Imaginez un gamin de 22 ans, frêle comme un oiseau, qui regarde le staff poser une veste sur sa chaise pour qu’il n’attrape pas froid… et qui hausse les épaules avec un petit sourire en coin. Ce gamin, c’est Lenny Martinez, et il vient de passer une saison à vous faire tourner la tête. Des sommets étincelants aux creux abyssaux, il trace sa route sans se soucier des conventions. Et franchement, c’est rafraîchissant.
Dans le peloton actuel, où tout est calculé au watt près, où la régularité est souvent élevée au rang de vertu suprême, lui assume pleinement son côté imprévisible. Il gagne, il brille, puis parfois il disparaît. Et alors ? Tant qu’il y a ces moments de pure magie, ces victoires qui font vibrer.
Lenny Martinez, l’instinct avant tout
À Altea, sous le soleil espagnol de décembre, il parle tranquillement de sa première année chez Bahrain Victorious. Le cadre est posé : vagues au loin, vent léger, terrasse d’hôtel. Il est détendu, presque flottant. Et pourtant, derrière cette nonchalance, il y a une détermination farouche.
Il le dit lui-même : il se sent bien dans cette équipe. Le staff le soutient, il y a un vrai projet autour de lui. Ça motive. Mais ce qui frappe surtout, c’est sa façon de voir les choses. Pas de bla-bla corporate, juste du concret.
« Chaque année je me dis que je ne pourrai pas refaire ça… et pourtant, trois victoires en World Tour. Gagner une étape sur Paris-Nice ou le Dauphiné, quand j’étais gosse je regardais ça à la télé. Maintenant, c’est moi. »
Cette phrase résume tout. Il savoure, sans se prendre la tête. Trois succès majeurs en une saison, à 22 ans. C’est énorme. Et il a raison de le souligner : dans le cyclisme d’aujourd’hui, gagner est devenu incroyablement dur.
Une saison en montagnes russes
On parle souvent de son irrégularité. Des jours où il vole, d’autres où il rame. Après ses victoires, il a connu des passages à vide. Même sur le Tour de France, il y a eu des étapes compliquées. Certains y voient un défaut. Lui, non.
Il explique calmement que la régularité absolue signifierait presque gagner tout le temps. Or, pour ça, il faut que tout s’aligne parfaitement : forme, chance, stratégie, récupération. Une seule pièce qui manque, et c’est fini.
Et puis, il le rappelle : il a gagné des courses que beaucoup ne gagnent jamais dans une carrière. Alors les critiques sur sa constance, il les prend avec philosophie.
« Je vois plus le positif que le négatif. »
C’est tout lui. Pas du genre à se flageller. Il préfère célébrer les sommets plutôt que de s’attarder sur les vallées.
Des jours sans : physique ou mental ?
On lui pose la question : ces trous d’air, d’où viennent-ils ? Décompression mentale ? Limite physiologique ? Sa réponse est claire : c’est physique.
Cette année, il s’est rendu compte qu’il pouvait être ultra motivé, sourire dans le bus, et pourtant exploser dès le premier col. Parfois même se sentir presque malade. L’exemple du Dauphiné est parlant : il se traînait, pensait abandonner l’étape… et il gagne quand même.
Comment expliquer ça ? Il hausse les épaules. Les jambes, tout simplement. À ce niveau, 15 watts en moins et c’est l’explosion. Une fois lâché, il ne va pas s’acharner pour une 30e place. Il préfère préserver pour le lendemain, là où il pourra peut-être gagner.
C’est une logique de chasseur d’étapes, pas de prétendant au général. Et il l’assume totalement.
« Soit premier, soit rien »
Voilà sa philosophie. Quand il chasse une étape, c’est tout ou rien. Pas envie de faire deuxième ou troisième. La victoire ou le gruppetto, point.
Il sait que ça crée plus d’émotions. Pour lui, pour les proches, pour les fans. Finir 5e ou 8e d’un Grand Tour, c’est respectable, bien sûr. Mais ça ne le fait pas vibrer autant qu’une attaque gagnante dans une échappée.
« Je donne beaucoup plus d’émotion aux gens en gagnant des courses qu’en jouant les classements généraux. »
Lenny Martinez
Et il ajoute qu’il ne court pas pour plaire à tout le monde. Il court pour ce qui le fait kiffer. Pour l’instant, c’est ça : l’adrénaline de la gagne.
Est-ce qu’il pourrait un jour viser un général ? Il ne ferme aucune porte. Il pense qu’on peut faire les deux. Mais clairement, son cœur balance vers les coups d’éclat.
Un caractère qui ne passe pas inaperçu
Son directeur sportif, Roman Kreuziger, l’a parfois secoué publiquement. De l’extérieur, on pourrait penser à un conflit. Lui rigole : au début il trouvait Kreuziger un peu froid, puis il a compris que derrière la façade, il y a un mec sympa.
Preuve que Lenny ne se formalise pas facilement. Il prend les choses comme elles viennent, avec une certaine légèreté. Cette veste qu’on veut lui faire porter ? Il reste en tee-shirt. Symbole d’une petite rébellion tranquille.
Ce côté un peu rebelle, instinctif, fait partie de son charme. Dans un sport parfois aseptisé, il apporte une bouffée d’air frais.
Et demain ?
Il sait qu’il doit progresser sur la régularité. Il pense que ça viendra avec l’âge, l’expérience. Mais il ne veut surtout pas perdre cette capacité à s’enflammer les bons jours.
Parce que c’est là qu’il est le plus fort. Quand tout s’aligne, il peut battre n’importe qui en montagne. Et tant qu’il continuera à gagner des courses prestigieuses, il ne voit pas pourquoi il changerait radicalement.
Le cyclisme a besoin de coureurs comme lui. Des gars qui osent, qui tentent, qui vivent pleinement leurs courses. Pas seulement des machines à points UCI.
- Des victoires qui marquent les esprits
- Une personnalité attachante et authentique
- Un potentiel énorme encore à exploiter
- Une philosophie qui rappelle les grandes heures du cyclisme d’attaque
Lenny Martinez n’est peut-être pas encore au sommet de son art. Mais il est déjà l’un des grimpeurs les plus excitants à suivre. Et quelque chose me dit que les prochaines années vont être passionnantes.
Parce qu’un coureur qui préfère la victoire éclatante à la place honorable, ça ne court pas les routes tous les jours. Et quand il passe à l’attaque, on a tous envie de le suivre.
En attendant 2026, on peut déjà rêver. Un Tour de France où il chasse les étapes ? Des classiques ardennaises ? Ou peut-être un jour un podium sur un Grand Tour ? Tout semble possible avec ce garçon.
Une chose est sûre : tant qu’il gardera cette flamme, cette envie de tout donner pour la gagne, il continuera à nous faire vibrer. Et ça, ça n’a pas de prix.
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