Vous êtes-vous déjà demandé qui se cache derrière les coupes impeccables de certains sportifs qu’on voit briller sur les parquets ou les terrains ? Moi oui, souvent. Et puis un jour, on tombe sur une histoire qui dépasse tout ce qu’on aurait pu imaginer : un gamin d’un village alsacien de trois mille âmes qui se retrouve, à 28 ans, à tailler les dégradés des Frenchies de la NBA dans le saint des saints du basket américain. Franchement, ça mérite qu’on s’y arrête.
De Gries à la Big Apple : quand le rêve prend la forme d’une tondeuse
Il y a des parcours qui paraissent écrits pour le cinéma. Celui de Kent Ali, plus connu sous le nom de Kent Barber, en fait clairement partie. Né et élevé à Gries, dans le Bas-Rhin, il a ouvert son salon en 2018 dans un ancien magasin de fleurs. À l’époque, tout le monde lui disait que c’était de la folie pure. Un barber shop dans un village perdu ? Autant ouvrir une boutique de surf dans les Vosges.
Mais Kent avait une vision. Fan depuis l’adolescence des coupes extravagantes des footballeurs et des basketteurs, il passait des heures à décortiquer les dégradés de Paul Pogba ou les line-ups ultra-précis des stars US. Il s’est formé seul, puis a validé son brevet professionnel, parce que oui, même quand on est autodidacte, il faut parfois cocher les cases officielles.
« Créer un barber dans un village reculé, tout le monde a essayé de me décourager. Mais j’y croyais. »
Le déclic alsacien : quand les sportifs locaux frappent à la porte
Les débuts sont modestes, mais la qualité parle. Très vite, les jeunes du coin viennent se faire couper « comme les pros ». Et puis arrive le premier gros poisson : un défenseur du Racing Club de Strasbourg qui cherche quelqu’un capable de maîtriser le dégradé américain. Le bouche-à-oreille fait le reste.
En quelques mois, la moitié de l’effectif du Racing passe entre ses mains. Les joueurs de la SIG, le club de basket de Strasbourg, suivent. On commence à voir des stories Instagram où des sportifs posent fièrement avec la cape Kent Barber. Le salon devient un lieu de pèlerinage discret pour tout ce que l’Alsace compte de talents sportifs.
Ce qui frappe, c’est la spécialité maison : le dégradé zéro faute. Pas de ciseaux, que la tondeuse. Une technique ultra-exigeante qui demande des années de pratique pour être parfaite. Et clairement, le garçon a le truc.
L’appel qui change tout : direction New York
L’été dernier, lors d’un match amical entre Cholet et Strasbourg, un jeune espoir français demande à Kent de le coiffer avant la rencontre. Rien d’exceptionnel… sauf que quelques semaines plus tard, ce même joueur signe un contrat chez les New York Knicks. Et là, surprise : il appelle directement le barbier alsacien pour qu’il vienne le couper aux États-Unis.
Novembre 2025. Kent pose le pied à New York pour la première fois de sa vie. Quatre jours dans la Big Apple, mais pas en touriste. Il passe directement par le centre d’entraînement des Knicks. Dans le vestiaire, il retrouve non seulement son client initial, mais aussi les autres Frenchies de l’effectif : Pacôme Dadiet, Guerschon Yabusele… Tous veulent la même chose : un dégradé made in Alsace.
« Me retrouver à coiffer au Madison Square Garden… j’avais les étoiles dans les yeux. C’est le genre de truc qu’on n’ose même pas rêver. »
Et le plus beau ? Ils lui ont déjà réservé le prochain vol pour février. Le gamin de Gries est officiellement devenu le barbier attitré des Français de New York.
Pourquoi eux, pourquoi lui ?
On pourrait se dire : il y a des milliers de barbers ultra-doués à New York ou à Los Angeles. Pourquoi faire venir quelqu’un d’aussi loin ? La réponse tient en trois points, d’après ce que j’ai pu observer dans ce milieu :
- La confiance absolue : quand on est à des milliers de kilomètres de chez soi, on veut quelqu’un qui connaît déjà parfaitement ses cheveux, sa forme de crâne, ses exigences.
- Le style français : les dégradés européens ont une touche un peu différente, souvent plus propres, plus nets. Les joueurs aiment ce petit « je-ne-sais-quoi » à la française.
- Le feeling humain : Kent n’est pas juste un coiffeur, il parle le même langage, partage les mêmes références culturelles. C’est presque un grand frère qui débarque.
Résultat : un lien qui va bien au-delà de la simple prestation. On parle de fidélité longue durée.
Et demain ? Les JO 2028 dans le viseur
Kent ne compte pas s’arrêter là. Son prochain rêve est aussi gros que clair : accompagner les équipes de France de basket (3×3 et 5×5) aux Jeux olympiques de Los Angeles en 2028. Imaginez-le dans le village olympique, tondeuse à la main, en train de préparer les Bleus avant leurs matchs. Franchement, après ce qu’il a déjà réalisé, je ne parierais pas contre lui.
En attendant, il continue de faire tourner son salon à Gries. Parce que oui, même quand tu coiffes au Madison Square Garden, tu rentres couper les cheveux du voisin. C’est ça aussi, la beauté de son histoire : elle reste ancrée dans le réel.
Ce que cette histoire dit de notre époque
Derrière l’anecdote sympa, il y a quelque chose de plus profond. À l’heure où tout le monde parle de réseaux sociaux et de personal branding, Kent incarne parfaitement le succès « à l’ancienne » : du talent brut, du travail acharné, et un peu d’audace. Pas besoin d’une agence de com à 50 000 euros par mois. Juste une tondeuse, des mains en or et l’envie de prouver que même un village de 3000 habitants peut être une rampe de lancement vers les étoiles.
Et puis il y a cette idée que le métier de barbier, longtemps considéré comme « secondaire », peut devenir une vraie porte d’entrée dans le monde du sport de haut niveau. On a vu la même chose avec certains préparateurs physiques ou kinés qui suivent leurs athlètes partout dans le monde. Le barbier entre dans cette catégorie-là. C’est assez nouveau, et franchement fascinant.
Le mot de la fin
Si un jour vous passez par Gries, dans le Bas-Rhin, poussez la porte du salon avec l’inscription « Ici c’est carré ». Vous ne croiserez peut-être pas un joueur NBA ce jour-là. Mais vous aurez affaire à un mec qui a prouvé que, parfois, les rêves les plus fous commencent par un simple coup de tondeuse.
Et quelque part, c’est plutôt rassurant.
PS : si vous êtes joueur pro et que vous lisez ces lignes… son agenda se remplit vite. Très vite.
