout y passe. Mais jamais de façon lourde ou moralisatrice. On rit d’abord, on réfléchit ensuite. Ou pas. Et c’est parfait comme ça.
Le film arrive au meilleur moment : en pleine période où les débats sur la ruralité, l’écologie punitive et le « vrai » mode de vie font rage. Il désamorce tout ça avec une légèreté salvatrice. On sort de la salle avec la banane, pas avec l’envie de manifester.
Techniquement, c’est du très solide
Antonin Fourlon et Frédéric Forestier signent une mise en scène plus ambitieuse que dans le premier. Les séquences de chasse à courre sont filmées avec un vrai sens du mouvement, presque comme un western comique. La photo est chaleureuse, les décors de la campagne française magnifiques sans être carte postale.
La bande originale mélange chansons françaises rétro et compositions originales qui collent parfaitement à l’ambiance. On ressort avec « La chasse aux papillons » de Georges Brassens dans la tête, et franchement, il y a pire.
Le casting : une équipe qui gagne
Tout le monde est au top, vraiment. Hakim Jemili gagne en assurance et prouve qu’il peut porter un film. Camille Lou est touchante en bobo qui découvre que la campagne, c’est aussi des emmerdes. Maxime Gasteuil incarne parfaitement le gendre idéal qui cache un monstre de prétention.
Mais ce sont les seconds couteaux qui volent souvent la vedette : Thierry Lhermitte en notable local dépassé, Charline Vanhoenacker en voix off cynique, et surtout Julien Pestel qui livre une performance complètement barrée en amoureux des animaux qui tombe sur une dresseuse autoritaire. Du très grand art.
| Personnage | Acteur | Moment culte |
| Bernard « Papi Cartouche » | Didier Bourdon | Sur son poney trop petit pendant la chasse à courre |
| Benjamin | Julien Pestel | Quand il présente sa nouvelle copine à son sanglier |
| Stanislas | Maxime Gasteuil | Sa tirade sur le « vrai luxe » de la chasse traditionnelle |
| Simon | Hakim Jemili | La scène de la biscotte avec la biche |
Pourquoi vous allez craquer (ou pas)
Si vous avez aimé le premier, vous allez adorer la suite. Elle va plus loin, elle est plus rythmée, plus généreuse en gags. Si vous aviez trouvé le premier trop « comédie française classique », passez votre chemin : c’est exactement ça, mais en mieux exécuté.
Moi qui suis plutôt client des comédies anglo-saxonnes bien nerveuses, j’ai été surpris de rire aussi souvent et aussi franchement. Il y a une forme de sincérité dans ce film, une envie de faire plaisir sans se prendre au sérieux, qui fait un bien fou.
Dans un paysage cinématographique français parfois trop sérieux ou trop cynique, Chasse Gardée 2 fait figure d’ovni joyeux et généreux.
En sortant de la salle, j’ai croisé un couple de retraités qui pleuraient de rire et des ados qui citaient déjà les répliques. C’est rare, un film qui rassemble trois générations comme ça.
Alors oui, c’est du divertissement pur. Oui, ça ne révolutionne rien. Mais parfois, c’est exactement ce dont on a besoin : deux heures pour oublier le monde et rire à gorge déployée.
Chasse Gardée 2 sort ce 10 décembre 2025. Courez-y. Et si vous croisez Didier Bourdon sur un poney, dites-lui que c’est le meilleur papi-cartouche de l’histoire du cinéma français.
Nota bene : 4,5/5 dans mon cœur. Et oui, j’ai déjà réservé pour une deuxième séance avec les potes.
Et vous, vous irez voir Chasse Gardée 2 ? Dites-moi en commentaire votre moment préféré du premier (sans spoiler la suite, hein !).
