Franchement, quand on parle de retraites en France, on pense immédiatement aux manifs, aux grèves, aux 49.3 qui pleuvent comme à Gravelotte. Et puis, un beau matin de décembre, on apprend presque en catimini que les anciens députés, eux, vont voir leur pension gelée l’année prochaine. 800 000 euros d’économies. Pas de quoi combler le trou de la Sécu, évidemment, mais le symbole est là, brut, presque touchant dans sa modestie.
J’ai eu un petit sourire en coin en découvrant la nouvelle. Parce que, soyons honnêtes, on a tous en tête l’image du parlementaire qui cumule les mandats et finit avec une retraite en or. Et là, patatras : même eux serrent la vis. Ou plutôt, on la leur serre.
Un gel voté à l’unanimité : le détail qui interpelle
Mercredi soir, le bureau de l’Assemblée nationale – cette instance un peu mystérieuse où siègent la présidente, les vice-présidents, les questeurs et les secrétaires – a pris une décision rare : pas de revalorisation des pensions des anciens députés au 1er janvier 2026. Point final.
Ce qui m’a scotché ? L’unanimité. Pas une voix contre. Même les questeurs, pourtant souvent regardants sur le budget de la maison, ont validé sans broncher. Et surtout, l’association des anciens députés a été consultée… et a dit oui tout de suite.
« On a un statut autonome, notre propre sécurité sociale, et notre propre système de retraite »
Une questrice de l’Assemblée, confirmant la spécificité du régime
Autrement dit : le gouvernement ne pouvait pas toucher à ces pensions par un simple article du PLFSS. Il fallait que l’Assemblée se l’auto-impose. Et elle l’a fait.
800 000 euros : peanuts ou symbole fort ?
On va être clair : 800 000 euros dans un budget de l’État qui flirte avec les 600 milliards de dépenses, c’est une goutte d’eau. À peine le prix de quelques ronds-points repeints en bleu-blanc-rouge.
Mais politiquement ? C’est énorme.
Parce que pendant que le gouvernement essayait (et échouait) à geler les retraites de base et les minima sociaux via le projet de loi de financement de la Sécurité sociale, l’Assemblée s’est dit : « Bon, on va montrer l’exemple. » Un peu comme le prof qui se met au coin avec les élèves pour montrer qu’il est solidaire.
- Le gel concerne toutes les pensions des anciens députés (pas de distinction selon l’ancienneté ou le nombre de mandats)
- Pas de revalorisation sur l’inflation prévue en janvier 2026
- Économie estimée : environ 800 000 € sur l’année pleine
- Décision prise à l’unanimité du bureau
- Acceptation immédiate de l’association des anciens parlementaires
Le régime spécial des députés : rappel des faits
Il faut le dire, le système de retraite des parlementaires a toujours fait grincer des dents. Et pour cause.
Avant 2010, c’était le festival : cotisation pendant 22,5 ans seulement pour une retraite pleine, double pension possible si cumul avec un autre régime, etc. Depuis la réforme Fillon, les règles se sont rapprochées du privé… mais pas totalement.
Aujourd’hui, un député cotise sur ses indemnités (7 493 € brut mensuels) et verse une cotisation supplémentaire volontaire pour la retraite par capitalisation. Résultat : les pensions varient énormément. Certains touchent 700 € par mois, d’autres plus de 6 000 €. Et oui, il y a encore des doubles pensions pour ceux qui ont eu une carrière avant 2018.
Moralité ? Le gel touche surtout les plus grosses pensions. Les petites, elles, étaient déjà en dessous du seuil de pauvreté pour certaines.
Un contexte budgétaire explosif
Remettons les choses en perspective. On est en décembre 2025. Le déficit public frôle les 6 % du PIB. Le PLFSS vient de se prendre un mur à l’Assemblée. Le gouvernement cherche des économies partout, même dans les coussins du canapé.
Et là, miracle : l’Assemblée propose elle-même une mesure d’économie. Sur ses propres anciens.
C’est presque trop beau. On dirait une opération de communication parfaitement rodée. Sauf que… ça vient vraiment des questeurs. Et que les anciens députés ont dit oui.
Ils l’ont tout de suite acceptée.
Source parlementaire sur la réaction de l’association des anciens députés
Franchement, j’ai du mal à y croire. Des anciens élus qui acceptent de perdre du pouvoir d’achat sans broncher ? Soit ils sont vraiment patriotes, soit leurs pensions sont tellement confortables que 2-3 % d’inflation en moins, ça ne change rien à leur train de vie.
Et les Français dans tout ça ?
La question qui brûle les lèvres : est-ce que ce geste va calmer la grogne populaire sur les retraites ? Clairement non.
Parce que 800 000 €, rapportés aux 15 milliards de déficit de la branche vieillesse, c’est ridicule. Et puis, il y a un goût amer : pourquoi les anciens députés ont-ils encore un régime spécial en 2025 ? Pourquoi pas une fusion totale avec le régime général depuis longtemps ?
J’ai discuté avec un ancien collaborateur parlementaire qui m’a lâché, off the record : « Tu sais combien touchent certains anciens présidents de commission ? Tu pleurerais. »
Le gel de 2026, c’est un pansement sur une jambe de bois.
Ce que ça dit de l’ambiance au Palais Bourbon
Ce qui m’intéresse le plus, c’est l’ambiance que ça révèle.
On sent une forme de résignation. Même les parlementaires savent que l’argent manque. Que les Français n’accepteront plus les privilèges flagrants. Que l’image du « tous pourris » colle à la peau.
Alors on fait un geste. Petit, mais visible. Un peu comme quand on éteint la lumière en partant pour faire des économies d’énergie. Sauf qu’on laisse le chauffage à fond.
Et après ? Vers une disparition des régimes spéciaux parlementaires ?
Soyons réalistes : ce gel est probablement reconductible. Voire le début de quelque chose de plus grand.
Plusieurs députés de tous bords murmurent déjà que le régime autonome des parlementaires a vécu. Qu’il faut aller vers une fusion totale. Que c’est la seule solution pour retrouver la confiance.
Après tout, si même les anciens acceptent un gel sans sourciller, pourquoi maintenir un système à part ?
À mon avis, on assiste au début de la fin d’un symbole. Lentement, mais sûrement.
Conclusion : un geste nécessaire, mais largement insuffisant
Alors oui, saluons le geste. 800 000 euros, c’est toujours ça de pris. Et l’unanimité, l’acceptation des anciens, ça force le respect.
Mais ne nous mentons pas : ce n’est qu’une goutte d’eau dans l’océan du déficit. Le vrai courage serait de s’attaquer enfin, vraiment, aux privilèges qui restent. De fusionner les régimes. De montrer que les élus vivent sous les mêmes règles que ceux qui les élisent.
En attendant, le gel des retraites des anciens députés restera ce qu’il est : un symbole. Touchant par sa modestie. Et terriblement révélateur de l’état de nos finances publiques.
Et vous, vous en pensez quoi ? Est-ce un premier pas sincère ou juste une opération de com’ ? Les commentaires sont ouverts.
