Il y a des maisons qui sentent bon la peinture fraîche et le café du matin. Et puis il y a celles qui sentent encore le benjoin, le patchouli et les rêves de verre soufflé. Celle-ci appartient clairement à la seconde catégorie.
Dans le petit village de Thiverval-Grignon, à moins d’une heure de Paris, une propriété pas comme les autres vient de débarquer sur le marché. Et quand je dis « pas comme les autres », je pèse mes mots. Parce qu’ici, pendant quarante ans, un homme a sculpté la beauté liquide : Serge Mansau, le génie discret derrière plus de 250 flacons mythiques pour les plus grandes maisons de parfum.
Une demeure qui porte encore l’empreinte d’un créateur
Entrer dans cette maison, c’est un peu comme ouvrir un flacon de parfum très rare : d’abord une note de tête (l’élégance XVIIIe de la façade), puis un cœur boisé et créatif (les ateliers immenses), et enfin un fond tenace d’histoire et de poésie qui reste longtemps sur la peau.
550 mètres carrés habitables, 700 mètres carrés de dépendances, 1,5 hectare de parc arboré, piscine… Sur le papier, c’est déjà très confortable. Mais ce qui rend cette propriété vraiment unique, c’est que chaque pièce semble encore vibrer de l’énergie du maître des lieux.
L’atelier, cœur battant de la création
Imaginez une immense verrière qui inonde de lumière un espace de 200 m². Des établis en bois patiné, des ébauches de flacons en plâtre, des moules abandonnés comme des sculptures modernes, des crayons éparpillés… On sent que des idées sont nées ici. Beaucoup d’idées.
J’ai rarement vu un lieu de vie aussi organiquement lié à la création. Ce n’est pas une maison avec un atelier. C’est une maison qui est un atelier. Les volumes sont pensés pour la matière, pour la lumière, pour le geste. Même la cuisine semble avoir été dessinée pour qu’on y compose des accords aussi bien olfactifs que culinaires.
« Serge travaillait partout, tout le temps. Il pouvait dessiner un flacon en regardant les arbres du parc, ou sculpter une idée en prenant son café. Cette maison, c’était son laboratoire géant. »
– Un proche du designer
Le parc, une respiration de 1,5 hectare
Dehors, c’est un autre monde. Des allées sinueuses, des arbres centenaires, un miroir d’eau, une piscine qui semble posée là comme une goutte de mercure. L’hiver, les branches dessinent des silhouettes de flacons imaginaires. L’été, la lumière joue dans les feuilles comme dans du cristal.
Et surtout, le calme. Un calme profond, presque méditatif, qui contraste avec l’effervescence créative de la maison. On comprend mieux pourquoi tant de chefs-d’œuvre sont nés ici : il y avait l’espace pour penser grand.
- Cèdre du Liban planté dans les années 70
- Roseraie à l’ancienne
- Verger de pommiers et poiriers oubliés
- Potager toujours entretenu
- Piscine chauffée 12 x 5 m
Les dépendances : 700 m² de possibles
700 mètres carrés, ça ne court pas les rues. Surtout quand ils sont en pierre apparente, avec des hauteurs sous plafond dignes d’un loft parisien. Anciens ateliers, garages, remises… Tout est là, prêt à être réinventé.
Certains y verront un espace pour une galerie privée. D’autres, un studio de musique ou de photo. Un collectionneur de voitures anciennes, lui, y verra le garage de ses rêves. Et pourquoi pas un lieu pour accueillir des résidences d’artistes ? Après tout, l’âme du lieu s’y prête parfaitement.
Serge Mansau, l’homme qui donnait une âme au verre
Pour ceux qui ne le connaîtraient pas encore : Serge Mansau, c’était le sculpteur des parfums. L’homme capable de transformer une émotion en objet. Guerlain (le flacon abeille, c’est lui), Dior, Cartier, Kenzo, Hermès… Il a dessiné les contenants de certains des plus grands jus de l’histoire.
Ce qui frappait chez lui, c’était cette capacité à faire dialoguer l’art et l’industrie. Ses flacons ne sont pas juste beaux : ils racontent une histoire, ils portent une intention. Et cette intention, on la retrouve partout dans la maison.
Des courbes d’un escalier qui rappellent celles d’un flacon célèbre. Des jeux de transparence dans les portes vitrées. Des matériaux bruts laissés apparents, comme pour rappeler que la beauté naît souvent du geste le plus simple.
Un bien d’exception dans un marché tendu
À 2,79 millions d’euros, on est clairement sur un produit rare. Mais quand on regarde le marché des Yvelines ouest, ce prix commence à paraître presque raisonnable pour ce qu’il offre.
Dans le secteur, les grandes propriétés avec autant de terrain et de dépendances se font rares. Et quand elles arrivent sur le marché, elles partent vite. Surtout quand elles ont une histoire aussi forte.
| Surface habitable | 550 m² |
| Dépendances | 700 m² |
| Terrain | 15 000 m² |
| Piscine | Oui, chauffée |
| Pièces principales | 12 |
| Exposition | Multi-orientée |
| État | Très bon, entretenu avec soin |
Pour qui, cette maison ?
Franchement ? Pas pour tout le monde. Et c’est tant mieux.
Cette maison demande d’avoir une sensibilité particulière. D’aimer les lieux qui ont une âme. De ne pas avoir peur de vivre entouré d’histoire et de création. Elle n’est pas faite pour quelqu’un qui veut juste « une grande maison près de Paris ».
Elle est faite pour un artiste, évidemment. Mais aussi pour un entrepreneur créatif. Un collectionneur. Une famille qui veut transmettre autre chose que des mètres carrés à ses enfants. Quelqu’un qui comprend que certains lieux ne se possèdent pas : ils se perpétuent.
Et demain ?
Ce qui est passionnant, c’est d’imaginer ce que deviendra cette maison entre de nouvelles mains. Va-t-elle continuer à accueillir des créateurs ? Devenir un lieu de séminaires haut de gamme ? Une fondation ? Ou simplement le cocon d’une famille qui aura su tomber amoureuse de son histoire ?
Ce qui est sûr, c’est que celui ou celle qui l’achètera ne sera pas juste propriétaire d’une belle maison. Il deviendra le gardien d’un petit bout d’histoire de l’art français. Et ça, franchement, ça n’a pas de prix.
Moi, si j’avais les moyens… je crois que j’aurais déjà pris rendez-vous pour la visiter. Juste pour sentir, une dernière fois, le parfum de la création qui flotte encore entre ces murs.
Et vous, vous laisseriez-vous tenter par une maison qui a vu naître quelques-uns des plus beaux flacons du monde ?
