Imaginez un coureur capable de tout gagner, ou presque. À seulement 27 ans, il a déjà quatre Tours de France dans les jambes et un palmarès qui fait pâlir les plus grands. Et pourtant, il y a encore ces courses mythiques qui lui résistent. C’est un peu ça, l’histoire de Tadej Pogacar en ce moment. Quand il parle de 2026, on sent une faim intacte, presque enfantine, pour de nouveaux défis.
Les grands objectifs d’une saison 2026 ambitieuse
Le Slovène a choisi de lever le voile sur son programme lors d’un rassemblement d’équipe en Espagne. Pas de surprises folles, mais une confirmation claire : il veut frapper fort sur plusieurs fronts. Le Tour de France reste dans le viseur pour une cinquième couronne, un chiffre qui le placerait parmi les légendes absolues. Mais ce qui intrigue vraiment, c’est son envie brûlante de cocher les cases manquantes de son incroyable collection de victoires.
Paris-Roubaix et Milan-Sanremo, les deux Monuments qui lui font encore de l’œil. Deux courses radicalement différentes, l’une impitoyable sur les pavés du Nord, l’autre tactique et explosive sur la côte italienne. Pogacar les a mises en haut de sa liste, et il l’assume totalement.
Un calendrier printanier ultra-chargé
Sa saison débutera tôt, dès mars, avec les Strade Bianche, cette course sur les routes blanches toscanes qu’il adore et qu’il a déjà gagnée plusieurs fois. Ensuite, direction les classiques italiennes et belges. Voici, en gros, le menu qu’il s’est fixé :
- Strade Bianche en ouverture
- Milan-Sanremo, la Primavera tant convoitée
- Tour des Flandres, autre Monument pavé
- Paris-Roubaix, l’Enfer du Nord
- Liège-Bastogne-Liège, la Doyenne qu’il maîtrise déjà
- Puis préparation avec Tour de Romandie et Tour de Suisse
- Et enfin, le grand rendez-vous : le Tour de France
C’est dense, presque effrayant quand on connaît l’exigence physique de chacune de ces épreuves. Pourtant, Pogacar semble y prendre un plaisir certain. Il a même laissé entendre qu’après le Tour, une participation aux Championnats du monde à Montréal reste possible, histoire de défendre son titre pour la troisième fois consécutive.
J’ai toujours trouvé fascinant cette capacité à enchaîner des objectifs aussi variés. D’un côté les efforts longs et stratégiques du Tour, de l’autre les explosions de puissance sur les pavés ou les bosses courtes. Peu de coureurs osent un tel mélange.
Paris-Roubaix, la priorité surprise
Et là, il a lâché une phrase qui en dit long. Quand on lui a demandé ce qu’il choisirait entre une cinquième victoire sur le Tour et une première sur Roubaix, il n’a pas hésité : « Roubaix, parce que j’ai déjà quatre Tours. Passer de zéro à un, c’est plus fort que de quatre à cinq. » Franchement, ça résume tout son état d’esprit actuel.
« Si je pouvais choisir entre une victoire à Roubaix et sur le Tour, je choisirais Roubaix car j’ai déjà gagné quatre fois le Tour. Il y a une plus grande différence entre 0 et 1 qu’entre 4 et 5. »
Cette déclaration montre une maturité impressionnante. Beaucoup de champions se reposeraient sur leurs acquis, lui non. Il veut compléter son palmarès, devenir ce coureur total que peu ont été dans l’histoire. Rappelons qu’il a déjà terminé deuxième de Paris-Roubaix dès sa première participation, en dominant largement une grande partie de la course avant de céder face à un spécialiste absolu.
Il a d’ailleurs pris le temps, récemment, de reconnaître à nouveau les secteurs pavés. Un signe qu’il ne laisse rien au hasard. Les pavés, c’est un monde à part : la position sur le vélo, la gestion des crevaisons, la lecture de la course. Tout peut basculer en quelques mètres.
Milan-Sanremo, l’autre grand rêve
Milan-Sanremo, c’est l’autre gros morceau manquant. La plus longue classique, celle où la patience est reine jusqu’aux derniers kilomètres. Le Poggio, cette petite montée explosive, et puis la descente vers la Via Roma. Pogacar a le punch pour faire la différence, mais la course est souvent verrouillée par les sprinteurs ou les attaquants précoces.
Il a déjà montré qu’il pouvait briller sur des arrivées similaires. Son explosivité légendaire pourrait faire des merveilles. Reste à voir s’il arrivera frais après les Strade Bianche, ou si l’enchaînement jouera contre lui. En tout cas, il semble motivé comme jamais pour enfin inscrire son nom au palmarès de la Primavera.
Ce qui est intéressant, c’est qu’il vise les deux Monuments les plus différents parmi les cinq. Roubaix demande endurance et résistance aux chocs, Sanremo exige tactique et timing parfait. S’il gagne les deux la même année, ce serait historique.
