Vous est-il déjà arrivé de pester devant un feu rouge alors que la route était totalement déserte ? Moi, oui, trop souvent. Et puis un jour, en traversant une petite commune du Val-d’Oise, j’ai vu quelque chose d’étrange : le feu est passé au vert pile au moment où j’arrivais… alors que j’étais à 48 km/h dans une zone 50. Coïncidence ? Pas du tout. Bienvenue dans l’ère des feux récompenses.
Le principe est d’une simplicité diabolique
Le feu reste rouge par défaut. Mais dès qu’un véhicule approche en respectant la vitesse autorisée (généralement 50 km/h en agglomération), un détecteur le capte et déclenche le passage au vert en quelques secondes. Trop vite ? Vous poireautez comme tout le monde. Respectez la limite ? Vous êtes récompensé immédiatement.
Pas de flash, pas de PV, pas de stress. Juste une petite carotte lumineuse qui flatte l’ego du conducteur vertueux. Et franchement, ça marche bien mieux que le bâton.
Un dispositif déjà bien implanté dans le département
Le conseil départemental du Val-d’Oise a commencé à déployer ces feux il y a quelques années. Aujourd’hui, on en compte une dizaine, principalement en entrée ou sortie d’agglomération, sur des axes droits où la tentation d’accélérer est grande.
Le financement ? Astucieux : il provient directement du produit des amendes de circulation. En clair, l’argent des contraventions sert à récompenser ceux qui respectent le code. On frôle la poésie administrative.
« Depuis l’installation, c’est le jour et la nuit. Les gens ralentissent naturellement, sans même s’en rendre compte parfois. »
Un riverain habitant à deux pas d’un de ces feux
Parmain, le laboratoire grandeur nature
La commune de Parmain concentre à elle seule trois de ces dispositifs. Et les résultats parlent d’eux-mêmes. Sur l’un des axes équipés, la vitesse moyenne de vitesse est passée de 58 km/h à 49 km/h en moins de six mois. Les pointes à plus de 70 km/h ? Quasi disparues.
Mieux : le nombre d’accidents avec blessés a chuté de 40 %. Quand on sait qu’un excès de vitesse est en cause dans un accident mortel sur trois en France, ces chiffres donnent le vertige (sans jeu de mots).
- Vitesse moyenne : –9 km/h
- Excès > 20 km/h : –85 %
- Accidents corporels : –40 %
- Bruit perçu par les riverains : fortement réduit
Et le plus fou ? Les conducteurs ne râlent même pas. Au contraire, beaucoup trouvent ça… amusant. Comme un petit jeu avec la route.
Pourquoi ça fonctionne si bien ?
Parce que ça joue sur la psychologie humaine, tout simplement. On déteste être puni, mais on adore être récompensé. Un feu qui passe au vert, c’est une petite victoire personnelle. Un shot de dopamine gratuit.
Ajoutez à ça l’effet de surprise la première fois (« Attends, il a passé au vert juste pour moi ? ») et vous obtenez un changement de comportement durable. J’ai vu des chauffards notoires se transformer en grands-mères au volant dès qu’ils ont compris le principe.
« Au début on râle, on trouve ça idiot. Et puis on se prend au jeu. Maintenant je ralentis même quand je suis seul sur la route. C’est con, mais ça marche. »
Un habitant repentant
Et les motards dans tout ça ?
Bonne question. Les motos sont détectées sans problème grâce aux boucles magnétiques classiques. Et figurez-vous que les motards adorent. Parce que pour eux, passer au vert sans s’arrêter, c’est encore plus agréable qu’en voiture : pas besoin de remettre les pieds au sol.
Résultat : même les plus nerveux de la poignée calment le jeu. Incroyable mais vrai.
Comparaison avec les autres méthodes : le match parfait
On a tout essayé pour faire ralentir les Français : dos d’âne, chicanes, radars répressifs, panneaux « Votre vitesse » qui vous culpabilisent… Rien n’a jamais été aussi efficace que la récompense.
| Méthode | Efficacité | Acceptabilité | Coût |
| Dos d’âne | Moyenne | Faible (usure véhicules) | Élevé |
| Radar répressif | Forte localement | Très faible | Moyen |
| Chicanes | Moyenne | Moyenne | Élevé |
| Feu récompense | Très forte | Excellente | Moyen |
Le feu récompense gagne sur presque tous les tableaux. Et en plus, il ne abîme pas les suspensions.
Les limites du système (parce qu’il en faut bien)
Soyons honnêtes : ce n’est pas la solution miracle partout. Sur des axes très fréquentés ou avec des carrefours complexes, ça devient compliqué à mettre en place. Et puis certains petits malins tentent de rouler à 30 km/h très loin pour « charger » le feu… mais le système est calibré pour éviter ce genre de triche.
Autre point : il faut une ligne droite d’au moins 150-200 mètres pour que le détecteur fasse correctement son travail. Pas idéal dans les centres-villes historiques.
Mais franchement ? Ce sont des détails. L’idée est tellement bonne qu’on se demande pourquoi on n’a pas pensé à ça plus tôt.
Et demain ?
Plusieurs départements regardent le Val-d’Oise avec envie. Des essais sont en cours dans les Yvelines, dans l’Essonne, et même à l’étranger (les Belges et les Néerlandais testent aussi). L’idée fait son chemin.
Personnellement, je rêve du jour où tous les feux inutiles la nuit ou hors heures de pointe fonctionneront comme ça. Imaginez : plus jamais d’arrêt à un feu rouge à 3 heures du matin parce que « c’est comme ça ». Juste du bon sens et un peu de technologie bien utilisée.
En attendant, si vous passez dans le Val-d’Oise, tentez l’expérience. Ralentissez un peu avant le feu. Et savourez ce petit moment de fierté quand le vert s’allume rien que pour vous.
Parce qu’au fond, on a tous envie d’être récompensés. Même pour respecter le code de la route.
Et vous, vous laisseriez-vous tenter par ces feux malins ? Dites-le moi en commentaire, j’ai hâte de connaître votre avis !
