Il y a des soirs où le football vous fait passer par toutes les émotions en l’espace de 90 minutes. Hier, au Stade Louis-II, j’ai vécu exactement ça. Un début poussif, une première mi-temps à s’arracher les cheveux, puis une seconde période où Monaco a enfin montré de quoi il était capable. Au final, trois points précieux contre Galatasaray (1-0) et une place qui sent bon les play-offs de la Ligue des Champions. Franchement, qui l’aurait parié après la claque reçue à Bruges en ouverture ?
Monaco se replace enfin dans la course
Reprenons depuis le début. Quand tu démarres une phase de ligue par une défaite 4-1 et que tu frôles la correction contre Manchester City, tu te dis que la saison européenne risque d’être courte. Pourtant, cinq matchs plus tard, l’AS Monaco pointe dans la zone qualificative pour les play-offs. Un nul héroïque contre Tottenham, une victoire au courage à Bodö/Glimt, un match nul arraché à Chypre et maintenant ce succès contre les Turcs : le bilan est devenu franchement honorable.
Le changement d’entraîneur y est évidemment pour beaucoup. L’arrivée de Sébastien Pocognoli sur le banc a apporté une nouvelle dynamique, même si en Ligue 1 les résultats restent irréguliers. En Europe, par contre, ça commence à ressembler à quelque chose. Et hier soir, malgré toutes les galères, les Monégasques ont su aller chercher ce qu’il fallait.
Un début de match complètement étouffé par l’ambiance
Imaginez la scène : la moitié du stade est jaune et rouge, les supporters de Galatasaray font un bruit infernal, les ultras monégasques, eux, ont décidé de bouder les 15 premières minutes en signe de protestation contre la direction. Résultat ? Une atmosphère étrange, presque hostile pour les joueurs en rouge et blanc.
Et pourtant, ce sont bien les Turcs qui se créent les meilleures occasions en début de match. Un poteau, une tête qui passe juste à côté… Monaco est complètement asphyxié. Gündogan rate même une occasion en or à la 13e minute. À ce moment-là, tu te dis que la soirée va être très longue.
Le tournant : la blessure du gardien turc
Puis arrive la 60e minute environ. Monaco pousse, obtient un penalty grâce à un Takumi Minamino des grands soirs. Denis Zakaria s’élance… et se fait arrêter par Ugurcan Çakir. Là, tu te dis que c’est définitivement pas le soir de l’ASM.
Mais dix minutes plus tard, le destin bascule. Sur un corner anodin, le gardien turc se blesse à la cuisse en sortant. Il doit quitter ses partenaires. Son remplaçant, Gunay Guvenc, entre sous les acclamations… et se troue complètement sur le corner suivant. Duel gagné par Thilo Kehrer dans les airs, tête smashée par Folarin Balogun : 1-0. Le Louis-II explose enfin.
« Parfois, le football est cruel. On a vendangé tellement d’occasions que ce but arrive presque par accident. Mais on le prend, et on ne va pas faire la fine bouche. »
Un observateur dans les travées du Louis-II
Une seconde période qui montre le potentiel
Ce qui m’a marqué, au-delà du score, c’est la différence entre les deux mi-temps. La première était indigeste : jeu trop axial, manque de mouvement, finitions catastrophiques. La seconde ? Une équipe qui presse haut, qui combine enfin, qui crée du danger en permanence.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes : Monaco termine avec plus de 3,3 expected goals, le total le plus élevé sur un match de Ligue des Champions ces vingt dernières années pour le club. Oui, vous avez bien lu. On a vendangé comme rarement, mais quand tu crées autant, c’est que quelque chose fonctionne.
- Takumi Minamino : omniprésent, obtient le penalty, provoque constamment
- Maghnes Akliouche : le seul à cadrer en première période
- Denis Zakaria : retrouvé physiquement, énorme au milieu
- Thilo Kehrer : un match de patron, décisif sur le but
- Folarin Balogun : buteur malgré une énorme occasion ratée juste avant
Pocognoli commence à poser sa patte
On l’attendait, ce match référence sous Sébastien Pocognoli. Ce n’est peut-être pas encore ça, mais on sent que ça vient. Le coach belge a su fermer la boutique après le 1-0, en replaçant Lamine Camara en 10, puis Kassoum Ouattara sur un aile. Des choix osés, mais qui ont tenu.
Même Paul Pogba, qui n’est même pas entré en jeu, a pu faire ses selfies avec les ramasseurs de balle en toute tranquillité. Preuve que l’équipe a su gérer la fin de match malgré la pression turque.
Et maintenant ? Real Madrid et Juventus au programme
Attention, rien n’est fait. Il restera deux matchs absolument monstrueux : un déplacement au Santiago-Bernabeu puis la réception de la Juventus pour clôturer la phase de ligue. Un point, peut-être deux, seront probablement nécessaires pour valider le ticket play-offs.
Mais après avoir vu cette seconde période, j’ai envie d’y croire. Cette équipe a du caractère, des individualités qui reviennent à leur meilleur niveau, et surtout un coach qui semble trouver les bons réglages en Europe.
En Ligue 1, c’est une autre histoire. Le déplacement à Marseille dimanche s’annonce brûlant, et une nouvelle contre-performance pourrait tout remettre en question pour la qualification européenne la saison prochaine. Mais hier soir, au moins, Monaco s’est offert le droit de rêver encore un peu.
Alors oui, cette victoire doit beaucoup à la chance. Oui, Monaco a vendangé comme rarement. Mais dans le football moderne, surtout dans ce format impitoyable de la Ligue des Champions, prendre les points quand ils se présentent, c’est déjà énorme.
Si l’ASM arrive à reproduire ne serait-ce que 70 % de cette seconde période lors des deux derniers matchs, alors les play-offs ne seront plus une utopie. Et qui sait, peut-être que ce soir de décembre 2025 restera comme le déclic d’une campagne européenne qui aura surpris tout le monde.
En attendant, on respire. Et on se dit que parfois, le football est aussi beau dans l’imperfection que dans la maîtrise totale.
