Imaginez un peu la scène : vous êtes en train de courir après un suspect dans les rues de l’Est de la France, le cœur qui cogne, l’adrénaline à bloc… et le soir même, vous rentrez chez vous pour dresser une pièce montée à huit étages qui doit tenir jusqu’au lendemain. C’est la vie de Margot, 33 ans, tout juste sacrée grande gagnante de la saison 14 du concours de pâtisserie le plus suivi à la télé française. Et pourtant, elle le dit sans détour : non, elle ne quittera pas la police. Jamais.
Quand on découvre son parcours, on comprend vite pourquoi elle a survolé la finale. Ce n’est pas seulement une question de crème fouettée parfaite ou de glaçage miroir irréprochable. C’est une question de mental d’acier. Et ça, elle l’a forgé bien avant de mettre un tablier.
Une gagnante qui n’a rien d’ordinaire
Jeudi soir, des millions de téléspectateurs ont vu Margot lever le trophée sous les applaudissements. Favorite dès le début, elle n’a jamais vraiment tremblé. Mais derrière le sourire éclatant et les gâteaux magnifiques, il y a une histoire qui mérite qu’on s’y arrête.
À 33 ans, elle attend son premier enfant pour avril, va se marier avec un collègue policier et continue, sans l’ombre d’une hésitation, à répondre aux appels du 17. La pâtisserie ? Une passion venue sur le tard, presque par hasard, quand elle s’est retrouvée mutée loin de tout et qu’il a fallu occuper les soirées.
Du fleuret au képi : un parcours qui donne le vertige
Retour en arrière. Margot grandit à Aix-en-Provence. À 3 ans déjà, elle tient un fleuret. Hyperactive, disent ses parents. L’escrime devient vite toute sa vie. Elle grimpe, grimpe, jusqu’à intégrer le top 10 national. Les compétitions internationales s’enchaînent… jusqu’à la blessure qui stoppe tout net. Coup dur. À 20 ans, elle doit tout reconstruire.
Direction les études. École d’ingénieur, alternance dans le nucléaire. Sérieux, carré, impressionnant. Mais quelque chose manque. Le terrain. Les gens. L’adrénaline vraie. Alors elle passe le concours de la police. Et là, bingo : elle se reconnaît enfin.
« Je me suis rendu compte que j’étais policière depuis que j’étais petite. J’ai toujours défendu la veuve et l’orphelin, j’ai toujours été la justicière du groupe. J’étais faite pour ça. »
Margot
Aujourd’hui, elle est dans le service police-secours. Celui qui répond quand vous composez le 17. Celui où il n’y a jamais de journée calme.
Et la pâtisserie dans tout ça ?
C’est arrivé il y a quatre ans, après une mutation dans l’Est. Seule, loin de la famille et des amis d’enfance, elle regarde des vidéos de pâtisserie le soir pour décompresser. Un gâteau raté, puis deux, puis dix. Et soudain, ça devient sérieux. Ses collègues deviennent cobayes. Ils valident. Ils encouragent. « Vas-y, tente le concours télé ! » qu’ils lui disent entre deux cafés au commissariat.
Elle tente. Elle passe les castings. Et elle se retrouve sous les projecteurs, enceinte de quelques semaines (elle l’apprendra juste après la finale), à réaliser des desserts d’un niveau jamais vu dans l’émission.
Le secret de sa victoire ? Le mental de flic
Quand on lui demande ce qui a fait la différence, elle ne parle pas de recettes. Elle parle endurance. Quatorze semaines de compétition, plus de deux mois de tournage, des journées de 16 heures, la fatigue, le stress, les caméras… Elle compare ça à son métier.
- Gestion de la pression ? Appris sur le terrain.
- Réactions à chaud face à l’imprévu ? Pareil.
- Rester calme quand tout s’écroule (un entremets qui retombe ou un suspect qui s’énerve) ? Même combat.
Elle le dit elle-même : 50 % vient de son passé de sportive de haut niveau, 50 % de son quotidien de policière. Le reste ? Une envie farouche d’aller au bout, surtout pour la dernière saison où la jurée historique tirait sa révérence.
« Oui, on me reconnaît au supermarché »
Depuis la diffusion, c’est un peu la folie douce. Ses collègues se font interpeller dans la rue : « C’est pas la fille du commissariat qui fait des gâteaux à la télé ? » Elle, en civil, au rayon fruits et légumes, sent les regards. Les gens hésitent, puis finissent par envoyer un message sur les réseaux : « Je vous ai vue à Carrefour tout à l’heure ! »
Pour l’instant, la grossesse l’a mise en retrait du terrain. Paperasse, bureaux, calme relatif. Mais elle sait qu’elle y retournera. Parce que c’est sa vie.
Et demain alors ?
Un livre de recettes arrive, bien sûr – tradition oblige pour la gagnante. Des projets vidéo aussi, peut-être des ateliers. Mais elle pose les choses clairement :
« Je vais continuer dans la police. Je suis vraiment passionnée par mon métier, je n’ai pas envie de le quitter. »
Un petit garçon prévu pour le printemps, un mariage avec son compagnon (lui aussi dans la police), et toujours l’uniforme au placard. La pâtisserie restera une passion, un exutoire, une manière de souffler après des journées parfois rudes. Elle rit en racontant que oui, parfois, les spatules volent dans le salon quand une ganache ne prend pas. Mais c’est précisément ça qui la détend.
Ce que cette victoire dit de notre époque
Franchement, l’histoire de Margot fait du bien. Dans un monde où on nous pousse sans cesse à choisir une seule voie, à « vivre de sa passion », elle rappelle qu’on peut être excellent dans plusieurs domaines à la fois. Qu’on peut adorer son métier même s’il est dur, même s’il ne brille pas sous les projecteurs, et cultiver une passion créative à côté sans que l’un cannibalise l’autre.
Elle n’a pas besoin de tout plaquer pour se sentir accomplie. Elle est déjà là où elle doit être. Et ça, mine de rien, c’est une sacrée leçon.
Alors oui, on va acheter son livre. Oui, on va suivre ses prochaines aventures sucrées. Mais surtout, on va se souvenir qu’il y a des gens comme Margot qui, chaque jour, portent l’uniforme et sauvent des vies en silence… avant de rentrer faire le plus beau dessert du monde.
Et quelque part, c’est ça, la vraie recette gagnante.
