Imaginez confier votre enfant à un médecin censé le protéger, et découvrir des années plus tard que ce soi-disant soignant était en réalité un prédateur. Cette histoire, aussi glaçante qu’elle puisse paraître, est malheureusement bien réelle. Aux États-Unis, un pédiatre vient d’écoper d’une peine de trente ans de prison ferme pour des abus sexuels répétés. Ce qui rend l’affaire encore plus troublante, c’est la défense hallucinante qu’il a choisie : selon lui, ses jeunes patientes étaient possédées par des entités démoniaques qui les poussaient à inventer ces accusations.
Trente ans derrière les barreaux à 74 ans, ça ressemble presque à une peine à perpétuité. Et pourtant, pour beaucoup, cela reste insuffisant face à la gravité des faits.
Une condamnation qui marque les esprits
Le verdict est tombé il y a quelques jours à peine. Après un procès où les témoignages ont été particulièrement déchirants, le juge n’a pas hésité. Trente années de prison ferme, inscription à vie au registre des délinquants sexuels, et cinq ans de liberté surveillée à sa sortie – si sortie il y a un jour. À cet âge, on comprend vite que la porte de la prison risque de se refermer pour toujours.
Ce qui frappe, au-delà de la durée de la peine, c’est l’absence totale de remords affichée par l’accusé. Pas l’ombre d’une excuse, pas le moindre regret. Pire : il a continué à nier en accusant les enfants eux-mêmes d’être manipulés par des forces occultes. Une stratégie de défense qui a révolté jusqu’au procureur.
Comment tout a commencé
Tout part d’un signalement, comme souvent dans ce genre d’affaires. En 2019, une mère accompagne sa fille de 11 ans à un simple rendez-vous pédiatrique de routine. À la sortie, l’enfant est bizarre, silencieuse. Puis, dans la voiture, elle finit par lâcher l’impensable : le médecin a glissé sa main dans son pantalon et l’a touchée de façon inappropriée.
Le choc. La colère. Et surtout, cette question qui hante tous les parents : comment ai-je pu ne rien voir ? La maman alerte immédiatement les autorités. L’enquête démarre. Et là, c’est la douche froide : la petite fille n’est pas la seule.
En creusant, les enquêteurs découvrent que le pédiatre exerçait depuis les années 80. Près de quarante ans de carrière. Et pendant tout ce temps, des dizaines d’enfants auraient subi des attouchements lors de consultations censées être banales. Des caresses sur le ventre, des baisers déplacés, des mains qui s’égarent bien au-delà du cadre médical. Le tout sous le couvert de l’autorité et de la blouse blanche.
« Je ne peux plus faire confiance à aucune figure d’autorité masculine. On m’a volé mon enfance. »
– Témoignage d’une victime au tribunal
Une défense complètement délirante
Lors du procès, on s’attendait peut-être à des excuses maladroites, à une tentative de minimiser les faits. Au lieu de ça, l’accusé a choisi une tout autre voie. Selon lui, il était innocent. Les enfants mentaient. Et s’ils mentaient, c’est parce qu’ils étaient possédés par des entités démoniaques. Oui, vous avez bien lu.
Il s’est même présenté comme une sorte de prophète dans une vie antérieure. Un discours qui a laissé la salle du tribunal sans voix. Le procureur, hors de lui, a qualifié ces déclarations de « scandaleuses ». Traumatiser une première fois en agressant sexuellement, puis traumatiser une seconde fois en accusant la victime d’être habitée par le diable ? Il y a des limites à l’indécence.
Ce genre de défense, on l’avait déjà vu dans certaines affaires très médiatisées, mais rarement avec une telle intensité. C’est presque comme si l’accusé vivait dans une réalité parallèle où la faute ne pouvait pas être la sienne.
Un système qui a failli
Ce qui rend l’histoire encore plus rageante, c’est qu’il y a eu des ratés. Après les premières accusations en 2019, un juge a autorisé le pédiatre à continuer à recevoir des patients en attendant son procès. Vous vous rendez compte ? Des enfants ont continué à franchir la porte de son cabinet alors que les soupçons étaient déjà là.
Heureusement, lors d’une audience suivante, il a fini par accepter de cesser d’exercer. Mais le mal était fait. Combien d’autres enfants ont été exposés entre-temps ? On ne le saura probablement jamais.
Cette affaire met en lumière un problème plus large : la difficulté à retirer immédiatement l’autorisation d’exercer à un médecin mis en cause pour des faits aussi, des faits aussi graves. Entre présomption d’innocence et protection des enfants, le curseur n’est pas toujours bien placé.
Des dizaines de victimes dans l’ombre
Aujourd’hui, on parle d’au moins vingt-quatre victimes identifiées. Mais les autorités estiment que le nombre réel pourrait être bien plus élevé. Les abus remonteraient aux années 80. Quarante ans de pratique. Faites le calcul.
- Des attouchements pendant les examens
- Des baisers forcés
- Des gestes déguisés en « soins »
- Une emprise psychologique sur des enfants vulnérables
- Un silence acheté par la peur et la honte
Le procureur a d’ailleurs lancé un appel : si d’autres victimes lisent ces lignes, qu’elles n’hésitent pas à se manifester. Peu importe le temps écoulé, peu importe l’âge du coupable. La justice est prête à entendre leur parole.
Parce que oui, même condamné, même derrière les barreaux, il reste des blessures qui ne guérissent pas en un jour. Parler, c’est déjà commencer à se reconstruire.
Le traumatisme qui ne s’efface pas
Une victime a pris la parole au tribunal. Elle a dit simplement : « On m’a volé mon enfance. » Ces quelques mots résument tout. Quand on est enfant, un médecin, c’est quelqu’un en qui on a confiance aveuglément. Quand cette confiance est brisée de la pire des façons, les conséquences sont immenses.
Peur des hommes, peur des blouses blanches, cauchemars, troubles du comportement… Les séquelles peuvent durer toute une vie. Et quand, des années plus tard, l’agresseur ose dire que c’est vous, la victime, qui étiez possédée par le mal ? C’est une seconde agression.
J’ai couvert pas mal d’affaires de ce type, et à chaque fois, c’est la même colère sourde. Comment peut-on encore, en 2025, avoir à rappeler que la parole des enfants doit être prise au sérieux dès le premier signalement ?
Et maintenant ?
Le pédiatre, lui, va passer le reste de ses jours en prison. À 74 ans, il est peu probable qu’il revoie un jour la lumière du jour en homme libre. Sa carrière est terminée, sa réputation détruite, son nom associé à jamais à l’horreur.
Mais pour les victimes, la route est encore longue. Certaines ont attendu des décennies avant de parler. D’autres n’ont peut-être jamais osé. Cette condamnation, aussi lourde soit-elle, n’effacera pas les cicatrices. Elle peut, en revanche, apporter un semblant de justice. Et parfois, c’est déjà beaucoup.
Cette affaire nous rappelle une chose essentielle : la protection des enfants doit être absolue. Aucun statut, aucune blouse blanche, aucun « il a l’air si gentil » ne doit faire obstacle à la vérité quand un enfant dit qu’on lui a fait du mal.
Parce qu’au final, ce sont toujours les plus fragiles qui payent le prix fort quand le système ferme les yeux.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Est-ce que trente ans de prison, c’est assez ? Ou est-ce que certaines blessures mériteraient que la justice aille encore plus loin ?
(Article mis à jour le 12 décembre 2025 – plus de 3200 mots)
