Vous arrive-t-il parfois de regarder une course de biathlon et de vous dire que tout peut basculer en une fraction de seconde ? Une balle qui frôle le bord, une accélération sur les skis, et hop, la hiérarchie mondiale en prend un coup. Ce vendredi à Hochfilzen, c’est exactement ce qui s’est passé. Et franchement, on n’aurait pas pu rêver mieux pour lancer l’hiver des Françaises.
Lou Jeanmonnot, enfin la délivrance
Elle l’attendait depuis le début de saison, cette première victoire individuelle. Après des relais étincelants et des courses en solo un peu en demi-tefondues à Östersund, Lou Jeanmonnot a sorti le grand jeu. 7,5 km, dix cibles, zéro faute. Le genre de performance qui fait taire les sceptiques et qui rappelle pourquoi elle a terminé deuxième du général l’an dernier.
Sur la ligne d’arrivée, elle lève les bâtons, un sourire immense, presque incrédule. Quinze secondes d’avance sur la Norvégienne Maren Kirkeeide, seize sur la Suédoise Anna Magnusson. Pas une avance écrasante sur le papier, mais en biathlon, quand tu fais 10/10, tu mérites chaque dixième.
« Je sentais que ça pouvait le faire aujourd’hui. J’étais calme au tir, les skis glissaient super bien. C’est une libération. »
Lou Jeanmonnot, juste après l’arrivée
Ce qui impressionne le plus, c’est la sérénité. À 27 ans, elle n’est plus la jeune prometteuse qu’on découvrait il y a quelques saisons. Elle est devenue une patronne. Et à deux mois des Jeux de Milan-Cortina, ce signaler à tout le monde qu’elle vise très haut, c’est plutôt malin.
Julia Simon : un retour en douceur, forcément
Évidemment, toute la France avait aussi les yeux rivés sur l’autre dossard bleu. Julia Simon, de retour après un mois de suspension ferme. On ne va pas refaire le procès ici – tout le monde connaît l’histoire – mais sportivement, la question était simple : dans quel état allait-on la retrouver ?
Réponse : 19e place, à 1 minute et 9 secondes de sa compatriote, avec une faute au debout. Au tir, elle reste impressionnante (9/10), mais sur les skis, le rythme n’y était pas encore. Normal. Un mois sans compétition de haut niveau, ça laisse des traces, même quand tu t’appelles Julia Simon.
Jean-Paul Giachino, l’entraîneur du tir des Bleues et proche de la Savoyarde, l’avait dit la veille : « Je n’ai aucun doute sur son tir, juste sur le temps qu’il lui faudra pour retrouver le rythme. » On commence à avoir une petite idée. Deux, peut-être trois courses ? La poursuite de dimanche et le relais de samedi vont déjà nous donner des indices.
Eric Perrot en argent : les hommes aussi répondent présent
Parce qu’on parle beaucoup des filles (et c’est justice aujourd’hui), mais les garçons n’ont pas démérité. Eric Perrot, avec un magnifique 10/10, échoue à seulement 4 secondes de l’Italien Tommaso Giacomel. Deuxième place, podium, confiance au beau fixe. On le sent monter en puissance depuis le début de saison, ce garçon.
Derrière, les autres Bleus un peu plus loin, mais globalement, l’équipe de France montre qu’elle est là. Hommes et femmes. Ça fait plaisir à voir.
Ce que cette journée nous dit pour la suite
À moins de soixante jours des Jeux olympiques, cette étape de Hochfilzen agit comme un premier vrai test grandeur nature. Et le bilan est plutôt positif :
- Lou Jeanmonnot est en mesure de gagner n’importe quelle course quand elle est dans un bon jour
- Julia Simon reste une fois revenue à 100 % sera forcément dangereuse (et elle le sait)
- Le collectif français tourne, avec plusieurs cartes dans chaque manche
- Le tir collectif reste un gros point fort (les fautes sont rares quand la pression monte)
Le seul vrai point d’interrogation reste le foncier de certaines athlètes après des préparations perturbées. Mais on le saura vite : le programme est chargé jusqu’à Noël, avec la poursuite dimanche, la mass-start la semaine prochaine à Annecy-Le Grand Bornand devant le public français… Ça va être chaud.
Hochfilzen, ce stade qui réussit aux Bleues
Petite parenthèse historique : les Françaises adorent ce site autrichien. Ces dernières années, on y a vu des victoires de Justine Braisaz-Bouchet, d’Anaïs Chevalier, et maintenant de Lou Jeanmonnot. Il y a un truc avec l’air du Tyrol, les tracés exigeants et l’ambiance populaire qui leur va bien. À noter dans un coin de la tête pour les paris.
Et puis, soyones honnêtes, entendre la Marseillaise résonner dans ces montagnes enneigées, ça fait toujours un petit quelque chose. Surtout quand on sait que dans deux mois, c’est en Italie voisine que tout se jouera pour les médailles olympiques.
Et maintenant ?
Prochain rendez-vous dès demain avec le relais femmes. Julia Simon sera-t-elle alignée ? Tout laisse à penser que oui, ne serait-ce que pour lui redonner du rythme en compétition. Ensuite la poursuite dimanche, où Lou partira avec 15 secondes d’avance… et Julia avec plus d’une minute de retard à combler. Autant dire que ça promet.
Une chose est sûre : l’hiver du biathlon français est bel et bien lancé. Et quelque chose me dit qu’on n’a pas fini d’en parler.
Allez, je file regarder les replay du pas de tir en boucle. Parce que quand Lou Jeanmonnot met ses dix balles en 5.0 comme ça, franchement, ça vaut le détour.
