Il y a des soirs où le foot ressemble à un mauvais rêve dont on n’arrive pas à se réveiller. Jeudi, à l’Allianz Riviera, l’OGC Nice a encore perdu. 1-0 contre Braga, un but en première mi-temps, et puis plus rien. Ou plutôt si : une nouvelle pierre dans le mur déjà bien haut des galères. Huit défaites d’affilée toutes compétitions confondues. Un record que personne n’avait envie de battre au club.
Et pourtant, quand Franck Haise s’est assis devant les micros, il n’avait pas le regard d’un homme qui baisse les bras. Déçu, oui. Épuisé, sûrement. Mais résigné ? Pas une seconde.
Franck Haise refuse de couler avec le bateau
Il l’a dit calmement, presque comme une évidence : « Je suis là et je me bats ». Ces six mots résument tout. On a vu des entraîneurs exploser en conférence de presse, accuser les joueurs, les arbitres, le calendrier. Lui non. Il encaisse, il analyse, et il répète qu’il faut continuer.
« Perdre huit matchs, ça ne plaît à personne. Mais une fois qu’on a dit ça, on fait quoi ? Moi, ce qui me touche le plus, c’est que je voudrais voir mon équipe tout le temps comme lors de la deuxième mi-temps… »
Franck Haise, en conférence de presse
La deuxième mi-temps contre Braga, parlons-en. Pendant quarante-cinq minutes, Nice a poussé, a tenté, a montré autre chose que cette timidité qui les bouffe depuis des semaines. C’est ça qui le rend dingue : savoir que l’équipe en a sous le pied, mais qu’elle ne le montre que par intermittence.
Quand l’oxygène vient à manquer
Haise a utilisé une image forte : « Quand on perd huit matchs de suite, on manque d’oxygène, c’est une réalité ». J’aime bien cette métaphore. Parce qu’en ce moment, tout le monde au Gym est en apnée. Les joueurs, le staff, les supporters… même nous qui regardons de loin, on sent la poitrine serrée.
Mais il a ajouté un truc essentiel : on ne va pas jouer les prochains matchs au sommet du Mont-Blanc. Traduction : pas la peine de chercher des excuses dans l’altitude ou la fatalité. L’oxygène, il faut aller le chercher ensemble. Avec de l’énergie, de la solidarité, du cœur.
Et là, il a été cash : Nice n’a pas assez de qualité et de force pour se permettre de jouer à moitié. Quand l’équipe est timide, « il ne se passe pas grand-chose ». C’est brutal, mais c’est vrai. Cette saison, le Gym n’a pas de marge. Pas de superstar qui te sort un match tout seul (Moffi et Boga sont blessés ou absents pour d’autres raisons). Il faut donc que tout le collectif pousse dans le même sens. Tout le temps.
Une série noire historique
Huit défaites de suite. Je vous laisse digérer le chiffre. Dans l’histoire du club, personne n’avait fait pire. Et en Europe ? Zéro point après six journées de Ligue Europa. Dix-huit matchs sans victoire sur la scène continentale. C’est plus qu’une crise, c’est une chute libre.
- 6 défaites en 6 matchs de phase de poules
- 0 point, 0 qualification possible
- 18 matchs européens sans la moindre victoire
- 8 défaites toutes compétitions confondues
Ces chiffres font mal. Vraiment mal. Surtout quand on se souvient que Nice jouait les trouble-fête en Ligue 1 il y a encore quelques mois, avec une troisième place et un football souvent agréable.
Le traumatisme des incidents avec les supporters
On ne peut pas parler de la situation actuelle sans évoquer le gros éléphant dans la pièce : les graves incidents entre certains joueurs et des supporters il y a quinze jours. Deux cadres importants sont toujours en arrêt, des plaintes ont été déposées. Le vestiaire est fracturé, le lien avec une partie du public est rompu.
Depuis, l’ambiance est lourde. Très lourde. Et ça se voit sur le terrain : peur de mal faire, crispation, manque de spontanéité. Le foot devient une corvée plutôt qu’un plaisir.
Franck Haise, lui, essaie de protéger son groupe. Il répète que les joueurs donnent le maximum dans un contexte ultra-difficile. Et franchement, on a envie de le croire. Parce que si même lui lâche, alors là c’est la fin.
Et maintenant ?
La question que tout le monde se pose : est-ce que ça peut s’arrêter ? Est-ce que Nice va enfin gagner un match avant la trêve ? Le calendrier n’est pas tendre : il reste des chocs, des derbys, des équipes en forme.
Mais parfois, dans le foot, il suffit d’une victoire. Une seule. Pour relancer la machine, redonner confiance, faire respirer tout le monde. Haise le sait. Il l’a déjà fait ailleurs.
Personnellement, je trouve qu’il mérite qu’on lui laisse le temps. Parce qu’il n’a pas perdu les vestiaires, il n’a pas perdu sa lucidité, et il continue de défendre ses idées de jeu malgré la tempête. Ce n’est pas rien.
« Ce que les joueurs peuvent maîtriser, c’est donner le maximum. »
Cette phrase, elle est simple. Mais en ce moment, à Nice, c’est peut-être la seule chose qui compte vraiment.
Alors oui, le Gym traverse la pire période de son histoire récente. Oui, l’élimination européenne est actée et la place en Ligue 1 devient fragile. Mais tant que Franck Haise sera là, avec cette envie de se battre, il restera un espoir. Petit, fragile, mais réel.
Parce que dans le foot, comme dans la vie, c’est souvent quand tout semble perdu que les plus belles remontées commencent.
Allez le Gym. Plus que jamais.
