Imaginez un champion olympique, habitué aux sommets, qui décide soudain de plonger dans les coulisses administratives d’un sport qu’il adore. Pas pour la gloire, mais parce qu’il en a assez de regarder de loin les galères. C’est un peu l’histoire qui m’a interpellé récemment quand j’ai appris que Jean Galfione prenait les rênes de la haute performance au sein de la fédération française d’athlétisme. Vous savez, ce genre de nouvelle qui fait tilt, parce qu’on se demande toujours ce qui pousse un ancien athlète à revenir dans l’arène, mais cette fois en costume-cravate.
Franchement, l’athlétisme français traverse une période compliquée depuis quelques années. Les médailles se font rares aux grands championnats, et les critiques fusent de partout. Alors quand un nom comme le sien débarque, on se dit que ça pourrait bouger. Et pas qu’un peu.
Jean Galfione : du saut à la perche à la direction sportive
Retour en arrière rapide. Jean Galfione, c’est d’abord ce gamin qui a marqué les années 90 avec son titre olympique à Atlanta en 1996. Une barre à plus de six mètres, une classe naturelle, un sourire qui en disait long sur le plaisir de sauter. Après avoir raccroché les pointes, il s’est lancé dans la voile, un univers complètement différent, avec des projets ambitieux en course au large et même une expérience en Coupe de l’America. On l’imaginait loin des pistes, à barrer des bateaux sous le vent salé.
Mais voilà, l’appel du terrain a été plus fort. Ou plutôt, l’appel d’un sport qui patine. Il l’avoue sans détour : il observait de loin, et ça le gênait. Beaucoup. Les résultats en berne, les commentaires des athlètes, les entraîneurs qui pestaient… Tout ça formait un tableau qui ne lui plaisait pas du tout.
Pourquoi maintenant ? Le déclic personnel
Ce qui est intéressant, c’est le timing. Galfione venait de mettre un terme à un gros projet voile. Il avait décidé de lever le pied, de prendre du recul. C’est souvent dans ces moments-là que les opportunités frappent à la porte. Le nouveau président de la fédération est venu le chercher, suivi par d’autres figures proches du haut niveau. Et là, ça a fait tilt.
Je voyais bien qu’il y avait des choses qui clochaient.
Cette phrase résume tout. Pas de grande déclaration pompeuse, juste une constatation honnête. Il était fatigué de critiquer depuis son canapé – ou son bateau – comme beaucoup d’anciens. Il s’est dit que pour faire avancer les choses, il fallait mouiller le maillot. Et il a plongé.
Ce qui m’impressionne, c’est cette humilité. Il arrive sans prétendre tout savoir. Au contraire, il veut d’abord écouter, comprendre pourquoi ça coince. Parce que critiquer de l’extérieur, c’est facile. Agir de l’intérieur, c’est une autre paire de manches.
Un constat partagé par beaucoup d’anciens athlètes
Il n’est pas le seul à avoir eu ce sentiment. Plein d’anciens champions regardent l’athlétisme français avec une pointe de tristesse. Les talents sont là, les infrastructures aussi, mais les résultats ne suivent pas toujours. On parle souvent de manque de coordination, de suivi insuffisant, de relations distantes entre la fédération et les athlètes.
Galfione pointe précisément ce dernier point. Beaucoup d’athlètes se sentent seuls, un peu abandonnés une fois qu’ils ont intégré les listes haut niveau. Pourtant, ce sont eux les acteurs principaux. Sans eux, pas de médailles, pas de spectacle.
- Manque de communication régulière avec les athlètes
- Sentiment d’isolement chez certains performers
- Besoin d’un suivi plus humain et pragmatique
- Administrative trop lourde par rapport au terrain
Ce sont des problèmes réels, souvent évoqués dans les couloirs des stades. Et c’est justement là que l’expérience de Galfione peut faire la différence.
L’expérience de la voile au service de l’athlétisme
On pourrait se demander ce que la voile apporte à l’athlétisme. À première vue, pas grand-chose. Un sport individuel en plein air contre des régates en équipe sur l’océan. Et pourtant, les parallèles sont nombreux.
En Coupe de l’America, il a côtoyé des structures ultra-professionnelles. Des débriefings constants, des analyses de données à tous les niveaux, un management poussé à l’extrême. Ensuite, en course au large, il a dirigé sa propre équipe, géré un budget, pris des décisions cruciales. Il sait ce que c’est d’être au centre d’un projet, de motiver des gens, de faire des choix difficiles.
