Imaginez la scène : il est une heure du matin, la nationale est presque déserte, et soudain une petite Citroën C3 surgit de nulle part, lancée à plus de 160 km/h. Les policiers qui la prennent en chasse n’en croient pas leurs yeux. Ce qui va suivre ressemble à un mauvais film d’action… sauf que tout est vrai, et que la fin est encore plus dingue.
Une nuit qui tourne au cauchemar sur la RN3
Tout commence devant le domicile des parents d’une ex-compagne, quelque part dans l’agglomération de Claye-Souilly. L’homme, la trentaine, est déjà bien éméché. Il tambourine sur le portail, hurle dans la rue, donne des coups de pied dans la grille. Problème : une décision de justice datant de 2023 lui interdit formellement de s’approcher de ces personnes et même de remettre les pieds en Seine-et-Marne. Autant dire qu’il n’aurait jamais dû être là.
Les voisins appellent la police. Les fonctionnaires arrivent rapidement. Mais au lieu de se laisser contrôler, le conducteur démarre en trombe et s’engage sur la RN3 direction plein nord. Là, c’est le festival : 160 km/h en agglomération, feux rouges brûlés, dépassements par la droite, et même un passage à contresens alors que des véhicules arrivent en face. Les policiers, eux, restent à distance raisonnable – on ne joue pas sa vie pour un chauffard.
La course folle s’arrête net quand le fuyard perd le contrôle de sa Citroën et termine sa trajectoire… dans l’enceinte d’une maison de retraite. Le mur d’enceinte encaisse le choc, la voiture finit emboutie, et le conducteur, sonné, est extrait du véhicule. Bilan : pas de blessé grave parmi les résidents (Dieu merci), mais une frayeur monumentale pour tout le monde.
Un casier déjà bien rempli et une interdiction ignorée
Quand on regarde le parcours judiciaire du bonhomme, on comprend mieux pourquoi il a préféré jouer les pilotes de rallye plutôt que de se laisser interpeller calmement. Seize condamnations précédentes, pour des faits variés mais souvent liés à la violence ou aux stupéfiants. Et surtout cette fameuse interdiction de paraître en Seine-et-Marne, décidée après des menaces répétées envers son ex-conjointe et sa belle-famille.
Au tribunal, il a tenté la carte de la victimisation : « J’ai eu peur de retourner en prison », a-t-il répété plusieurs fois depuis le box. Il a aussi contesté presque point par point le procès-verbal des policiers, allant jusqu’à affirmer que sa fracture orbitale venait… de coups portés par les forces de l’ordre. Version que personne n’a vraiment cru, surtout pas la présidente qui a gentiment rappelé qu’on ne se fracture pas l’orbite en tombant tout seul après une course-poursuite.
« Quel était le but de votre venue ? Vous ne pouviez pas attendre une décision du juge aux affaires familiales ? »
– La présidente Marie Troussard, lors de l’audience
Parce que derrière le rodéo nocturne, il y a aussi une histoire familiale compliquée. Le prévenu voulait voir son enfant. Compréhensible sur le plan humain, mais totalement inacceptable quand on passe par des menaces et des violations répétées d’une décision de justice.
Une dangerosité qui ne fait plus débat
La substitute du procureur n’y est pas allée avec le dos de la cuillère : intolérance totale à la frustration, incapacité chronique à respecter les décisions de justice, mise en danger délibérée d’autrui. Elle a requis dix-huit mois ferme avec mandat de dépôt. L’avocat de la défense a plaidé la semi-liberté, en insistant sur le fait que son client « ne voulait de mal » à la famille de son ex.
Le tribunal a tranché au milieu : quinze mois de prison ferme, plus la révocation de six mois d’une ancienne peine avec sursis. Soit vingt-et-un mois au total, avec incarcération immédiate. Le message est clair : quand on cumule les infractions graves et qu’on refuse d’apprendre, la tolérance arrive à son terme.
La RN3, cette route qui cumule les faits divers
Franchement, la RN3 entre Meaux et Claye-Souilly commence à se faire une spécialité des rodéos nocturnes. On se souvient de plusieurs courses-poursuites ces dernières années, souvent avec des véhicules volés ou des conducteurs sans permis. La portion est droite, large, peu surveillée la nuit… un terrain de jeu idéal pour ceux qui veulent tester les limites de leur voiture et de la chance.
Mais là où ça devient vraiment inquiétant, c’est quand ces fuites à tombeau ouvert traversent des zones résidentielles ou passent à côté d’établissements sensibles comme cette maison de retraite. Un écart de trajectoire, un véhicule en face qui ne s’attendait pas à voir débouler une furie à 160 km/h, et on parlait de drame.
- Refus d’obtempérer aggravé
- Conduite sous l’empire d’un état alcoolique
- Mise en danger de la vie d’autrui
- Conduite malgré annulation du permis
- Violation d’une interdiction de paraître sur le département
- Injures et menaces réitérées
Autant de chefs d’accusation qui, mis bout à bout, expliquent la fermeté de la peine.
Et maintenant ?
Vingt-et-un mois, c’est long et court à la fois. Long pour celui qui va les passer derrière les barreaux, court quand on pense au risque qu’il a fait courir à des dizaines de personnes cette nuit-là. Reste à espérer que cette fois, le message passe. Parce que les antécédents montrent une chose : certains ne comprennent vraiment qu’une seule langue, celle de la fermeté judiciaire.
En attendant, les habitants de Claye-Souilly et des environs vont continuer à emprunter la RN3 avec, peut-être, un petit regard inquiet dans le rétroviseur quand une voiture surgit trop vite dans la nuit. On ne sait jamais.
Parce que malheureusement, ce genre d’histoire a toutes les chances de se répéter tant que certains refuseront de comprendre que la route n’est pas un terrain de jeu et que la justice, même lente, finit toujours par rattraper ceux qui la narguent.
