Il y a des moments dans une saison où tout bascule, presque sans qu’on s’en rende compte sur le coup. Un simple ajustement tactique, un joueur décalé d’un poste, et soudain l’équipe prend une autre dimension. C’est exactement ce qui arrive au Stade Rennais en cette fin d’année 2025 avec Mousa Al-Tamari. Franchement, qui aurait parié gros sur lui en début de saison ? Et pourtant, le voilà devenu l’un des hommes les plus dangereux de Ligue 1.
Ce soir-là contre Brest, le Roazhon Park a vibré comme rarement. Menés au score dès le début, les Rennais semblaient étouffés, dépassés par l’intensité adverse. Et puis, en quelques minutes, tout a changé grâce à lui. Deux erreurs défensives, certes, mais il a su les transformer en or. C’est ça, la marque des grands joueurs : être là au bon moment, avec la lucidité et la froideur nécessaires.
Le repositionnement qui a tout changé
Tout a commencé fin octobre, lors d’un match compliqué contre Nice. L’équipe bretonne coulait à pic, rien ne fonctionnait. L’entraîneur décide alors, presque par nécessité, de décaler Al-Tamari sur le couloir gauche en cours de partie, au poste de piston. Et là, miracle : le joueur jordanien se met à courir partout, à presser sans relâche, à créer le danger à chaque accélération.
Pourquoi ce poste lui va si bien ? La réponse est simple, presque évidente quand on y pense. Ailier droit de formation, il avait l’habitude de repiquer sur son pied gauche, ce qui freinait forcément ses envolées. À gauche, il peut rester sur son pied fort, garder sa vitesse maximale sans avoir à ralentir pour centrer ou frapper. Résultat : il devient quasiment impossible à arrêter en un contre un.
« Là, sur ce côté gauche, il n’a plus besoin de ralentir pour rentrer sur son pied droit. Il utilise sa plus grande qualité, ce côté supersonique. »
– L’entraîneur rennais
Cette phrase résume parfaitement la métamorphose. On parle d’un joueur capable de semer n’importe quel défenseur sur trente mètres. Et quand il combine ça avec un pressing incessant, ça devient un cauchemar pour les relances adverses.
Une soirée décisive contre Brest
Revenons à ce match contre Brest, parce qu’il illustre parfaitement l’impact actuel d’Al-Tamari. Après vingt minutes, Rennes est asphyxié, mené 1-0. Le pressing brestois fait mal, les passes rennaises sont constamment coupées. Et puis, une passe en retrait mal assurée. Al-Tamari sent le coup, fonce, récupère et lance parfaitement son attaquant pour l’égalisation.
Moins d’une minute plus tard, nouvelle erreur adverse. Cette fois, il anticipe, intercepte, accélère et gagne son duel face au gardien. Deux actions, deux buts. Le stade explose, l’équipe se libère. Et lui sort sous l’ovation, conscient d’avoir renversé la rencontre à lui tout seul.
Ce n’est pas seulement de la chance ou des cadeaux adverses. C’est surtout une présence constante, une lecture du jeu affûtée et une finition enfin clinique. Des qualités qu’on ne lui connaissait pas forcément à son arrivée.
D’ailier incertain à titulaire indiscutable
Il faut se souvenir d’où il vient. Arrivé en provenance de Montpellier pour une somme conséquente, il était censé apporter de la profondeur sur le côté droit. Au printemps précédent, il avait montré des fulgurances, surtout cette vitesse hors norme, mais aussi des limites dans le dernier geste. Pas toujours décisif, parfois trop individuel.
L’été dernier, on se posait même la question : allait-il rester ? Certains pensaient à un départ. Et puis, il y a eu ces efforts remarquables dans certains matchs, cette envie de prouver. Petit à petit, il a gagné la confiance du staff.
Mais c’est vraiment ce changement de poste qui a tout débloqué. J’ai rarement vu un repositionnement aussi payant en si peu de temps. En quelques semaines, il est passé de joker intéressant à leader technique de l’équipe.
- Pressing incessant qui étouffe les relances adverses
- Accélérations fulgurantes sur son couloir
- Meilleure lecture des trajectoires défensives
- Finition plus clinique devant le but
- Complicité croissante avec ses partenaires
Ces éléments font de lui un joueur complet, bien loin de l’image de l’ailier fantasque qu’on avait au début.
L’avis du vestiaire et du coach
Dans le vestiaire, on sent une vraie admiration. Ses coéquipiers parlent d’un joueur transformé, qui joue avec le sourire, qui ne lâche rien. Le coach, lui, ne tarit pas d’éloges :
« C’est un joueur qui joue avec le plaisir, avec le sourire, sans se poser de questions. Il a élevé son curseur à tous les niveaux. »
Et le principal intéressé ? Il reste humble, comme toujours :
« Peu importe où je joue, je donne le meilleur de moi-même. »
– Mousa Al-Tamari
Cette mentalité fait toute la différence. À 28 ans, il vit peut-être la meilleure période de sa carrière en club.
Un renouveau collectif porté par un individu
Ce qui est fascinant, c’est que son émergence coïncide avec la très bonne série rennaise. Cinq victoires sur les six derniers matchs, une place dans le haut de tableau assurée à la trêve. Évidemment, il n’est pas seul responsable, mais il incarne parfaitement ce renouveau.
L’équipe joue plus haut, presse mieux, récupère plus haut. Et qui est souvent à l’origine de ces récupérations ? Lui. Son énergie semble contagieuse. Les autres se mettent au diapason.
On sent une vraie osmose tactique. Le piston gauche moderne, c’est exactement ça : un joueur capable de défendre, de courir, mais aussi d’apporter le danger en phase offensive. Al-Tamari coche toutes les cases.
Et maintenant, la Coupe du Monde avec la Jordanie
En parallèle, il porte les espoirs de tout un pays. L’été prochain, la Jordanie disputera sa première Coupe du Monde. Dans un groupe relevé avec l’Argentine, l’Algérie et l’Autriche, Al-Tamari sera évidemment le leader technique.
Cette perspective semble le booster encore plus. Jouer à ce niveau en club, enchaîner les performances, c’est la meilleure préparation possible. On l’imagine déjà briller sur la scène internationale.
Ce qui attend Rennes après la trêve
Après un 32e de finale de Coupe de France contre une équipe de National 3, les Rennais reprendront par un déplacement compliqué à Lille début janvier. Un vrai test pour confirmer cette dynamique.
Avec Al-Tamari à ce niveau, l’équipe a clairement les armes pour viser plus haut. Une place européenne semble à portée de main. Et qui sait, peut-être même jouer les trouble-fêtes dans la course au podium.
Ce que je retiens surtout, c’est la beauté du football parfois. Un joueur qu’on imaginait partir, qu’on trouvait limité dans certains domaines, et qui, grâce à un ajustement tactique malin, devient la pièce maîtresse d’une équipe en pleine ascension. C’est ça qui rend ce sport si passionnant.
Al-Tamari n’a pas fini de nous surprendre. Et franchement, on a hâte de voir la suite.
(Article rédigé avec passion par un amoureux du football qui suit la Ligue 1 depuis des années. Les analyses sont personnelles mais basées sur les observations des matchs et des déclarations publiques.)
