Quand on pense que certains passent leur vie à chercher le grand frisson dans des films d’horreur, il y a des affaires bien réelles qui vous glacent le sang bien plus sûrement. L’histoire de Dominique Pelicot, déjà condamné pour des faits d’une extrême gravité, continue de livrer des pans entiers de noirceur. Une expertise psychologique réalisée il y a quelques mois vient d’être révélée et, franchement, elle donne le vertige.
Un portrait qui dépasse l’entendement
Condamné à vingt ans de réclusion pour avoir, pendant des années, drogué et fait violer son ex-épouse par des dizaines d’hommes recrutés sur internet, il aurait pu rester cet « ogre de Mazan » que tout le monde croyait cerner. Mais non. Deux nouvelles affaires, des dossiers très anciens et particulièrement violents, l’ont rattrapé. Et pour les besoins de l’instruction, une psychologue l’a rencontré à nouveau pendant deux jours entiers.
Le résultat ? Un document qui ne laisse aucune place au doute : on est face à quelqu’un dont le fonctionnement psychique est profondément abîmé. Et pourtant, il n’est ni fou, ni délirant, ni psychotique. Juste… hors normes dans le pire sens du terme.
L’absence totale d’empathie, le cœur du problème
Ce qui frappe immédiatement la spécialiste, c’est cette incapacité radicale à se mettre à la place de l’autre. Pelicot ne ressent rien pour la souffrance de ses victimes. Pire : il la méprise. Pour lui, ce qu’il leur a fait ne constitue pas vraiment un mal. La violence physique ? Évacuée. La violence morale ? Inexistante à ses yeux.
Il est incapable de se mettre à la place de l’autre et va jusqu’à mépriser la douleur de ses victimes.
On a beau tourner ça dans tous les sens, c’est terrifiant. Imaginez quelqu’un qui regarde un être humain se faire détruire et qui pense sincèrement que ça ne compte pas, parce que, dans son esprit, l’autre n’est pas vraiment… humain.
Une structure narcissique fragile mais destructrice
La psychologue parle d’une structure narcissique archaïque et fragile. Derrière l’apparence du grand-père tranquille qu’il aimait renvoyer, il y avait un ego démesuré, une besoin maladif de toute-puissance. Réduire l’autre à un simple objet, voilà ce qui le faisait vibrer. Le transformer en marionnette au service de ses désirs les plus tordus.
Et il l’assume. Il se décrit lui-même comme « un homme pervers ». Il reconnaît une fascination pour tout un tas de paraphilies : voyeurisme, fétichisme, candaulisme… Des mots qui font froid dans le dos quand on sait comment ils se sont traduits dans la réalité.
- Le voyeurisme : regarder sans être vu, se sentir tout-puissant
- Le candaulisme : tirer du plaisir à exposer ou partager son partenaire
- La scénarisation du viol : transformer l’innommable en fantasme maîtrisé
Il a même lâché cette phrase, presque avec un sourire dans la voix : « Je suis très fantasme, c’est vrai ». Comme si c’était une petite coquetterie de caractère.
La soumission chimique, un « gentil » viol selon lui
Ce qui est peut-être le plus révoltant, c’est la justification qu’il donne à l’utilisation massive de médicaments pour endormir ses victimes. Pour lui, c’est une forme de… bienveillance. Oui, vous avez bien lu.
Je ne voulais pas leur faire de mal.
Ses propres mots
Dans sa tête tordue, endormir quelqu’un permet de réaliser tous ses désirs sans que la personne « souffre ». Elle ne proteste pas, elle ne se souvient de rien, donc tout va bien. C’est seulement si la victime se réveille que « le masque tombe » et que la violence peut exploser. Autrement dit : tant qu’elle reste inconsciente, il se sent autorisé à tout.
C’est une logique qui donne la nausée. On touche là à la négation absolue du consentement, réduit à une simple question technique.
Les cold cases qui resurgissent
Depuis sa condamnation, deux dossiers très anciens ont refait surface.
Le premier date de 1991 : le viol et le meurtre d’une jeune agente immobilière de 23 ans à Paris. Pelicot nie farouchement, évoque la piste d’un tueur en série bien connu qui sévissait à l’époque. Son avocate demande même l’exhumation du corps pour de nouvelles analyses ADN.
Le second est plus récent, 1999 : l’agression d’une autre agente immobilière, 19 ans à l’époque. Là, son ADN parle pour lui. Il admet les faits… mais parle d’un simple « viol visuel ». Comme si regarder et toucher une jeune femme inconsciente relevait du voyeurisme innocent.
Pour les avocates des parties civiles, le profil psychologique colle parfaitement aux deux affaires. Pour la défense, on cherche à « charger la mule » en faisant de lui le coupable idéal maintenant qu’il est déjà condamné.
Un sentiment de toute-puissance jamais remis en question
Ce qui ressort surtout de cette expertise, c’est cette jouissance à transgresser. L’interdit, c’est son carburant. Plus c’est défendu, plus ça l’excite. Et quand il parvient à le réaliser sans être vu, sans être puni pendant des décennies, ça renforce son sentiment d’être au-dessus des lois, au-dessus des autres.
La soumission chimique devient alors l’outil parfait : elle lui offre une liberté totale tout en maintenant l’illusion qu’il reste « propre ». Pas de cris, pas de résistance, pas de témoins conscients. Juste lui, maître du jeu.
Et maintenant ?
Ces nouvelles révélations posent une question qui dérange : combien de prédateurs fonctionnent sur ce même schéma ? Combien passent des décennies à côté des radars parce qu’ils ont trouvé la « formule » qui leur permet de commettre l’impensable sans laisser de traces immédiates ?
L’expertise montre aussi les limites de notre compréhension. On peut condamner, enfermer, mais comprendre ? Vraiment ? Quand quelqu’un vous explique calmement qu’il droguait pour « ne pas faire mal », on touche à une forme d’altérité qui fait peur.
En attendant les suites judiciaires – analyses ADN, éventuelle exhumation, nouveaux procès –, une chose est sûre : cette affaire continuera longtemps de hanter ceux qui croient encore que le mal a toujours une gueule de monstre. Parfois, il a juste l’air d’un retraité ordinaire. Et c’est bien ça le plus effrayant.
Je ne sais pas vous, mais moi, ces lignes me laissent un goût amer. On aimerait pouvoir ranger ce genre d’individus dans la case « fous » ou « malades » pour se rassurer. Mais non. Il est conscient. Il assume. Il théorise même sa propre perversion. Et ça, ça fait beaucoup plus peur que n’importe quel film d’horreur.
