Vous est-il déjà arrivé de regarder un match européen en milieu de semaine et de vous demander pourquoi l’équipe alignée ressemble si peu à celle du championnat ? À Strasbourg cette saison, c’est presque devenu une habitude. Et derrière tout ça, il y a un homme : Liam Rosenior. L’entraîneur anglais voit clairement la Ligue Conférence comme une formidable opportunité pour tester, ajuster, faire grandir. Franchement, c’est rafraîchissant de voir un coach qui ose autant.
La Ligue Conférence, un laboratoire grandeur nature
Quand on pense aux coupes d’Europe, on imagine souvent les stars, les cadors qui enchaînent les minutes pour porter le club le plus loin possible. À Strasbourg, c’est tout l’inverse. Liam Rosenior profite de cette phase de ligue pour faire tourner à fond. Et le résultat est là : le club alsacien domine son groupe et s’est déjà assuré une place directe en huitièmes de finale. Pas mal pour une compétition souvent vue comme secondaire.
Ce qui frappe, c’est la variété. En cinq matchs, l’équipe a évolué avec cinq systèmes tactiques différents. Du classique 4-3-3 à des schémas plus audacieux avec trois défenseurs centraux ou des pistons très offensifs. Rosenior ne se contente pas de changer les noms sur la feuille de match, il modifie carrément la façon de jouer. Et ça, c’est plutôt rare en France où beaucoup de coaches préfèrent la stabilité absolue.
Je trouve ça passionnant. Dans un football de plus en plus formaté, voir un entraîneur qui expérimente ouvertement, c’est une bouffée d’air frais. Bien sûr, il y a des risques, mais jusqu’à présent, le bilan est largement positif.
Des cadres qui respirent, des remplaçants qui brillent
Les joueurs habituellement titulaires en Ligue 1 profitent de ces soirées européennes pour souffler. On pense à certains défenseurs centraux ou milieux relayeurs qui accumulent les minutes le week-end. Résultat : ils arrivent plus frais pour les échéances domestiques. C’était un vrai problème la saison passée, avec cet effondrement en fin de championnat. Cette année, Rosenior semble avoir tiré les leçons.
Mais le plus intéressant, c’est ce qui se passe de l’autre côté. Les joueurs moins utilisés en championnat se retrouvent propulsés sous les projecteurs européens. Et certains en profitent largement.
- Un attaquant wing capable de marquer, faire marquer et même provoquer des penalties en quelques apparitions seulement.
- Un défenseur central irlandais qui gagne peu à peu sa place dans la hiérarchie grâce à des prestations solides face à des adversaires variés.
- Des jeunes milieux qui accumulent plus de temps de jeu en Europe qu’en Ligue 1.
Ces exemples montrent que le turnover n’est pas juste une gestion de fatigue. C’est une vraie stratégie de développement. Rosenior l’a dit lui-même : l’objectif est de concerner tout le monde et surtout de donner de l’expérience à ceux qui en ont le plus besoin.
« On fait du turnover parce qu’on a un effectif plus large. Par conséquent, les connexions entre les joueurs mettent plus de temps à se mettre en place. »
Liam Rosenior, en conférence de presse
Cette phrase résume bien la philosophie. Avec un groupe plus profond que la saison précédente, il faut du temps pour que les automatismes se créent. La Ligue Conférence offre justement ce temps précieux, sans la pression immédiate du résultat en championnat.
Quand l’expérimentation a ses limites
Évidemment, tout n’est pas parfait. Rosenior lui-même le reconnaît. La saison dernière, avec un effectif plus réduit, l’équipe tournait comme une horloge. Les automatismes étaient huilés, les joueurs se trouvaient les yeux fermés. Cette année, avec les voyages, le rythme infernal et les rotations, c’est plus compliqué.
Certains matchs en championnat ont montré des lacunes dans les liaisons entre les joueurs. Des passes qui ne trouvent pas preneur, des mouvements moins fluides. C’est le prix à payer pour avoir un groupe plus compétitif sur plusieurs tableaux.
Et puis, il y a les performances individuelles. Si certains remplaçants brillent, d’autres peinent à saisir leur chance, même face à des équipes théoriquement plus faibles. Des prestations parfois compliquées qui interrogent sur leur capacité à passer un cap.
Moi, je pense que c’est normal. Quand on donne du temps de jeu à des jeunes ou à des joueurs en manque de rythme, il y a forcément des hauts et des bas. L’important, c’est la progression sur la durée.
Vers un match décisif contre Breidablik
Ce jeudi soir, Strasbourg reçoit Breidablik pour la dernière journée de phase de ligue. La qualification est déjà dans la poche, la première place aussi très probablement. L’occasion parfaite pour continuer les essais.
Plusieurs joueurs clés vont partir en sélection pour la Coupe d’Afrique des Nations qui démarre bientôt. C’est donc le moment idéal pour tester les solutions de remplacement. Peut-être verrons-nous un sixième système différent ? Ou des jeunes encore plus mis en avant ?
Ce qui est sûr, c’est que Rosenior ne va pas lever le pied. Il l’a prouvé tout au long de cette campagne européenne : chaque match compte pour progresser.
Une stratégie payante sur le long terme ?
À ce stade de la saison, le bilan est plutôt positif. Strasbourg performe en Europe, reste compétitif en Ligue 1 malgré quelques accrocs, et surtout, l’effectif semble plus équilibré. Les jeunes progressent, certains remplaçants deviennent des options crédibles, et les cadres préservent leur fraîcheur.
Mais la vraie question va se poser dans quelques mois. Quand la fatigue accumulée des matchs européens se fera sentir. Quand les absences pour la CAN vont peser. Est-ce que cette politique de rotation aura renforcé le groupe suffisamment pour tenir sur tous les fronts ?
Personnellement, je suis plutôt optimiste. Rosenior montre une vraie vision, une capacité à penser au-delà du résultat immédiat. Dans un football français souvent critiqué pour son manque d’audace tactique, c’est encourageant.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Est-ce que cette approche laboratoire est la bonne pour un club comme Strasbourg ? Ou vaut-il mieux privilégier la stabilité à tout prix ? Les prochains mois nous donneront des éléments de réponse. En attendant, une chose est sûre : les jeudis soir européens à la Meinau ont rarement été aussi intéressants à suivre.
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