Il y a des moments où on sent que quelque chose de grand se prépare. Hier matin, dans le froid humide du Nord, un gamin de 22 ans a pris le micro devant des centaines de personnes et a lâché une phrase toute simple qui résume tout : « Cette année, l’objectif c’est de gagner une course. » Pas le Tour, pas un classement général ou un maillot distinctif. Juste lever les bras. Une fois. Ça paraît peu, et pourtant ça dit tout de la maturité de Paul Seixas.
Paul Seixas ne veut plus attendre son tour
Franchement, quand on voit le parcours du bonhomme ces deux dernières saisons, on pourrait croire qu’il a déjà tout gagné. Des podiums sur des courses WorldTour, des top 10 qui font baver les directeurs sportifs et observateurs, une régularité impressionnante pour son âge. Et pourtant, il n’a jamais franchi la ligne en premier chez les pros. C’est cette petite frustration qui le pousse aujourd’hui.
Je me souviens encore de sa fin de saison 2025 : présent sur presque toutes les grandes courses d’août à octobre, toujours placé, souvent dans les 15, parfois dans les 5, mais jamais sur la plus haute marche. À force, ça use. Lui le premier le reconnaît sans détour.
« C’est un peu la seule frustration de l’année dernière, de ne pas avoir levé les bras. »
Un programme taillé pour la victoire dès le printemps
Contrairement à beaucoup de jeunes qui se précipitent sur le Tour de France pour « faire l’expérience », Seixas a choisi une autre voie. Son printemps 2026 s’annonce chargé, mais cohérent :
- Strade Bianche (début mars)
- Les classiques flandriennes en soutien
- Milan-San Remo ou Tirreno-Adriatico selon la forme
- Et surtout Liège-Bastogne-Liège comme gros objectif d’avril
Liège, c’est la Doyenne, c’est la course qui a couronné des légendes. C’est aussi une classique qui peut sourire aux puncheurs-grimpeurs comme lui. Et surtout, c’est une course où on peut gagner sans être leader unique d’équipe. Parfait pour un garçon qui veut d’abord penser à lui avant de penser au collectif.
D’ailleurs, le fait que Felix Gall, habituel leader pour le général, se concentre sur Giro et Vuelta ouvre un boulevard. Mais attention, Seixas refuse de voir les choses comme ça :
« La réflexion ne sera pas en fonction des coureurs qui seront alignés dans l’équipe. Pour l’instant, je veux vraiment gagner. »
Tour de France ? On verra plus tard
Évidemment, la question qui brûle toutes les lèvres depuis des mois est revenue sur la table. Tour ou pas Tour en juillet ? La réponse est… qu’il n’y a pas encore de réponse. Et ça, c’est déjà une petite révolution dans le cyclisme français où on a trop souvent brûlé les étapes avec les jeunes talents.
Seixas, lui, met le Tour de côté. Pas par peur, pas par manque d’ambition. Juste par réalisme et envie de construire quelque chose de durable. Il sait que son corps de 22 ans a encore besoin de progresser sur les efforts de trois semaines. Et surtout, il refuse de faire du Tour une obsession qui pourrait lui pourrir la saison.
Dans le peloton, on commence à saluer cette maturité. Un directeur sportif expérimenté me glissait récemment : « Enfin un gamin qui ne pense pas qu’à la photo sur les Champs en jaune. Il veut d’abord gagner, peu importe où. C’est comme ça qu’on construit des carrières longues. »
Nice, soleil et nouvelles habitudes
Autre grand changement cet hiver : il a quitté le nid familial pour s’installer à Nice. Fini les sorties dans le brouillard à 3°C. Bonjour les cols sous le soleil et 15°C en décembre. Un choix qui peut paraître anodin, mais qui change tout dans la vie d’un cycliste pro.
Quand tu passes l’hiver à rouler avec le sourire plutôt que de te geler les doigts, la motivation n’est plus la même. Et puis Nice, c’est aussi la proximité avec les meilleurs terrains d’entraînement, les stages avec l’équipe, la vie méditerranéenne qui détend.
Il le dit lui-même avec une pointe de malice :
« À Nice, on a le soleil, quinze degrés. Franchement, quand on veut mettre tout en place pour réussir, c’est quand même important d’avoir les bonnes conditions. »
Et si 2026 était l’année de l’explosion ?
Regardons les choses en face : Paul Seixas a déjà le niveau pour gagner. Il lui manque juste ce petit déclic, cette course où tout va s’aligner, où il va sentir qu’il peut suivre les meilleurs jusqu’au bout et les battre au sprint ou en solitaire.
Liège-Bastogne-Liège pourrait être ce déclic. Ou une semi-classique belge. Ou même une étape sur un tour de semaine. Peu importe. Ce qui compte, c’est qu’il sente qu’il a franchi un cap.
Car derrière, il y a tout le reste. Un potentiel énorme sur les courses par étapes d’une semaine, une capacité à suivre les meilleurs grimpeurs sur 15-20 minutes, une récupération qui semble excellente. Tout ce qu’il faut pour devenir, à terme, un candidat sérieux aux grands tours.
Mais pour l’instant, il ne veut pas entendre parler de ça. Il veut juste gagner une course. Une seule. Et franchement, on a tous envie de voir ça arriver vite.
Parce que quand un talent comme Paul Seixas va enfin lever les bras, ça risque de faire beaucoup de bruit dans le peloton. Et peut-être que 2026 sera l’année où le cyclisme français trouvera enfin son nouveau leader pour la décennie à venir.
En attendant, on va suivre ça de très près. Et quelque chose me dit que la première victoire ne va pas tarder.
Allez Paul, fais-nous rêver en 2026.
