Imaginez-vous un dimanche de décembre, il fait un froid de canard, et pourtant des milliers de personnes courent dans les rues en bonnet rouge et fausse barbe blanche. On rit, on klaxonne, on se prend en photo. Et tout le monde appelle ça une « corrida ». Moi, la première fois que j’ai entendu le mot, j’ai franchement cru qu’il y allait avoir un taureau quelque part. Eh non. C’est juste une course à pied complètement déjantée. Et figurez-vous que ce terme nous vient de très loin…
Une histoire qui commence sous les tropiques
On est le 31 décembre 1925, à São Paulo, Brésil. La ville organise une course de 15 kilomètres pour fêter le passage à la nouvelle année. À l’époque, c’est une idée complètement nouvelle : transformer une épreuve sportive en gigantesque fête populaire. Les journaux locaux baptisent l’événement la Corrida Internacional de São Silvestre. Oui, vous avez bien lu : corrida. En portugais brésilien, ça veut tout simplement dire « course ».
Aucun taureau, aucune arène, juste des coureurs qui traversent la ville en fête. L’épreuve devient mythique, diffusée dans le monde entier, et le mot « corrida » commence à voyager. En Europe, on le récupère petit à petit pour désigner des courses populaires et festives, surtout celles de fin d’année.
« Le but, c’est avant tout de faire marrer les gens. Le chrono, on s’en fiche un peu. »
Un organisateur francilien que j’ai croisé l’an dernier
Pourquoi ça a collé en France ?
En France, le terme apparaît vraiment dans les années 70-80. À l’époque, les courses sur route explosent. On cherche des noms originaux, un peu exotiques, qui sonnent festifs. « Corrida » fait parfaitement l’affaire : court, punchy, et ça évoque immédiatement quelque chose de vivant, de collectif.
Ajoutez à ça le côté fin d’année, les déguisements, la bière d’après-course (oui, à l’époque on en servait encore), et le tour est joué. Le mot s’installe durablement dans le vocabulaire running, surtout en Île-de-France où les corridas pullulent en décembre.
Les anti-corrida qui ne comprennent rien à la blague
Chaque année, c’est le même sketch. Des associations anti-tauromachie envoient des mails outrés aux organisateurs : « C’est une honte d’utiliser ce mot ! » Certains ont même dû rajouter « pédestre » sur les affiches pour calmer le jeu. Franchement, je trouve ça à la fois drôle et un peu triste. Le sens premier du mot en portugais est totalement oublié.
C’est un peu comme si on accusait les amateurs de « paella party » de maltraiter des lapins. Le mot a voyagé, il a changé de sens selon les cultures. En running, « corrida » = fête + baskets + déguisement. Point final.
Les plus belles corridas françaises (celles qui valent le détour)
Si vous n’avez jamais fait une corrida de Noël, mettez ça sur votre bucket list 2026. Voici mon top personnel, testé et approuvé :
- Issy-les-Moulineaux – La doyenne, 47 éditions, ambiance familiale dingue, 14 000 coureurs en rouge et blanc.
- Houilles – Plus sérieuse côté chrono, mais toujours beaucoup de déguisements et une organisation au millimètre.
- Corrida de la Saint-Sylvestre à Boulogne-Billancourt – Le soir du 31, feu d’artifice à l’arrivée, champagne inclus (avec modération).
- Aulnay-sous-Bois – Moins connue, mais hyper conviviale et parcours plat idéal pour un dernier chrono de l’année.
- La Corrida des Abbesses à Montmartre – Ça monte, ça descend, mais la vue sur Paris illuminé vaut tous les efforts.
Comment bien vivre sa première corrida (conseils d’un habitué)
Je me souviens de ma première : j’avais misé sur un costume de sapin de Noël complet avec guirlandes lumineuses. Erreur de débutant. Voici ce que j’ai appris depuis :
- Prenez un costume légèrement trop grand – ça évite les échauffements bizarres.
- Oubliez les records personnels. Vous allez vous arrêter toutes les 500 m pour des photos.
- Les barbes blanches, ça gratte. Optez pour le maquillage ou rien du tout.
- Emportez une petite flasque… d’eau chaude avec du miel. Ça sauve en cas de froid polaire.
- Le plus important : souriez tout le temps. C’est contagieux.
L’année dernière, j’ai croisé un mec déguisé en cadeau de Noël géant avec juste un trou pour les yeux. Il a terminé en 38 minutes sur 8 km. Respect total.
Et demain, la corrida va-t-elle disparaître ?
Certains organisateurs réfléchissent à changer de nom pour éviter les polémiques récurrentes. Personnellement, je trouve ça dommage. On effacerait une partie de l’histoire du running populaire français.
Et puis soyons honnêtes : qui viendrait à « La Course Festive et Inclusive de Fin d’Année Éco-Responsable » ? Personne. « Corrida », ça claque, ça intrigue, ça fait sourire. Gardons-le.
Alors cette année, enfilez votre bonnet, laissez le chrono au placard, et venez courir comme des gamins. Parce qu’au fond, c’est exactement ça l’esprit corrida : retrouver le plaisir simple de courir ensemble, en riant, même quand il fait -2°C.
Et si quelqu’un vous demande pourquoi on appelle ça une corrida, vous saurez désormais répondre avec le sourire : « Parce qu’au Brésil, ça veut juste dire course. Et ici, ça veut dire fête. »
PS : Si vous faites une corrida cet hiver, taguez-moi sur les photos. J’adore voir vos déguisements les plus improbables. La plus belle folie que j’ai vue ? Un groupe entier en Schtroumpfs… bleus gelés à l’arrivée.
