Vous êtes-vous déjà demandé à quel moment une simple balade matinale pouvait basculer en cauchemar en une fraction de seconde ? Mardi 9 décembre, vers 8 h 30, dans le Xe arrondissement de Paris, deux femmes ont vécu exactement cela. Sans aucun mot, sans provocation apparente, un homme les a frappées au visage avec une violence brutale. L’une d’elles s’est retrouvée à l’hôpital. L’histoire est révoltante, et pourtant elle n’est pas si rare qu’on voudrait le croire.
Une matinée qui tourne au drame en quelques minutes
Imaginez la scène. Il fait encore frais, les rues commencent à peine à s’animer autour de la gare du Nord, ce carrefour incessant de voyageurs et de Parisiens pressés. Une première femme marche tranquillement rue du Faubourg-Saint-Martin. Soudain, un coup. Violent. Elle vacille, tombe. Le choc est tel qu’elle met quelques secondes à comprendre ce qui lui arrive. Sonnée, elle trouve refuge dans un café voisin où le patron, chopé par la scène, appelle immédiatement les secours.
Les pompiers constatent deux gros hématomes près de l’œil droit. Direction Lariboisière. Heureusement, son pronostic vital n’est pas engagé, mais le traumatisme, lui, est bien réel.
Pendant ce temps, l’homme continue son chemin comme si on peut appeler ça un chemin. Quelques minutes plus tard, rue de Dunkerque, juste en face de la gare, il récidive. Une deuxième femme prend un coup à la tête. Cette fois, des agents de la Sûreté régionale des transports en civil assistent à la scène. Ils n’hésitent pas une seconde : interpellation à 8 h 45, soit à peine dix minutes après la première agression.
« L’exploitation de la vidéosurveillance a confirmé les coups sur la première victime »
Source judiciaire
La seconde victime, choquée mais sans blessure grave, a tout de même porté plainte. Un geste important, car ces affaires reposent souvent sur la parole des victimes quand les images manquent.
Un profil qui interroge
L’homme interpellé serait, selon les premières constatations, visiblement sans domicile fixe. Un détail qui revient souvent dans ce type d’agressions aléatoires et qui pose une question de société brûlante : comment en est-on arrivé à ce que des personnes en grande précarité se retrouvent à errer ainsi, parfois en crise, au milieu de la foule ?
Autre élément : lors de sa garde à vue, la notification de ses droits a dû être différée le temps de trouver un interprète en langue afghane. On ignore encore s’il maîtrise le français, s’il comprend où il se trouve, ou même pourquoi il a agi. Ces zones d’ombre rendent l’affaire encore plus troublante.
Je ne vais pas vous mentir : en lisant ce genre de récit, on sent une colère sourde monter. Pas seulement contre l’auteur – même si, évidemment – mais contre tout un système qui semble laisser des failles béantes.
La gare du Nord, un quartier sous tension permanente
Ce n’est pas la première fois que le secteur fait parler de lui. Entre trafics en tout genre, consommation de crack à ciel ouvert ces dernières années, et sentiment d’insécurité grandissant, la gare du Nord et ses abords concentrent beaucoup de détresses. Les habitants et les commerçants du coin le disent depuis longtemps : on a l’impression que l’État a abandonné le terrain.
Et pourtant, des patrouilles passent. Des caméras filment. Des agents en civil veillent. Cette fois, d’ailleurs, c’est grâce à eux que l’homme a été stoppé net. Mais combien d’autres situations échappent encore au radar ?
- Augmentation des signalements d’agressions gratuites ces dernières années
- Présence massive de personnes en situation de grande précarité
- Saturation des services d’urgence psychiatrique
- Manque criant de structures d’accueil adaptées
Ces quatre points reviennent sans cesse dans les discussions avec les riverains. Et franchement, on comprend leur exaspération.
L’agression aléatoire, ce phénomène qui terrorise
Ce qui glace le plus dans cette histoire, c’est l’absence totale de mobile. Pas de vol, pas d’insulte préalable, pas de regard de travers. Juste une violence soudaine, gratuite, imprévisible. C’est exactement ce qui rend ces actes si terrifiants : n’importe qui peut être la prochaine victime.
Psychologues et criminologues parlent parfois de « passage à l’acte impulsif » lié à une souffrance psychique non traitée, à des troubles addictifs ou à un sentiment d’abandon total. Mais derrière les explications, il reste cette réalité brutale : des femmes (et parfois des hommes) se retrouvent avec le visage tuméfié parce qu’elles étaient au mauvais endroit au mauvais moment.
Et nous, on se demande tous la même chose : jusqu’à quand ?
Que faire concrètement ?
On peut toujours pointer du doigt la police, la justice, la mairie, l’État… Et ils ont tous leur part de responsabilité, soyons clairs. Mais il faut aussi parler solutions.
- Renforcer les maraudes mixtes (sanitaires + sociales + police) dans les zones sensibles
- Développer des unités mobiles de psychiatrie de rue
- Créer des places d’hébergement d’urgence spécialisées pour les personnes en crise psychiatrique
- Former davantage les agents de sécurité et les commerçants à repérer les signaux avant-crise
- Installer plus de caméras… mais surtout exploiter vraiment les images en temps réel
Certaines villes européennes y arrivent mieux que nous. À Lisbonne ou à Helsinki, par exemple, les programmes de « housing first » couplés à un suivi psychiatrique intensif ont fait chuter drastiquement ce type d’incidents. Chez nous, on préfère souvent le tout-répressif. Résultat ? On court après le problème au lieu de le prévenir.
Et nous, dans tout ça ?
On peut se sentir impuissants, et c’est normal. Mais il y a des gestes simples :
- Signaler immédiatement tout comportement inquiétant (application SAIP ou 17)
- Ne pas hésiter à témoigner, même des mois après (les images de vidéosurveillance sont parfois conservées)
- Soutenir les associations qui bossent sur le terrain (Emmaüs, Samu social, etc.)
- Parler autour de soi, refuser la résignation
Parce que oui, ces deux femmes auraient pu être votre sœur, votre fille, votre collègue. Ou vous.
Cette agression près de la gare du Nord n’est pas qu’un fait divers de plus. C’est un signal d’alarme. Un de plus. Espérons qu’un jour, on finira par vraiment l’écouter.
Prenez soin de vous là dehors.
