Vous souvenez-vous de ce printemps 2025 où, pour la première fois depuis longtemps, on a vraiment cru que l’Europe allait mettre le paquet ? Moi oui. Et pourtant, huit mois plus tard, on en est là : une nouvelle réunion en visioconférence, presque en catimini, pour essayer de sauver ce qui peut encore l’être. Jeudi 11 décembre, la « coalition des volontaires » remet le couvert. Et franchement, on a du mal à cacher notre inquiétude.
Une coalition qui joue sa survie
Officiellement, l’objectif reste clair : avancer sur les garanties de sécurité à long terme pour l’Ukraine. Traduction : comment faire pour que Kiev ne se retrouve pas seul face à la Russie le jour où un accord, quel qu’il soit, sera signé. Mais entre nous, cette réunion sent le pansement sur une jambe de bois.
La porte-parole du gouvernement français l’a annoncé sans détour : la France et le Royaume-Uni coprésident, et on compte toujours sur « la contribution importante des Américains ». Sauf que, justement, les Américains… on ne sait plus trop où ils se situent.
« La réunion de demain permettra d’avancer sur les garanties de sécurité à offrir à l’Ukraine et la contribution importante des Américains »
Maud Bregeon, porte-parole du gouvernement français
Trump met la pression, l’Europe tremble
Revenons deux jours en arrière. Lundi, Zelensky était à Londres avec Macron, Starmer et le nouveau chancelier allemand Friedrich Merz. Photos de famille, sourires crispés, promesses renouvelées. Et puis Trump balance sa bombe : « Ce n’est plus une démocratie », « il faut des élections », « sinon plus un dollar ». Le message est passé.
Et le pire ? Il n’a pas complètement tort sur le fond. L’état d’urgence prolongé, les élections reportées sine die, la loi martiale… On peut comprendre le contexte, mais ça fait tache quand on demande des centaines de milliards pour défendre « la démocratie ».
Du coup, la réunion de jeudi ressemble furieusement à un exercice de damage control. L’Europe veut montrer qu’elle tient encore la barre, même si tout le monde sait que sans les États-Unis, c’est compliqué. Très compliqué.
L’aide européenne au plus bas : les chiffres qui font mal
Parlons chiffres, parce que là, ça fait mal. En 2025, l’aide militaire européenne totale devrait tourner autour de 32,5 milliards d’euros. C’est moins que ce qu’un seul pays – les États-Unis – donnait certains années. Et encore, ces 32,5 milliards incluent des promesses pas toujours tenues.
- Promesses d’avions de combat qui traînent
- Stocks de munitions qui fondent plus vite que prévu
- Délais de livraison qui s’allongent dangereusement
- Fatigue des opinions publiques qui monte
On a voulu jouer collectif, on se retrouve avec une addition salée et des résultats mitigés. Et pendant ce temps, la Russie continue de produire, de recruter, d’avancer mètre par mètre.
Kiev entre le marteau et l’enclume
De son côté, l’Ukraine fait ce qu’elle peut. Campagnes de recrutement façon pub pour parfum, affiches glamour dans le métro, primes qui grimpent… On en rit jaune, mais c’est la réalité. L’armée a besoin de sang neuf, et vite.
Sur le terrain, ça cogne dur. Un Su-27 abattu, pilote expérimenté perdu. Un système Buk-M3 détruit côté russe (100 millions la bête). Un navire de la « flotte fantôme » échoué près de la Bulgarie après une frappe ukrainienne. Un An-22 qui s’écrase à 200 km de Moscou. La guerre continue, impitoyable, sans pause publicitaire.
Et maintenant ? Trois scénarios possibles
Alors, jeudi, qu’est-ce qui peut vraiment sortir de cette visioconférence ? J’en vois trois possibilités, et aucune n’est franchement joyeuse.
- Le sursaut européen : on annonce un fonds spécial, des engagements fermes sur dix ans, peut-être même des troupes d’interposition sous casque bleu. Peu probable, mais on peut rêver.
- Le plan B à l’américaine : Trump obtient des élections (même symboliques), Zelensky accepte un accord territorial limité, l’Europe suit en râlant mais suit quand même.
- Le statu quo douloureux : on signe un communiqué sympa, on promet de se reparler en janvier, et la guerre continue jusqu’à l’épuisement total d’un des deux camps.
Mon petit doigt me dit qu’on va pencher vers la troisième option. Parce que c’est toujours ce qui arrive quand personne n’a vraiment envie de prendre ses responsabilités.
Ce que cette réunion nous dit vraiment
Au-delà des communiqués lénifiants, cette énième réunion en dit long sur l’état de l’Occident en 2025. On a voulu être des géants moraux, on se retrouve à gérer la plomberie diplomatique en espérant que ça ne nous explose pas à la figure.
L’aspect le plus triste ? C’est que les Ukrainiens, eux, n’ont pas le luxe de choisir leur scénario. Ils sont sur le terrain, dans le froid, sous les drones et les missiles. Et chaque jour qui passe sans décision claire les rapproche un peu plus du point de rupture.
Je ne vais pas vous vendre du rêve : jeudi ne changera probablement pas la face du monde. Mais ce sera un indicateur précieux. Si même cette « coalition des volontaires » – qui porte pourtant bien son nom – n’arrive plus à se mettre d’accord sur l’essentiel, alors on saura que le vent a vraiment tourné.
En attendant, on regarde l’écran, on croise les doigts, et on espère que quelqu’un, quelque part, aura le courage de dire les choses telles qu’elles sont. Parce que tourner autour du pot, ça fait déjà trois ans que ça dure. Et franchement, on commence à être fatigués.
Jeudi soir, on saura. Ou pas. Mais une chose est sûre : l’Histoire, elle, ne prend jamais de pause café.