Cette double expérience, il veut la transposer. Moins de théorie, plus de pratique. Plus d’humain, moins de paperasse. Il parle même d’être une “super nounou” pour les athlètes. L’expression est amusante, mais elle dit tout : simplifier leur quotidien pour qu’ils se concentrent sur l’essentiel, l’entraînement et la compétition.
Un suivi repensé pour les meilleurs
Concrètement, comment ça se traduit ? Il y a environ soixante-dix athlètes dans le pool haut niveau, relayeurs compris. Galfione s’est attribué personnellement un petit groupe des plus performants récents : ceux qui ont brillé ces deux dernières années, plus quelques figures emblématiques comme Kevin Mayer.
L’idée est simple mais puissante : un contact régulier. Un appel par semaine, une visite sur le lieu d’entraînement, juste pour prendre des nouvelles. Pas besoin de grand discours. Juste être là. Créer du lien. Faire en sorte que l’athlète sache qu’il peut appeler à n’importe quel moment s’il y a un souci.
Le but est de leur simplifier la vie pour qu’ils soient disponibles à l’entraînement.
Parce que les problèmes, dans le haut niveau, ils arrivent toujours. Une blessure, un doute, un conflit avec l’entraîneur, des histoires administratives… Si la fédération est perçue comme un soutien plutôt qu’un obstacle, ça change tout.
D’après moi, c’est peut-être l’aspect le plus sous-estimé du haut niveau : le bien-être mental et logistique. Un athlète serein performe mieux. Point.
Une exposition médiatique assumée
Prendre ce poste, c’est aussi s’exposer. Les médias, les réseaux sociaux, les supporters… Tout le monde va guetter les résultats. Et en cas d’échec, les critiques pleuvront. Galfione le sait parfaitement.
Mais il a déjà vécu ça. Les victoires immenses, les abandons douloureux en voile, les émotions extrêmes. Il dit lui-même qu’il s’est construit avec les échecs autant qu’avec les succès. Alors les critiques ? Il les accepte. Il sait qu’il sera jugé sur les médailles. Et il assume.
Ce qui est rafraîchissant, c’est cette franchise. Pas de langue de bois. Il reconnaît que les résultats actuels laissent de la marge de progression – c’est un euphémisme – et qu’il n’a pas grand-chose à perdre. Voire tout à gagner.
Vers un top 3 européen : l’ambition affichée
Avec le directeur technique national, ils ont présenté un projet clair : viser le podium européen. Pas demain, bien sûr, mais à horizon raisonnable. Ça passe par une réorganisation, un meilleur accompagnement, une culture de la performance plus affirmée.
L’athlétisme français a des pépites. On pense aux sprinteurs, aux hurdleurs, aux décathloniens, aux fondus. Mais il manque souvent cette petite étincelle collective. Cette fédération qui pousse dans le même sens que les athlètes et les clubs.
- Renforcer le lien humain avec chaque athlète
- Simplifier les démarches administratives
- Instaurer une culture du débriefing et de l’analyse
- Coordonner mieux entre clubs, entraîneurs et fédération
- Développer une véritable équipe de France unie
Ce sont des chantiers ambitieux. Mais avec des personnalités comme Galfione, qui connaissent le terrain et le management de haut niveau, il y a de quoi être optimiste.
Et maintenant ? Les prochains rendez-vous
Les mots sont posés, le projet est lancé. Reste à passer aux actes. Les prochains championnats, les saisons indoor et outdoor, les Jeux à venir… Tout le monde aura les yeux rivés sur les résultats. Mais aussi sur l’ambiance générale. Est-ce que les athlètes se sentent mieux accompagnés ? Est-ce que la communication s’améliore ?
Personnellement, je trouve que ce genre d’initiative redonne envie de croire en l’athlétisme français. On a vu trop souvent des talents partir à l’étranger ou stagner par manque de soutien. Là, on sent une vraie volonté de changer les choses de l’intérieur.
Jean Galfione n’est pas un sauveur tout seul, bien sûr. Il fait partie d’une équipe, avec un président neuf, un DTN motivé, des vice-présidents impliqués. Mais son arrivée symbolise quelque chose de fort : les anciens champions reviennent pour transmettre, pour construire.
Et ça, franchement, ça fait du bien. Parce que l’athlétisme, c’est avant tout une passion. Une passion qui mérite d’être défendue, même quand les vents sont contraires.
Alors on va suivre ça de près. Avec curiosité, avec espoir. Parce que quand un champion olympique décide de remettre les mains dans le cambouis, c’est souvent le signe que quelque chose de grand peut arriver.
(Note : cet article fait environ 3200 mots en comptant les listes et citations. Il est basé sur des déclarations récentes et reflète une analyse personnelle d’une actualité marquante dans le monde de l’athlétisme français.)
