Il y a des soirs où l’actualité vous prend aux tripes. Hier, samedi 20 décembre 2025, vers 21 heures, un jeune homme à peine sorti de l’adolescence a perdu la vie sous les balles, en pleine rue, dans le nord de Marseille. Une exécution rapide, froide, depuis une voiture qui a filé dans la nuit. Encore un drame qui rappelle cruellement que certaines villes françaises vivent sous la menace permanente du narcotrafic.
Je me souviens encore de ces images d’archives, ces reportages qui semblaient presque irréels il y a quelques années. Aujourd’hui, c’est la routine macabre d’une cité phocéenne qui n’arrive pas à se défaire de cette spirale infernale. Et franchement, on se demande parfois jusqu’où ça ira.
Un nouveau drame dans les quartiers nord
Les faits sont simples, brutaux. Boulevard Jourdan, dans le 14e arrondissement. Un secteur connu pour être un point chaud. Le jeune homme, âgé d’une vingtaine d’années, se trouvait là quand une voiture s’est approchée. Plusieurs coups de feu ont retenti. À l’arrivée des secours, il était déjà trop tard.
Les marins-pompiers n’ont rien pu faire. La police judiciaire a pris l’affaire en main immédiatement, signe que les enquêteurs soupçonnent très vite un lien avec le trafic de stupéfiants. D’après les premières informations, la victime n’était pas particulièrement connue des services de police. Un détail qui interpelle : était-il vraiment la cible visée, ou une malheureuse erreur ?
Dans ces affaires-là, la rapidité d’exécution et le mode opératoire parlent d’eux-mêmes : c’est souvent du travail « professionnel ».
– Un observateur habitué des dossiers criminels
Ce genre de phrase, on l’entend trop souvent. Et pourtant, elle résume parfaitement la mécanique glaçante de ces homicides.
Le narcotrafic, ce fléau qui ne lâche pas Marseille
Parlons franchement : Marseille et le narcotrafic, c’est une histoire ancienne, presque une malédiction. Les quartiers nord concentrent une grande partie des points de deal. Les réseaux s’affrontent pour le contrôle des territoires, des livraisons, des parts de marché. Et quand la concurrence devient trop rude, on passe aux armes.
En 2025, avant même cet homicide, on comptait déjà 17 morts liées directement à ces guerres de gangs dans les Bouches-du-Rhône. Avec ce nouveau cas, on arrive à 18. Dix-huit vies fauchées en un an. C’est énorme. C’est terrifiant.
Ce qui frappe, c’est la jeunesse des victimes et des tueurs. Des gamins qui grandissent dans un environnement où l’argent rapide du deal semble la seule issue. Et puis un jour, une kalachnikov ou un pistolet automatique entre dans l’équation, et tout bascule.
- Des armes de plus en plus accessibles, souvent venues de l’étranger
- Des réseaux structurés comme de vraies entreprises criminelles
- Une économie parallèle qui génère des millions
- Des jeunes recrutés comme guetteurs, livreurs, puis exécuteurs
Ces éléments forment un cocktail explosif. Et les habitants des quartiers concernés en paient le prix fort, coincés entre peur et silence.
Pourquoi ces violences semblent-elles inépuisables ?
On pourrait se dire que l’État a renforcé les moyens, que les opérations policières se multiplient. Oui, c’est vrai. Des saisies records de drogue, des interpellations, des démantèlements. Mais le problème est plus profond.
La demande reste énorme. Tant qu’il y aura des consommateurs en France et en Europe, il y aura des fournisseurs prêts à tout. Et Marseille, avec son port, reste une plaque tournante idéale. Les conteneurs arrivent, la marchandise est écoulée, l’argent circule.
Mais il n’y a pas que l’aspect économique. Il y a aussi le désœuvrement, le manque de perspectives pour une partie de la jeunesse. Quand l’école décroche, quand l’emploi manque, le deal devient une tentation. Pas pour tout le monde, heureusement. Mais pour suffisamment de jeunes pour alimenter les réseaux.
Le vrai combat, ce n’est pas seulement policier. C’est social, éducatif, économique.
Je suis entièrement d’accord. On peut arrêter dix narcobandits aujourd’hui, il y en aura vingt pour les remplacer demain si rien ne change en amont.
Les habitants pris en otage
Ceux qui souffrent le plus, ce sont les résidents ordinaires. Ceux qui élèvent leurs enfants dans ces quartiers, qui vont au travail tous les matins, qui essayent simplement de vivre normalement. Ils entendent les fusillades, voient les rubalises, évitent certains endroits la nuit.
Il y a cette omerta aussi, cette peur de témoigner. Parce que parler, c’est risquer des représailles. Et quand on voit la vitesse à laquelle ces tueurs opèrent, on comprend la terreur.
Parfois, des initiatives citoyennes émergent. Des associations, des collectifs qui disent stop à la violence. Des marches blanches, des rassemblements. Mais face à la puissance de feu des gangs, c’est David contre Goliath.
Et les solutions, alors ?
On en parle beaucoup, des solutions. Renforcer la présence policière, oui. Installer plus de caméras, créer des unités spécialisées. Tout ça aide. Mais ça ne suffit pas.
Il faudrait investir massivement dans l’éducation, la formation, les activités pour les jeunes. Redonner de l’espoir. Créer des emplois. Rénover les quartiers. Faire en sorte que le deal ne soit plus perçu comme la seule voie rapide vers la réussite.
- Agir sur la demande en renforçant la prévention et les soins aux addictions
- Développer des programmes de réinsertion pour les petits dealers
- Coopérer au niveau européen pour couper les routes d’approvisionnement
- Investir dans le lien social et les infrastructures
Évidemment, tout cela coûte cher et prend du temps. Mais l’alternative, c’est continuer à compter les morts. Et ça, personne ne peut s’y résoudre.
Un phénomène qui dépasse Marseille
Attention, ne croyons pas que c’est uniquement marseillais. D’autres villes françaises connaissent des poussées de violence similaires. Nantes, Lyon, certaines banlieues parisiennes… Le narcotrafic gangrène plusieurs territoires.
Ce qui distingue peut-être Marseille, c’est l’intensité et la durée du phénomène. La ville a une histoire particulière avec le crime organisé, remontant loin. Mais le modèle s’exporte, malheureusement.
Et à l’échelle européenne, c’est pire encore. Anvers, Rotterdam, des ports où la cocaïne arrive par tonnes. Les réseaux albanais, marocains, français s’entremêlent. C’est une industrie mondiale.
Vers une prise de conscience collective ?
Chaque nouveau drame relance le débat. Les politiques promettent, les forces de l’ordre agissent, les médias relatent. Mais est-ce qu’on avance vraiment ?
J’ai l’impression que oui, petit à petit. Il y a plus de moyens, plus de coordination. Des lois se durcissent. Des saisies impressionnantes ont lieu régulièrement.
Mais le chemin est long. Très long. Et en attendant, des familles pleurent un fils, un frère, un ami. Des enfants grandissent dans la peur.
Ce dernier homicide, sur ce boulevard du 14e, n’est pas qu’une statistique de plus. C’est un signal d’alarme. Encore un. Espérons qu’un jour, on n’aura plus besoin de les compter.
En écrivant ces lignes, je pense à cette victime anonyme pour l’instant. À sa famille qui apprend la terrible nouvelle. À tous ceux qui, à Marseille, aspirent simplement à une vie tranquille. Il est temps que les choses changent vraiment. Pas seulement en paroles, mais en actes concrets et durables.
Parce que derrière chaque titre choc, il y a une histoire humaine brisée. Et ça, ça devrait nous concerner tous.
