Vous êtes déjà tombé sur ces petites cartouches argentées dans un bureau de tabac ou en faisant vos courses ? Moi, la première fois, j’ai cru que c’était juste pour les siphons à chantilly. Et puis j’ai vu des ados en inspirer le contenu dans des ballons sur Snapchat. Franchement, ça m’a fait un choc. Ce gaz incolore que tout le monde appelle « proto » ou « gaz hilarant » est devenu en quelques années la nouvelle star des soirées. Sauf que le rire ne dure pas longtemps.
Un arrêté qui tombe à pic avant les fêtes
Le 10 décembre 2025 au soir, la préfecture de la Marne a sorti l’artillerie lourde : à partir de maintenant et jusqu’au 31 janvier 2026, impossible d’acheter du protoxyde d’azote entre 20 heures et 8 heures du matin. Et attention, ça ne concerne pas que la vente. Transporter des bouteilles dans la rue pour « un usage détourné », gonfler des ballons en soirée ou même jeter ses cartouches vides par terre, tout ça peut vous coûter très cher.
Pourquoi maintenant ? Parce que Noël et le Nouvel An, c’est précisément la période où les jeunes consomment le plus. Et les urgences le savent mieux que personne.
Ce que dit exactement l’arrêté (et ce qui est encore autorisé)
L’arrêté est plutôt clair, et franchement assez malin dans sa formulation. Voici les points clés :
- Vente totalement interdite de 20 h à 8 h, même pour les petites cartouches de 8,6 g maximum
- Les bars et tabacs n’ont plus le droit d’en vendre du tout, jour et nuit
- Transport et consommation dans l’espace public strictement interdits (cartouches, ballons ou grosses bouteilles)
- Jeter une cartouche vide dans la rue = contravention de 3e ou 4e classe (68 € à 750 €)
- Les pros (restaurateurs, pâtissiers) peuvent toujours s’approvisionner en journée avec justificatif
En gros, si tu veux faire ta crème chantilly maison à 22 heures, tu attends le lendemain matin. Et si tu veux « t’éclater » avec tes potes, tu risques gros.
Mais… c’est vraiment si dangereux que ça ?
À ce stade, certains vont lever les yeux au ciel : « C’est bon, c’est juste pour rigoler cinq minutes ». Sauf que non. Pas du tout.
Le protoxyde d’azote (N₂O) coupe l’arrivée d’oxygène au cerveau quand on l’inhale pur. À court terme, ça donne l’impression d’être ivre, des éclats de rire incontrôlables, des hallucinations légères. Sympa, non ? Le problème, c’est que ça peut aussi provoquer des pertes de connaissance brutales, des chutes, des malaises cardiaques.
Et à long terme ? Là, c’est une autre paire de manches. Atteintes neurologiques graves, paralysies, troubles de la marche, lésions de la moelle épinière… J’ai lu des témoignages de jeunes de 20-25 ans qui se retrouvent en fauteuil après quelques mois de consommation régulière. Ça calme.
« On m’avait prévenu, mais je pensais que ça n’arrivait qu’aux autres. Aujourd’hui je ne sens plus mes jambes. »
Témoignage d’un jeune homme de 25 ans devenu tétraplégique après un usage intensif
Des chiffres qui font froid dans le dos
En 2023, les centres antipoison et de pharmacovigilance ont reçu plus de 777 signalements liés au protoxyde d’azote. C’est énorme quand on sait qu’en 2018 on en était à peine à une poignée. Et ces chiffres ne prennent en compte que les cas déclarés. La réalité est probablement bien pire.
Et puis il y a les accidents de la route. Récemment, dans le Gard, trois jeunes ont perdu la vie dans un accident. Deux d’entre eux avaient consommé du proto. Le conducteur avait le sourire figé et les yeux vitreux. Les pompiers ont retrouvé des dizaines de cartouches dans la voiture.
Dans la Marne même, on se souvient de cette soirée sur la place d’Erlon à Reims où un homme complètement défoncé au proto a agressé un agent de sécurité avec… une bouteille de gaz. Le genre d’histoire qui fait réaliser qu’on n’est plus dans le « petit délire entre amis ».
Pourquoi c’est si facile d’en trouver ?
La loi de 2021 interdit déjà la vente aux mineurs. Super. Sauf que n’importe qui peut entrer dans une grande surface et repartir avec un pack de 50 cartouches à 30 €. Ou commander des bouteilles de plusieurs kilos sur internet en deux clics.
Le pire ? Certains sites livrent même en 24 h avec des noms genre « Gaz pour cuisine » ou « Accessoires pâtisserie ». Et les livreurs ne posent jamais de questions.
Résultat : le proto est devenu la drogue festive la moins chère et la plus accessible du marché. Moins chère qu’une pinte dans certains bars.
Et les autres départements voisins, ils font quoi ?
La Marne n’est pas la première à dégainer. D’autres préfectures avaient déjà pris des arrêtés similaires pendant les vacances d’été ou les festivals. Mais là, on parle d’une mesure qui court jusqu’à fin janvier, donc bien au-delà des fêtes.
Certains y voient un signal fort envoyé à l’échelle nationale. Parce que soyons honnêtes : si ça marche dans la Marne, d’autres départements risquent de suivre rapidement.
Ce que j’en pense personnellement
Je ne vais pas jouer les moralistes, j’ai été jeune aussi. Mais là, on touche à un vrai problème de santé publique. Interdire totalement la vente aux particuliers, comme certains le réclament ? Peut-être pas réaliste. Mais limiter les horaires et taper fort sur l’usage dans l’espace public, ça me semble être un bon compromis.
Parce que le jour où ton petit frère ou ta meilleure amie se retrouve aux urgences avec une bouteille d’oxygène sur le nez, le « c’est juste pour rire » ne passe plus du tout.
Et vous, vous en pensez quoi ? Vous avez déjà vu des soirées où on consommait du proto ? Dites-moi en commentaire, je suis curieux d’avoir vos retours.
En attendant, si vous êtes dans la Marne, respectez l’arrêté. Ce n’est pas juste une histoire de contravention. C’est une histoire de vies sauvées. Joyeuses fêtes… mais en sécurité.
