Vous vous souvenez tous de ce titre de champion de France 2001 avec le FC Nantes ? Ce soir-là, un certain Stéphane Ziani soulevait le trophée sous les fumigènes jaunes et verts. Vingt-quatre ans plus tard, l’icône est toujours là, à la Jonelière, mais cette fois sur le banc de la réserve en National 3. Et pourtant, lundi dernier, on a failli le voir grimper d’un coup plusieurs étages dans la hiérarchie du club. Waldemar Kita en personne lui a proposé de devenir coordinateur sportif, voire plus, pour venir en aide à Jean-Charles Castro qui vacille. Et puis… non. Refus net. L’histoire méritait qu’on creuse un peu.
Un refus qui en dit long sur l’état actuel du FC Nantes
Quand un club est 17e de Ligue 1, à deux points du barragiste, et que le président rappelle personnellement une légende pour venir sauver les meubles, on se dit que la situation est désespérée. Et pourtant, la légende en question a dit niet. Ça vous donne une idée du climat qui règne en interne, non ?
Parce que, soyons honnêtes, sur le papier, l’offre avait de la gueule. Passer de l’équipe réserve à un rôle auprès des pros, avec plus de pouvoir, plus de visibilité, et sans doute un salaire revu à la hausse. Beaucoup auraient signé les yeux fermés. Pas Ziani.
Retour sur une journée complètement folle à la Jonelière
Remettons les choses dans l’ordre. Dimanche, la réserve joue contre Vertou, un derby tendu. Ça finit en bagarre générale, Ziani se fait expulser, son adjoint Willy Grondin aussi. Ambiance. Le lundi matin, le groupe pro vient de prendre une claque contre Lens (1-2 à la maison, encore). Castro est plus que jamais sur un siège éjectable.
Vers midi, la direction du club réfléchit à virer l’entraîneur portugais. On teste la piste Will Still, ça ne marche pas. On se rabat sur l’idée de garder Castro mais en lui collant un superviseur expérimenté. Et là, les yeux se tournent naturellement vers Ziani. L’homme connaît la maison depuis ses 8 ans, il a déjà été directeur sportif par intérim en 2011, il s’entend bien avec Castro… Tout colle.
Lundi après-midi, le deal semble fait. Reste juste à définir précisément le rôle. Et là… patatras. En fin de journée, Ziani fait savoir qu’il reste avec sa N3. Fin de l’histoire.
Les contours du poste étaient bien trop flous
Première explication, et pas la moindre : personne ne savait vraiment ce qu’on attendait de lui. Coordinateur sportif ? Directeur sportif light ? Superviseur technique ? Simple adjoint de luxe de Castro ? Les versions changeaient selon qui parlait.
« Assister Castro »… ça voulait tout et rien dire. Et quand tu connais un peu la maison, tu sais que quand c’est flou, c’est qu’il y a un loup.
Ziani n’est pas né de la dernière pluie. Il a déjà vu des postes créés sur un coin de table pour calmer l’incendie médiatique, puis disparaître six mois plus tard. Il a déjà occupé ce type de rôle en 2011, à l’époque où le club était déchiré entre différentes chapelles. Il sait ce que ça coûte en énergie et en image quand ça tourne mal.
Un manque d’unanimité criant autour de lui
Deuxième point, et celui-là pèse lourd : il n’y avait pas de consensus. Certains dans l’organigramme voyaient d’un très bon œil l’arrivée de Ziani. D’autres, beaucoup moins. On parle quand même d’un symbole du club. Le faire monter, c’était aussi reconnaître publiquement que Castro est en sursis. Politiquement, c’était explosif.
Et puis, il y a la famille Kita. Franck Kita avait prolongé Ziani en juin dernier pour une année supplémentaire avec la réserve. Le voir changer de poste six mois plus tard, ça aurait pu passer pour un désaveu. Bref, trop de tensions en coulisses.
Ziani est avant tout un homme de terrain
Mais la raison la plus profonde, celle qui revient le plus quand on discute avec son entourage, c’est simple : Ziani adore ce qu’il fait actuellement. Il bosse avec les jeunes, il les voit progresser, il construit quelque chose de durable. Passer dans le grand bain pro avec un club en feu, sous la pression permanente des résultats, très peu pour lui.
Il l’a déjà vécu comme joueur, comme adjoint, comme intérimaire. Il connaît le prix à payer. Et à 53 ans, il a visiblement envie de tranquillité et de sens plus que de lumière et de stress.
- Il a été prolongé en juin par Franck Kita → il se sent en confiance avec la réserve
- Les U19 brillent en Youth League → la formation marche fort, il y est pour beaucoup
- Il forme les futurs pros (Ghrieb, Acapandié, Voisine, etc.) → il voit le fruit de son travail
- Il évite la guillotine qui tombe tous les six mois sur l’équipe première
Franchement, on peut le comprendre.
Un message fort envoyé à la direction
En refusant, Ziani envoie aussi un signal très clair à la famille Kita : « Si vous voulez que je vienne, faites-le dans de vraies conditions, avec un vrai projet, pas pour boucher un trou en urgence. »
Parce que le timing est révélateur. On lui propose le poste deux jours après une défaite à domicile, alors qu’on vient d’échouer à recruter Will Still. C’est du bricolage de crise, pas une vision long terme. Et Ziani n’a plus envie de jouer les pompiers de service.
« Il vaut mieux être maître chez soi que valet chez les autres », dit l’adage. Ziani a choisi d’être maître de son petit royaume en N3 plutôt que de risquer de se brûler les ailes dans la tempête de l’équipe première.
Et maintenant, que va-t-il se passer ?
Du côté du FC Nantes, on assure qu’on ne cherchera pas d’autre coordinateur dans l’immédiat. Castro prépare donc le déplacement à Angers avec la corde au cou. Un mauvais résultat dimanche à Raymond-Kopa, et on reparlera forcément d’un plan B… ou C, ou D.
Quant à Ziani, il reste avec ses gamins de la réserve. Tranquille. Loin des caméras. Mais avec une aura encore plus forte. Parce qu’un homme qui dit non à une promotion quand tout le monde dit oui, ça force le respect.
Et quelque part, dans le foot business d’aujourd’hui, ça fait du bien de voir qu’il reste encore des gars qui préfèrent leurs convictions à un titre ronflant sur une carte de visite.
Alors oui, le FC Nantes continue de tanguer. Mais ce refus de Stéphane Ziani, finalement, c’est peut-être le seul moment de classe qu’on ait vu ces derniers jours du côté de la Beaujoire. Et ça, ça vaut tous les postes de coordinateur sportif du monde.
