Vous est-il déjà arrivé de rouler en pleine nuit et, d’un coup, plus rien ? Juste un mur blanc devant vous, les phares qui se réfléchissent et vous aveuglent plus qu’ils n’éclairent ? C’est exactement le scénario qui nous attend cette nuit et demain matin sur une bonne partie du territoire.
J’ai vécu ça il y a quelques années sur l’A10, vers 6 h 30. En dix secondes, la visibilité est passée de correcte à quasi nulle. J’ai fini au pas, warnings allumés, le cœur qui tambourine. Depuis, dès qu’on annonce du brouillard dense, je prends ça très au sérieux. Et là, franchement, ça sent le gros épisode.
Un brouillard qui ne va pas faire semblant
Ce qui rend cet épisode particulier, c’est son étendue. D’habitude, on a des bancs localisés : un peu dans les vallées de la Loire, un peu en plaine d’Alsace, un peu sur la Normandie. Là ? Pratiquement tout le pays risque d’y passer.
Les secteurs les plus exposés restent le grand Ouest et le Nord, mais les modèles les plus pessimistes (et ils ont souvent raison en hiver) voient le brouillard s’étendre jusqu’aux portes du Sud-Est et descendre très bas dans le Centre-Val de Loire, voire toucher certaines zones du Massif central.
Pourquoi maintenant ?
Plusieurs ingrédients se combinent parfaitement, comme une mauvaise recette pour les automobilistes.
- Un anticyclone très puissant qui stagne sur l’Europe de l’Ouest et nous envoie de l’air très humide mais stable.
- Des températures douces pour la saison (on attend encore 12-15 °C en plaine cette nuit), ce qui empêche le gel mais favorise la condensation près du sol.
- Un ciel dégagé en altitude ces derniers jours qui a permis au sol de refroidir fortement la nuit : c’est ce qu’on appelle le refroidissement radiatif.
- Une humidité relative proche de 100 % presque partout : il ne manque plus qu’un soupçon de calme pour que les gouttelettes se forment.
Résultat ? Le cocktail parfait pour un brouillard de radiation qui peut rester scotché jusqu’en milieu de journée.
Les zones les plus à risque demain matin
Si je devais faire une shortlist des endroits où ça va vraiment être compliqué entre 5 h et 10 h :
- Toute la façade atlantique de la Bretagne aux Landes
- La Normandie et les Hauts-de-France jusqu’à la frontière belge
- Le Bassin parisien et l’Île-de-France (oui, même Paris intra-muros peut être dedans)
- Les vallées de la Loire, de la Saône et du Rhône
- Le Centre-Val de Loire et la Bourgogne
- Certains plateaux du Massif central (Limousin, Auvergne)
Seuls le pourtour méditerranéen, une partie de la Bretagne ouest et les reliefs vosgiens/alphins semblent vraiment épargnés.
Visibilité : on parle de combien exactement ?
Dans les zones les plus touchées, on peut descendre sous les 50 mètres, parfois même 20-30 mètres. À ce stade, on ne voit plus les panneaux, on devine à peine les feux stops de la voiture de devant. C’est le genre de situation où les accidents en chaîne arrivent en quelques secondes.
« Quand la visibilité tombe sous 50 m, le temps de réaction devient insuffisant. Même à 50 km/h, vous parcourez 14 mètres par seconde. Vous n’avez aucune marge. »
– Un formateur conduite spécialisée conditions difficiles
Les conseils que je donne à mes proches (et que j’applique moi-même)
Voici ma petite checklist perso, testée et approuvée :
- Anticipez. Si vous le pouvez, décaler votre départ après 10-11 h. Le soleil (même faible en décembre) finit souvent par percer.
- Feux de brouillard avant ET arrière allumés dès que vous sentez que ça se bouche. Pas les pleins phares : ils éblouissent via la réflexion.
- Réduisez drastiquement la vitesse. 50 km/h max sur autoroute quand c’est vraiment dense, 30-40 sur nationale.
- Augmentez les distances de sécurité × 3 ou × 4 par rapport à d’habitude.
- Utilisez les lignes blanches au sol comme repère plutôt que la voiture devant (elle peut freiner brutalement).
- Évitez les dépassements, même si quelqu’un roule lentement devant vous.
- Ventilation en mode recyclage air intérieur pour éviter que le pare-brise se couvre de buée.
Et si vraiment c’est l’enfer, n’hésitez pas à sortir à la prochaine aire ou parking et attendre 30 minutes. Mieux vaut arriver en retard qu’en morceaux.
Et après ? Quand est-ce que ça se lève ?
La bonne nouvelle, c’est que ce genre de brouillard « basse couche » finit généralement par se dissiper en fin de matinée ou début d’après-midi quand le soleil monte un peu et que le vent se lève légèrement. Mais cette fois, avec l’anticyclone qui reste costaud, certaines zones pourraient garder une grisaille tenace toute la journée.
En clair : si vous avez un rendez-vous important à 9 h à l’autre bout de la région, prévoyez large ou reportez.
Le paradoxe de ce début d’hiver
Ce qui me frappe le plus, c’est le contraste. On parle de brouillard glacial, mais on est en plein redoux exceptionnel. On attend 17-20 °C cet après-midi dans le Sud-Ouest, la neige fond à 3 000 m dans les Pyrénées… et en même temps, on risque des plaques de brouillard givrant dès que la température redescend sous 4-5 °C la nuit.
C’est tout le bazar du changement climatique en direct : des hivers qui deviennent plus humides, plus doux, mais aussi plus propices à ces phénomènes extrêmes de brouillard persistant.
Perso, je trouve ça à la fois fascinant et un peu flippant. La nature nous rappelle qu’elle peut encore nous surprendre, même quand on pense avoir tout vu.
En résumé : soyez prudents, vraiment
Je ne vais pas vous faire la morale, vous êtes grands. Mais sincèrement, cette nuit et demain matin, si vous n’êtes pas obligés de prendre la voiture, restez au chaud avec un thé et Netflix.
Et si vous devez rouler, rappelez-vous cette phrase que m’avait dite un vieux routier : « Dans le brouillard, le plus dangereux, ce n’est pas ce que tu ne vois pas… c’est ce que les autres ne voient pas. »
Prenez soin de vous sur la route.
(Article mis à jour le 10 décembre 2025 à 11 h 30 – les prévisions peuvent encore évoluer, restez connectés aux bulletins officiels)