Le Tour de France reste un monument incontournable
Évidemment, le Tour reste là. Une cinquième victoire le mettrait à hauteur des plus grands : Anquetil, Merckx, Hinault, Indurain. Quatre noms mythiques. Atteindre ce niveau à 28 ans (il les aura en 2026) serait tout simplement dingue.
Mais on sent qu’il le voit presque comme une évidence désormais. Pas par arrogance, non, plutôt parce qu’il sait qu’il a les moyens. La concurrence sera rude, bien sûr, avec des rivaux affûtés et motivés. Pourtant, Pogacar a prouvé qu’il pouvait dominer quand il est à 100 %.
La préparation avec Romandie et Suisse semble idéale : des courses à étapes exigeantes, des profils montagneux qui lui conviennent parfaitement. Tout est aligné pour arriver en juillet dans une forme optimale.
L’équipe autour du leader slovène
Autre info intéressante : la composition de l’équipe pour le Tour. Un jeune talent mexicain, deuxième d’un Grand Tour cette année, fera ses débuts sur la Grande Boucle aux côtés de Pogacar. Le gamin de 22 ans voit ça comme une chance unique d’apprendre du meilleur.
À l’inverse, un lieutenant expérimenté, souvent présent ces dernières années, sera absent. Il se concentrera sur les deux autres Grands Tours, où il visera le leadership. Une stratégie intelligente pour l’équipe : diversifier les chances de succès tout en laissant le Slovène entouré de coureurs dévoués.
Cette gestion d’effectif montre bien la profondeur de l’équipe UAE. Ils peuvent se permettre de splitter leurs forces sans affaiblir le projet Tour. Impressionnant.
Un palmarès déjà légendaire, mais encore perfectible
Quand on regarde en arrière, c’est vertigineux. À son âge, peu ont accompli autant. Plusieurs Monuments déjà, des Grands Tours à la pelle, des titres mondiaux. Et pourtant, il reste ces trous dans la raquette.
Gagner Paris-Roubaix et Milan-Sanremo le placerait dans une catégorie à part. Seuls quelques immenses champions ont remporté les cinq Monuments. Lui en manque précisément deux des plus prestigieux.
- Il a déjà le Tour de Lombardie (plusieurs fois même)
- Liège-Bastogne-Liège est dans sa poche
- Le Tour des Flandres aussi
- Restent donc Sanremo et Roubaix
S’il réussit son pari en 2026, on parlera d’une des saisons les plus abouties de l’histoire moderne du cyclisme. Pas seulement pour le nombre de victoires, mais pour la variété.
Les défis à relever pour réussir ce pari fou
Mais rien n’est acquis. Les classiques printanières demandent une fraîcheur que le Tour peut parfois grignoter. L’enchaînement sera le vrai test. Arriver en forme en mars, tenir jusqu’en avril, puis reconstruire pour juillet : c’est un équilibre délicat.
Sur Roubaix, il faudra battre les spécialistes des pavés, ces coureurs taillés pour l’effort brut et les conditions dantesques. Sur Sanremo, il faudra déjouer les équipes de sprinteurs et trouver le bon moment pour attaquer.
Et sur le Tour, la concurrence ne dormira pas. Les autres leaders vont tout faire pour profiter d’une éventuelle fatigue accumulée au printemps. C’est tout l’enjeu de cette programmation audacieuse.
Personnellement, je pense qu’il a les qualités physiques et mentales pour y arriver. Sa récupération semble hors norme, et sa motivation est palpable. Reste à voir comment le corps répondra à un tel volume.
Pourquoi 2026 pourrait être historique
Si on prend du recul, cette saison a le potentiel pour marquer les esprits durablement. Pas seulement pour Pogacar, mais pour le cyclisme en général. Voir un coureur aussi dominant chercher encore à se diversifier, c’est rafraîchissant.
On a parfois reproché au peloton moderne d’être trop spécialisé. Lui prouve le contraire. Capable de gagner en montagne, sur les pavés, en contre-la-montre, en descente. Un vrai phénomène.
Et puis, il y a cette humilité dans ses déclarations. Prioriser une première victoire sur un Monument plutôt qu’une cinquième sur le Tour, ça montre une vraie passion pour le sport, pas seulement pour les chiffres.
2026 s’annonce passionnante. On va suivre ça de très près, course après course. Parce que quand Pogacar se fixe des objectifs pareils, il a souvent l’habitude de les atteindre. Affaire à suivre, et pas qu’un peu.
En attendant le départ des Strade Bianche en mars, on peut déjà rêver à ce que cette saison pourrait réserver. Des pavés secoués, des ascensions explosives, des arrivées au sprint contrôlé. Tout ce qui fait la beauté du cyclisme. Et au milieu, un Slovène souriant qui continue d’écrire sa légende, kilomètre après kilomètre.
