Imaginez la scène : quatorze journées de Top 14, quatorze défaites. L’USAP est dernière, très dernière, avec un zéro pointé qui fait mal au cœur des supporters catalans. Et là, en plein mois de décembre, le club lâche une bombe qui fait trembler tout le rugby français. Une star mondiale, un vrai finisseur, pose ses valises à Perpignan pour trois saisons. Franchement, quand j’ai vu l’info passer, j’ai d’abord cru à une blague. Et pourtant…
Sevu Reece, l’ailier qui fait peur à tout le monde
À 28 ans, Sevu Reece n’est pas n’importe qui. Originaire des Fidji et naturalisé néo-zélandais, il est tout simplement l’inverse d’un joueur en fin de carrière venu toucher un dernier gros contrat en Europe. Non, lui, il est en pleine maturité, au sommet de son art.
Petit rappel pour ceux qui auraient hiberné ces cinq dernières années : il détient le record absolu d’essais en Super Rugby – 66, rien que ça – avec les Crusaders. En sélection, 22 réalisations en seulement 37 capes avec les All Blacks. Quand tu marques presque un essai tous les deux matchs au plus haut niveau mondial, c’est que tu n’es pas là pour faire de la figuration.
Son style ? Une fusée. Accélération foudroyante, lecture du jeu diabolique, et surtout cette capacité à transformer n’importe quel ballon récupéré en occasion en essai de 70 mètres. Les défenses le détestent, les commentateurs adorent. Moi le premier.
Un parcours déjà riche en rebondissements
Reece, ce n’est pas une trajectoire linéaire. Parti des Fidji très jeune, il a d’abord explosé à Waikato avant d’être repéré par les Crusaders. En 2019, il fait ses débuts avec les All Blacks et claque cinq essais lors de son premier Rugby Championship. La planète rugby découvre un phénomène.
Coupe du monde 2019 au Japon ? Il y est, titulaire, et la Nouvelle-Zélande termine troisième. Quatre ans plus tard, la poisse : rupture des ligaments croisés juste avant la Coupe du monde en France. Il regarde ses potes depuis son canapé. Rageant. Mais il revient encore plus fort en 2024 et 2025, enchaînant les performances de malade avec les Crusaders et rappelé chez les Blacks.
Et puis il y a cet épisode sombre en 2018-2019. Une affaire de violences conjugales qui avait fait capoter son transfert au Connacht en Irlande. Il a reconnu les faits, a été condamné à une amende, a suivi un programme de réhabilitation. Depuis, silence radio sur le sujet, et performances irréprochables sur le terrain. Le rugby, comme la vie, n’est jamais tout blanc ou tout noir.
Pourquoi Perpignan, pourquoi maintenant ?
C’est LA question que tout le monde se pose. Pourquoi un joueur de ce calibre choisit-il un club en pleine crise sportive ?
Déjà, il y a le projet. François Rivière, le président, ne fait pas semblant. Il a convaincu Laurent Labit de revenir comme manager, il met le paquet sur le recrutement, et il a visiblement un pouvoir de conviction énorme. L’argument “venir écrire l’histoire d’un club mythique” a dû peser.
Ensuite, le cadre de vie. Perpignan, la Catalogne, la mer à trente minutes, les Pyrénées à une heure… Quand tu viens des Fidji ou de Christchurch, forcément, ça parle. Et puis l’USAP, c’est une ambiance à part. Aimé-Giral, c’est chaud, c’est passionnel, c’est une cathédrale du rugby.
“Je me félicite de ce recrutement exceptionnel, preuve que malgré un début de saison difficile, l’USAP conserve une attractivité sportive et territoriale remarquable.”
François Rivière, président de l’USAP
Traduction : même quand on perd tout, on reste sexy. Et ça, c’est fort.
L’impact sportif : un game-changer absolu ?
Soyons clairs : un seul joueur ne sauve pas une équipe. Mais là, on ne parle pas de n’importe quel joueur.
Perpignan manque cruellement de finisseurs cette saison. Les Catalans ont du cœur, du combat, mais ils ne concrétisent pas. Reece, c’est l’antidote parfait. Un mec capable de marquer sur une chandelle mal négociée, sur un turnover, sur une pénaltouche à 60 mètres. Bref, le genre de joueur qui te fait gagner trois ou quatre matchs dans une saison rien qu’avec son opportunisme.
- Explosion immédiate sur l’aile droite (ou gauche, il est ambidextre)
- Relance de n’importe où, même depuis son en-but
- Mentorat pour les jeunes ailiers catalans (Afusipa Taumoepeau, etc.)
- Visibilité accrue du club à l’international
- Signal fort envoyé aux autres recrues potentielles
Et même si – scénario catastrophe – l’USAP descendait en Pro D2, le contrat court toujours. Reece jouerait en deuxième division française. Difficile d’imaginer plus beau cadeau pour la Pro D2.
Et la concurrence dans tout ça ?
Beaucoup de clubs du Top 14 (et même d’ailleurs) devaient baver devant le profil de Reece. Toulouse, La Rochelle, le Racing… Tous ont les moyens. Alors pourquoi eux non ?
Peut-être parce que Perpignan a offert un rôle central, un projet de reconstruction autour de lui. Peut-être aussi une question de timing : son contrat avec les Crusaders se termine en 2026, et il voulait découvrir l’Europe sans attendre ses 32-33 ans. En tout cas, les autres ont pris une claque.
Ce recrutement rappelle un peu celui de Sonny Bill Williams à Toulon en 2008, ou plus récemment Damian Penaud à Bordeaux. Quand un club en difficulté attire une superstar, ça peut créer une dynamique folle. L’histoire du rugby français est remplie de ces paris fous qui ont tout changé.
Ce que ça dit de l’USAP version 2026
Ce transfert, ce n’est pas qu’un joueur qui arrive. C’est une déclaration d’intention. Perpignan ne veut pas être un club yo-yo. Le club veut redevenir une place forte, retrouver la Champions Cup, remplir Aimé-Giral chaque week-end.
Avec Labit aux manettes et Reece sur le terrain, le message est clair : on va se battre, on va souffrir, mais on va revenir plus fort. Et franchement, dans le rugby, rien n’est plus excitant qu’une renaissance.
Alors oui, la saison actuelle est cauchemardesque. Mais parfois, il faut toucher le fond pour mieux rebondir. Et quand tu touches le fond et que tu signes Sevu Reece dans la foulée… c’est que le destin te fait un clin d’œil.
Rendez-vous à l’été 2026. Quelque chose me dit que le stade Aimé-Giral va vibrer comme jamais.
Et vous, vous y croyez à ce renouveau catalan ? Dites-moi en commentaire si vous pensez que Reece peut porter l’USAP vers le maintien dès cette saison… ou s’il faudra attendre 2026-2027 pour voir la magie opérer. En tout cas, une chose est sûre : le Top 14 vient de prendre une autre dimension.
