Vous est-il déjà arrivé de voir un Père Noël enfourcher une grosse cylindrée au lieu d’un traîneau ? Moi, franchement, je n’y aurais jamais cru avant de plonger dans cette histoire qui se déroule chaque année en Normandie. Et pourtant, à Fécamp, c’est devenu une tradition aussi solide que les falaises d’étretat toutes proches.
Imaginez la scène : des centaines de motos rutilantes, décorées de guirlandes, de boules de Noël et de fausses neiges artificielles, pilotées par des barbus en rouge qui klaxonnent joyeusement en distribuant des bonbons aux enfants ébahis sur le bord des routes. Ce n’est pas un film, c’est bien réel, et ça arrive ce samedi encore.
Quand la passion des motos rencontre la générosité la plus pure
Cette parade n’est pas née d’hier. À l’origine, dans les années 70, des milliers de motards se retrouvaient la nuit pour une balade aux flambeaux le long des falaises. L’érosion a eu raison de ce parcours mythique, mais l’esprit, lui, a survécu. Il s’est même bonifié.
Aujourd’hui, l’association des Motards des hautes falaises perpétue la flamme, mais dans les terres du pays de Caux. Et surtout, elle a donné un sens encore plus fort à cette fête : chaque année, la parade est dédiée à un enfant malade de la région.
Léandre, le petit héros de cette édition 2025
Cette année, c’est Léandre qui est au cœur de toutes les attentions. À seulement 9 ans, ce petit bonhomme lutte contre la myopathie d’Ullrich, une forme rare et dégénérative de maladie musculaire. Le genre de pathologie qui vous vole doucement la force, jour après jour.
Mais Léandre, lui, ne se laisse pas abattre. Et quand on voit la mobilisation autour de lui, on comprend pourquoi. Les motards ont décidé de faire de leur parade un immense élan de solidarité pour aider sa famille à affronter le quotidien : aménagements, soins, matériel adapté… tout coûte tellement cher.
« On essaie de faire passer une chouette journée à ce petit bonhomme et à ses parents. »
Le président de l’association, avec une émotion palpable
Et le plus beau ? Léandre sera là, bien au chaud dans un side-car, au milieu de tous ces Pères Noël rugissants. Je vous laisse imaginer le sourire du gamin quand il verra défiler des centaines de motos rien que pour lui.
Un parcours de 58 km à travers le pays de Caux
Le départ est prévu samedi en début d’après-midi depuis Fécamp. Près de 400 motos – le maximum autorisé pour des raisons de sécurité – vont s’élancer pour une boucle qui traversera quatorze communes.
- Départ de Fécamp vers 13h45
- Passage par Saint-Léonard, Froberville, puis direction l’intérieur des terres
- Arrêt festif à Cany-Barville pour se réchauffer (vin chaud, crêpes, musique)
- Retour prévu aux alentours de 16h30
Sur tout le parcours, les spectateurs sont invités à venir nombreux. Les motards distribuent des bonbons, les enfants agitent la main, et surtout, tout le monde peut participer à la cagnotte : 2 € par casque, plus les ventes de boissons chaudes et d’objets décoratifs sur les stands.
À la fin de la journée, la totalité des fonds sera remise à la famille de Léandre. L’an dernier, plusieurs milliers d’euros avaient été récoltés. Cette année, avec la notoriété grandissante de l’événement, on peut espérer encore mieux.
Une tradition qui a su se réinventer
Ce qui me touche particulièrement, c’est la façon dont ce rassemblement a évolué. D’une simple sortie entre passionnés, il est devenu un véritable symbole de générosité. Chaque année, un nouvel enfant est choisi, une nouvelle famille est soutenue.
On pourrait croire que les motards ont une image de gros durs un peu sauvages. Et pourtant, quand on voit ces barbus tatoués se déguiser en Père Noël, décorer leur Harley avec des rennes en peluche et rouler doucement pour ne pas effrayer les enfants, on se dit que les clichés ont parfois du plomb dans l’aile.
D’ailleurs, beaucoup de participants viennent de loin. Il y a les habitués du coin, bien sûr, mais aussi des motards de toute la Normandie, et même d’un peu plus loin, qui bloquent leur week-end de décembre rien que pour ça.
Pourquoi ce genre d’initiative nous fait tant de bien
En cette période de fin d’année, on entend souvent parler de magie de Noël. Eh bien là, on y est en plein dedans. Pas la magie commerciale avec les pubs et les cadeaux hors de prix, non. La vraie. Celle qui fait qu’un gamin malade va passer une journée inoubliable entouré de centaines de personnes qui ne le connaissent même pas mais qui ont décidé de bouger pour lui.
Et puis il y a ce côté intergénérationnel : les anciens qui se souviennent des premières balades aux flambeaux, les jeunes motards qui découvrent la tradition, les enfants sur le bord de la route, les familles qui viennent soutenir… Tout le monde est là.
« Dans sa chambre, il a même des dizaines d’écussons de compagnies de gendarmerie de toute la France »
Preuve que Léandre est déjà un peu le chouchou de tout le monde dans la région. Les gendarmes se mobilisent souvent pour lui, et maintenant c’est au tour des motards.
Comment participer si vous êtes dans le coin
Vous habitez en Seine-Maritime ou vous passez par là ce week-end ? Ne ratez pas ça. Venez simplement vous poster sur le bord de la route avec vos enfants, apportez quelques pièces pour la cagnotte, et vivez un moment qui réchauffe le cœur même s’il fait 5°C dehors.
Et si vous êtes motard et que vous lisez ces lignes un peu tard… eh bien notez-le pour l’année prochaine. Les inscriptions ouvrent généralement très tôt et partent en quelques jours seulement.
L’esprit de Noël, version 1000 cc
Il paraît même qu’un vrai Père Noël – barbe blanche authentique et tout le tralala – se glisse chaque année parmi les participants. Personne ne sait qui c’est, mais il est là, sur sa moto, et il fait un signe particulier à Léandre à chaque édition.
Franchement, si ça ce n’est pas la magie de Noël, je ne sais pas ce qu’il vous faut.
Alors oui, il y aura du bruit, des moteurs qui ronronnent, des klaxons joyeux. Mais derrière chaque casque à pompon, il y a quelqu’un qui a pris une demi-journée pour faire plaisir à un enfant qu’il ne reverra probablement jamais. Et ça, ça vaut tous les cadeaux du monde.
Si vous doutiez encore que l’esprit de Noël existait, venez voir ça samedi à Fécamp. Vous repartirez avec la conviction chevillrée au corps que oui, les hommes sont capables du meilleur. Même quand ils roulent en Harley habillés en rouge.
Et quelque part, entre deux vrombissements de moteur, vous entendrez peut-être le rire de Léandre qui résonne plus fort que tous les pots d’échappement réunis.
