Imaginez un peu : votre club préféré domine la Ligue 1 à quelques jours de Noël, et pourtant, l’ambiance autour du mercato reste étonnamment zen. Pas de folies dépensières, pas de rumeurs explosives tous les jours. Juste un gros coup déjà bouclé en avance, et une sérénité qui tranche avec l’agitation habituelle des autres écuries. C’est exactement ce que vit le RC Lens en cette fin 2025. Et franchement, ça fait du bien de voir un club gérer son succès avec autant de maturité.
Un mercato sous le signe de la stabilité
Le grand événement de cet hiver lensois, c’est évidemment l’arrivée d’Amadou Haïdara. À 27 ans, ce milieu malien expérimenté débarque en provenance de Leipzig pour une somme ridicule – à peine 3 millions d’euros, bonus compris. Quand on sait que son contrat expirait en juin, on comprend mieux pourquoi les dirigeants ont sauté sur l’occasion. Un renfort d’anticipation, comme ils disent au club. Et ils n’ont pas tort.
Parce que oui, Haïdara va apporter de la solidité, de l’expérience internationale – 47 sélections avec le Mali – et cette capacité à casser les lignes qui manquait parfois dans l’entrejeu sang et or. Présent à la CAN en ce moment, il passera sa visite médicale et signera officiellement début janvier pour une durée jusqu’en 2029. Un contrat long, signe que le club voit en lui un pilier pour les années à venir.
Mais ce qui m’impressionne le plus, c’est la philosophie derrière cette opération. Lens ne cherche pas à empiler les stars pour briller immédiatement. Non, le club construit quelque chose de durable. Après les grosses ventes de l’été – plus de 70 millions d’euros encaissés avec les départs vers Marseille, Rome et Milan – les finances sont saines. Pas besoin de vendre pour survivre. Juste l’envie d’ajuster, de peaufiner une machine déjà bien rodée.
Les postes qui pourraient encore bouger
Alors, concrètement, où pourrait-on voir du mouvement ? Deux secteurs reviennent souvent dans les discussions internes : le poste de piston gauche et celui de défenseur central droit.
Côté gauche, le départ de Deiver Machado vers Nantes début décembre a laissé un vide. Certes, le jeune Anthony Bermont, 20 ans et pur produit de la Gaillette, a montré de belles choses en doublure. Mais avec la charge des matchs qui s’accumule, un renfort supplémentaire ne serait pas de refus. Pas forcément un titulaire indiscutable, plutôt un joueur capable d’apporter de la concurrence saine.
Et puis il y a Jhoanner Chávez. L’international équatorien, sous contrat jusqu’en 2028, ne rentre pas vraiment dans les plans actuels. S’il trouve une porte de sortie intéressante cet hiver, le club pourrait activer une arrivée. Sinon, on reste en l’état. C’est tout le pragmatisme lensois : on observe, on évalue, on agit seulement si ça a du sens.
Le club n’est pas dans une recherche proactive, mais reste attentif aux opportunités.
En défense centrale, la blessure de Jonathan Gradit – fracture tibia-péroné fin novembre – a forcément créé un trou. À 33 ans, l’expérimenté défenseur va manquer plusieurs mois. Mais là encore, la réponse est interne avant tout. Ismaëlo Ganiou, 20 ans, et le très prometteur Kyllian Antonio, seulement 17 ans, vont avoir leur chance. Des jeunes formés au club, imprégnés des valeurs sang et or.
Si jamais une opportunité se présente – un prêt intéressant, par exemple – pourquoi pas. Mais l’idée est claire : ne pas bloquer le retour de Gradit ni freiner l’éclosion des talents maison. J’aime cette approche. Dans un football où tout va trop vite, voir un club faire confiance à sa formation, c’est rafraîchissant.
Les départs possibles : qui pourrait quitter le navire ?
Dans l’autre sens, les mouvements devraient être limités. Grâce aux ventes estivales, le club n’a aucune pression financière. Les joueurs les plus courtisés – ceux qui font briller l’équipe chaque week-end – sont intouchables. Point final.
Cependant, quelques profils avec peu de temps de jeu pourraient chercher du temps ailleurs. Hamzat Ojediran, le jeune milieu nigérian de 22 ans, a des touches en Turquie et en MLS. Un départ en prêt ou définitif n’est pas exclu.
Fodé Sylla, 19 ans, pourrait aussi être prêté avec l’arrivée d’Haïdara qui va densifier encore plus le milieu. Une façon de lui offrir du temps de jeu régulier ailleurs, tout en gardant un œil sur son développement.
Et puis il y a les cas particuliers des joueurs en fin de contrat. Florian Sotoca, le capitaine emblématique à 35 ans, arrive au terme de son bail en juin. Courtisé par Nantes, il aura le choix final. Restera-t-il pour écrire encore quelques pages de l’histoire lensoise ? Difficile de l’imaginer ailleurs, mais le football réserve parfois des surprises.
- Départs certains : Aucun pour le moment
- Départs possibles : Chávez (si offre), Ojediran, Sylla (prêt), Sotoca (fin de contrat)
- Intouchables : Les cadres actuels et les jeunes à fort potentiel
Adrien Thomasson, Malang Sarr et Wesley Saïd sont aussi en fin de contrat en juin. Les discussions sont en cours, avec cette volonté claire de rester dans une masse salariale maîtrisée. Aucun d’eux ne semble pressé de partir cet hiver. La continuité prime.
La force d’un projet cohérent
Ce qui ressort de tout ça, c’est la cohérence du projet lensois. Leader de Ligue 1, le club aurait pu se laisser griser et partir dans tous les sens. Au lieu de ça, on privilégie la stabilité, la formation, les coups malins comme Haïdara. C’est presque un modèle dans le football français actuel.
Je me souviens encore des années difficiles, pas si lointaines, où le club luttait pour son maintien. Voir aujourd’hui Bollaert vibrer chaque semaine, avec une équipe compétitive et un centre de formation qui produit des talents, ça fait plaisir. Et cette première place à Noël n’est pas un hasard. C’est le fruit d’un travail de longue haleine.
Évidemment, rien n’est jamais acquis. La deuxième partie de saison sera longue, avec la Coupe de France et la gestion de l’effectif. Mais avec cette stratégie calme et réfléchie, Lens se donne les moyens de durer au haut niveau. Pas juste un feu de paille, mais une vraie ambition sustainable.
Et si la première place changeait la donne ?
Une question que je me pose : est-ce que cette position de leader pourrait attirer des profils qu’on n’aurait pas osé viser autrement ? Un joueur en difficulté dans un grand club, tenté par un projet excitant et du temps de jeu garanti ? C’est possible. La dynamique positive joue toujours un rôle dans les choix des joueurs.
Mais connaissant la direction lensoise, même dans ce cas, on resterait fidèle à la ligne : pas de folie, que des opérations réfléchies. L’enveloppe financière reste limitée – deux étoiles sur cinq, disons – et c’est tant mieux. Ça force à être créatif, à bien recruter, à valoriser l’existant.
En résumé, ce mercato hivernal s’annonce tranquille. Un gros coup déjà acté avec Haïdara, quelques ajustements possibles, et surtout une confiance totale dans le groupe actuel et les jeunes qui poussent derrière. Dans un football français souvent agité, Lens fait figure d’oasis de calme et de raison.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Le club a-t-il raison de rester aussi mesuré ? Ou devrait-il profiter de sa dynamique pour frapper plus fort ? Une chose est sûre : le début 2026 s’annonce passionnant dans le Pas-de-Calais.
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