Vous êtes-vous déjà demandé ce que ça fait de passer Noël avec la rage au ventre, quand votre métier, celui qui nourrit le pays, semble menacé de toutes parts ? En cette fin décembre 2025, les agriculteurs français vivent exactement ça. Les routes sont encore parsemées de barrages, les tracteurs ronronnent sur les axes majeurs, et l’ambiance n’est clairement pas à la fête. Même si certains points de blocage ont été levés avec le début des vacances scolaires, la mobilisation tient bon.
J’ai suivi ces mouvements depuis plusieurs semaines maintenant, et franchement, ce qui frappe, c’est cette détermination farouche. Ce n’est pas juste une colère passagère. C’est profond. Ça touche à l’avenir d’un secteur entier.
Une mobilisation qui ne faiblit pas vraiment à Noël
Ce vendredi 19 décembre, alors que beaucoup chargent la voiture pour rejoindre la famille, près de 93 actions étaient encore en cours à travers le territoire. Moins de 4000 personnes mobilisées, selon les chiffres officiels, mais c’est suffisant pour perturber sérieusement la circulation. Quelques barrages ont été démontés – sur l’A20, l’A89, ou encore dans certains départements comme la Haute-Savoie – mais globalement, les agriculteurs restent sur le pont.
Le gouvernement, lui, multiplie les appels au calme. Le ministre de l’Intérieur a même parlé de “responsabilité” pour lever les barrages et permettre aux Français de passer des fêtes tranquilles. Facile à dire quand on n’est pas directement concerné par les décisions qui pèsent sur toute une profession.
Mais pourquoi cette mobilisation maintenant, juste avant Noël ? Parce que les sujets brûlants n’attendent pas le calendrier. Deux dossiers explosifs dominent : la gestion de la dermatose nodulaire bovine et l’accord commercial avec le Mercosur.
La dermatose nodulaire, le déclencheur principal
Revenons un peu en arrière pour bien comprendre. Cette maladie virale touche les bovins et provoque des nodules sur la peau, de la fièvre, une baisse de production laitière. Rien de mortel en soi pour l’animal, mais économiquement, c’est une catastrophe pour l’éleveur. Et la réponse sanitaire actuelle ? L’abattage total des troupeaux en cas de foyer détecté.
Imaginez : vous avez passé des années à constituer votre cheptel, à sélectionner les meilleures bêtes, et du jour au lendemain, tout part à l’abattoir à cause d’un cas. C’est ce que refusent catégoriquement les agriculteurs. Ils demandent l’arrêt de cette politique d’abattage systématique et une généralisation de la vaccination, même pour les races moins concernées.
La généralisation de la vaccination est inéluctable si on veut sortir de cette crise durablement.
– Un observateur aguerri du monde agricole
L’aspect le plus révoltant, selon beaucoup sur le terrain, c’est que des solutions existent ailleurs en Europe. Pourquoi pas chez nous ? La question revient sans cesse dans les discussions autour des barrages.
Le spectre du Mercosur plane toujours
L’autre gros dossier, c’est cet accord commercial entre l’Union européenne et les pays du Mercosur. Reporté de quelques semaines grâce à la pression française et italienne, il doit être soumis au vote début janvier au Paraguay. Mais pour les agriculteurs, le texte tel qu’il a été négocié reste inacceptable.
On parle d’importations massives de viande bovine, de sucre, de volaille provenant d’Amérique du Sud, souvent produites avec des normes bien moins strictes qu’en Europe. Concurrence déloyale, disent-ils. Et ils n’ont pas tout à fait tort quand on regarde les différences en matière de traçabilité, d’usage d’antibiotiques ou de déforestation.
La ministre de l’Agriculture elle-même a qualifié cet accord de “d’un autre âge”. Ça en dit long. Pourtant, le risque qu’il passe quand même existe bel et bien.
Les syndicats en ordre dispersé sur la trêve
C’est peut-être là que ça devient le plus intéressant. Le gouvernement a reçu les principaux syndicats à Matignon dans la matinée du 19 décembre. Objectif affiché : obtenir une forme de “trêve de Noël”. Mais les positions divergent fortement.
- Le syndicat majoritaire appelle à une pause, conditionnée à des engagements écrits précis du Premier ministre.
- Les jeunes agriculteurs acceptent l’idée d’une trêve mais préviennent : à la rentrée, on repartira de plus belle si rien ne bouge vraiment.
- Un autre syndicat parle de “bienveillance” pendant les fêtes mais laisse la décision aux départements locaux.
- Le plus à gauche, lui, refuse net : pas de levée des barrages tant que l’engagement clair sur la fin de l’abattage total n’est pas obtenu.
Du coup, on assiste à une situation un peu chaotique. Certains barrages se lèvent, d’autres tiennent bon. Les agriculteurs sur place décident souvent eux-mêmes, en fonction de l’ambiance locale et des avancées perçues.
Personnellement, je trouve ça plutôt sain. Ça montre que le mouvement n’est pas téléguidé depuis Paris. Il vit au rythme des réalités du terrain.
Ce que dit vraiment le gouvernement
De son côté, l’exécutif multiplie les gestes. Un courrier détaillant les “intentions” devait être envoyé dans la soirée du 19. Des ouvertures sur la vaccination pour certaines races. Des discussions prévues début janvier. Mais sur le point crucial de l’abattage, ça coince toujours.
Et puis il y a ces appels à la “solidarité” pour que Noël puisse se passer normalement. Compréhensible d’un côté – personne n’a envie de rester bloqué sur l’autoroute avec les enfants à l’arrière. Mais de l’autre, c’est un peu culotté quand on connaît les concessions demandées aux agriculteurs depuis des années.
Il y a des gens qui ont besoin de travailler en cette période, par solidarité il faut vraiment que Noël puisse se faire.
– Une responsable ministérielle
Le message passe mal sur les barrages, semble-t-il.
Et après Noël, qu’est-ce qui nous attend ?
Janvier s’annonce chargé. Nouveau round de négociations à Matignon. Vote probable sur le Mercosur. Et si les promesses ne sont pas tenues, une reprise massive des actions est déjà dans tous les esprits.
Ce qui est sûr, c’est que cette crise révèle une fracture profonde entre le monde agricole et les décisions prises loin des exploitations. Les agriculteurs ne demandent pas la lune : des normes équitables, une gestion sanitaire proportionnée, la possibilité de vivre décemment de leur travail.
En attendant, certains passeront Noël autour d’un feu de palettes sur un rond-point. D’autres rentreront chez eux, épuisés mais déterminés. L’année 2026 s’annonce sous tension dans les campagnes françaises.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Est-ce que cette mobilisation est justifiée, même en pleine période de fêtes ? Ou devrait-on privilégier le dialogue sans pression ? Les commentaires sont ouverts, j’ai hâte de lire vos avis.
Pour aller plus loin, voici quelques points clés à retenir de cette journée du 19 décembre :
- 93 actions encore actives en soirée
- Moins de 4000 mobilisés mais une présence symbolique forte
- Syndicats divisés sur la stratégie de trêve
- Négociations en cours mais points de blocage persistants
- Rendez-vous fixés début janvier pour la suite
Cette crise agricole n’est pas près de s’éteindre. Elle reflète des enjeux bien plus larges : souveraineté alimentaire, normes environnementales, concurrence internationale. Des sujets qui nous concernent tous, finalement, quand on fait ses courses ou qu’on passe à table.
Je continuerai à suivre ça de près dans les prochaines semaines. Restez connectés.
