Imaginez-vous à 22 ans seulement, au centre d’un parquet incandescent, avec des milliers de supporters qui hurlent et toute une nation qui retient son souffle. Et si, à cet âge-là, on vous confiait déjà les clés de l’équipe de France pour aller chercher une nouvelle finale mondiale. C’est exactement ce qui arrive à Léna Grandveau en ce moment même, au Mondial 2025. Franchement, ça donne le vertige.
Une gamine qui joue déjà comme une patronne
Quand on parle de précocité dans le sport de haut niveau, on a souvent en tête des prodiges qui brûlent vite les étapes. Mais là, on touche à quelque chose de différent. Léna Grandveau ne fait pas juste « bien pour son âge ». Non, elle dirige, elle décide, elle assume. Et tout ça avec une tranquillité presque déconcertante.
Le sélectionneur Sébastien Gardillou ne s’y trompe pas. Il lui a carrément « confié les clés du camion », comme on dit dans le milieu. Une expression qui en dit long : à 22 ans, elle est devenue la meneuse de jeu principale des Bleues. Pas une remplaçante, pas une promesse. Une titulaire indiscutable qui organise le jeu, qui accélère ou qui ralentit selon le scénario, qui prend les tirs quand il faut. Bref, une patronne.
Le souvenir brûlant de la finale 2023
Pour ceux qui auraient oublié – ou qui auraient raté ce moment de folie – remontons deux ans en arrière. Mondial 2023. Finale contre la Norvège. L’équipe de France est menée, la tension est à couper au couteau. Et là, une gamine de 20 ans prend feu. Quatre buts dans les dernières minutes. Quatre. Elle retourne complètement le match et offre le titre aux Bleues. Sur le coup, on s’est tous dit : « Ok, c’est une étoile qui vient de naître. »
Mais le plus impressionnant, ce n’est pas seulement les stats. C’est le sang-froid. À 20 ans, en finale mondiale, elle demande le ballon dans les moments où les plus expérimentées auraient peut-être hésité. Ça, ça ne s’apprend pas à l’école de hand. Ça vient des tripes.
« Sur cette finale, à seulement 20 ans, elle avait pris ses responsabilités dans les moments clés. Cela nous a montré sa force de caractère. »
– Une cadre historique de l’équipe de France
Et cette cadre, en pause maternité actuellement, sait de quoi elle parle. Elle a vu passer des générations de talents. Elle sait reconnaître celles et ceux qui marquent l’histoire.
« Elle fonctionne à l’ancienne »
Cette phrase, je l’adore. Parce qu’elle dit tout. Dans un sport qui devient de plus en plus physique, de plus en plus rapide, de plus en plus tactique, Léna Grandveau ramène une forme de simplicité. Pas de chichi, pas de star-system. Elle bosse, elle écoute, elle respecte la hiérarchie même quand elle la dépasse sur le terrain. Elle est polie, souriante, disponible. Le genre de personnalité qui fait un bien fou dans un vestiaire.
On entend souvent que les jeunes générations sont individualistes, pressées, impatientes. Eh bien Léna, elle casse ce cliché en mille morceaux. Elle a 22 ans mais elle joue et elle se comporte comme les grandes anciennes qu’on admirait il y a quinze ou vingt ans. C’est rare. Et c’est précieux.
Un profil complet qui fait peur à l’Europe entière
Techniquement, elle a tout. Vision du jeu exceptionnelle, changement de rythme, lecture des défenses, tir de loin, capacité à créer pour les autres ou à conclure elle-même. Mais ce qui impressionne le plus, c’est sa maturité tactique. À son âge, beaucoup de joueuses sont encore en phase d’apprentissage. Elle, elle est déjà en phase de domination.
- Elle voit les intervalles avant que les autres ne les imaginent
- Elle sait quand il faut temporiser et quand il faut punir
- Elle n’a pas peur de prendre les tirs décisifs
- Elle défend avec une intensité qui surprend ses adversaires
- Et surtout, elle rend les joueuses autour d’elle meilleures
Ce dernier point est peut-être le plus important. Une grande meneuse, ce n’est pas seulement celle qui marque. C’est celle qui fait briller l’équipe entière. Et là, Léna excelle.
L’absence d’Estelle Nze Minko, un tremplin inattendu
Forcément, quand la capitaine historique est absente pour une raison aussi belle que l’arrivée d’un enfant, il y a un vide. Un énorme vide même. Mais dans le sport, les absences créent parfois des opportunités incroyables. Léna Grandveau a saisi la sienne à pleine mains. Elle n’a pas seulement remplacé numériquement. Elle a pris le leadership, elle a imposé son style, elle a gagné la confiance totale du staff et de ses coéquipières.
Et le plus beau dans tout ça ? Elle le fait sans jamais en faire trop. Pas de déclarations tapageuses, pas de besoin de se mettre en avant. Elle joue, elle gagne, elle sourit. Point final.
Rendez-vous avec l’Allemagne : le vrai test
Ce vendredi, c’est l’Allemagne en demi-finale. Une équipe solide, expérimentée, qui joue à domicile dans cette phase finale. Un vrai test grandeur nature. Si les Bleues veulent retourner en finale – et pourquoi pas rêver d’un deuxième titre consécutif –, elles auront besoin d’une Léna Grandveau à son meilleur niveau. Mais quelque chose me dit qu’elle sera prête. Elle l’est toujours dans les grands rendez-vous.
Et puis soyons honnêtes : voir une joueuse de 22 ans porter ainsi une équipe nationale, ça fait du bien. Dans une période où le handball féminin français traverse des moments compliqués en club – avec des faillites en cascade –, voir que la relève est déjà là, et qu’elle est même en avance sur les prévisions, ça redonne le sourire.
Et demain ? Une carrière qui s’annonce hors norme
À ce rythme-là, Léna Grandveau va rapidement devenir l’une des meilleures joueuses du monde. Peut-être même la meilleure à son poste dans les années à venir. Elle a le talent, la tête, l’environnement. Tout ce qu’il faut pour écrire une très grande histoire avec les Bleues.
On parle souvent de transmission dans le sport français. Là, elle est en train de s’opérer sous nos yeux. Les anciennes passent le relais, et la nouvelle génération est déjà prête à prendre le pouvoir. Mieux : elle le fait avec classe, avec humilité, avec une forme de naturel désarmant.
Alors oui, ce vendredi à 17h45, il y aura un match de handball. Mais il y aura aussi une jeune femme de 22 ans qui va encore nous faire rêver. Et quelque part, c’est ça la magie du sport : voir des talents pareils éclore et nous rappeler pourquoi on aime tant cette discipline.
Allez les Bleues. Et surtout, allez Léna.
