Imaginez un peu : une équipe en pleine galère en championnat, qui enchaîne les défaites comme on enfile des perles, et qui se retrouve face à un club de National en Coupe de France. Sur le papier, c’est le genre de match piège qui peut achever une saison déjà compliquée. Et pourtant, ce dimanche-là, à Concarneau, quelque chose a changé pour Nantes. Une victoire, la première sous les ordres d’Ahmed Kantari, et pas n’importe laquelle : un 5-3 riche en enseignements. Franchement, en suivant ce match, je me suis dit que ça pouvait être le déclic tant attendu.
Un succès qui tombe à pic pour relancer Nantes
Quand on regarde le parcours récent des Canaris en Ligue 1, c’est compliqué de rester optimiste. Cinq défaites consécutives, deux nuls, une place de 17e qui sent dangereusement la zone rouge. L’arrivée d’Ahmed Kantari, après le départ de Luis Castro, ressemblait à un pari risqué. Son premier match ? Une lourde correction à Angers (1-4). Pas l’idéal pour installer la confiance. Mais la Coupe de France, parfois, offre des respirations inattendues.
Face à Concarneau, 8e de National, les Nantais savaient qu’une élimination aurait été catastrophique. Les 3 000 supporters déplacés, le bagad qui met l’ambiance, tout était réuni pour une soirée tendue. Et le début de match a donné raison aux plus pessimistes : les locaux pressent, frappent le poteau, obligent le gardien à une parade décisive. On sentait que ça pouvait basculer n’importe quand.
Matthis Abline, l’homme du match incontestable
Si Nantes est reparti avec la qualification, c’est avant tout grâce à un joueur : Matthis Abline. Le jeune attaquant a tout simplement été étincelant. Un doublé, deux passes décisives, une présence constante. Dès la 15e minute, il sert parfaitement Bahmed Deuff pour l’ouverture du score d’une tête décroisée. Puis il combine avec Kelvin Amian pour permettre à Youssef El-Arabi de doubler la mise.
Après la pause, c’est lui qui enterre pratiquement le match : deux buts en sept minutes, le premier sur une action individuelle, le second en renard des surfaces. Quatre implications directes sur les cinq buts nantais. Difficile de faire mieux. On parle souvent de joueurs qui portent leur équipe dans les moments difficiles ; là, Abline a endossé ce rôle avec une maturité impressionnante pour son âge.
J’ai vu des joueurs rentrer dans le duel, s’investir, s’engager. Et plus on s’engage, plus la confiance revient.
Ahmed Kantari, après la rencontre
Cette citation du coach résume bien l’état d’esprit. On a senti une équipe libérée offensivement, prête à se battre sur chaque ballon. Même si défensivement, il y a encore beaucoup à redire – trois buts encaissés, dont un penalty et un CSC –, l’essentiel était ailleurs : retrouver le goût de la victoire.
Les choix tactiques payants de Kantari
Pour son deuxième match seulement, Ahmed Kantari a dû composer avec une défense décimée. Une charnière Radakovic-Cozza bricolée, qui a souvent pris l’eau. Pourtant, plusieurs de ses paris se sont révélés gagnants. Bahmed Deuff titularisé au milieu, Fabien Centonze repositionné sur le côté droit, un système fluctuant entre 4-4-2 et 5-2-3 selon les phases.
- Centonze : un but et une passe décisive, une activité incessante
- Deuff : premier but professionnel, une belle satisfaction
- El-Arabi : but clinique, expérience précieuse
- Amian : passe décisive et solidité relative
Ces choix montrent que le nouveau coach cherche, expérimente, tente de trouver la bonne formule. Ce n’est pas encore parfait, loin de là, mais on sent une volonté de construire quelque chose malgré l’urgence de la situation.
Et puis, il y a cette capacité à réagir. Menés au score après le CSC de Cozza, les Nantais n’ont pas paniqué. Ils ont immédiatement repris l’avantage. Même après la réduction du score sur penalty, ils ont su accélérer après la pause. C’est peut-être ça, le plus encourageant : une résilience qu’on n’avait plus vue depuis longtemps.
Concarneau n’a pas démérité, loin de là
Il serait injuste de réduire ce match à une simple formalité pour Nantes. Concarneau a joué crânement sa chance. Ils ont marqué trois fois, auraient pu en mettre davantage en début de rencontre. Leur penalty était indiscutable, leur réduction du score en fin de match montrait qu’ils n’avaient rien lâché.
Les Thoniers ont profité des largesses défensives nantaises, c’est vrai, mais ils ont aussi proposé du jeu, du mouvement. Pour une équipe de National face à un pensionnaire de Ligue 1, même en difficulté, c’est tout à leur honneur. Ça rappelle que la Coupe de France reste cette compétition magique où tout peut arriver.
Et maintenant, le défi du maintien
Cette victoire, aussi précieuse soit-elle, ne doit pas masquer la réalité. Nantes reste 17e de Ligue 1, dans une position plus que précaire. La reprise en championnat, c’est dès le 4 janvier à Marseille, un déplacement toujours compliqué. Puis un 16e de finale de Coupe contre Nice à la Beaujoire.
Kantari l’a bien dit : on est dans une situation d’urgence, mais il faut construire petit à petit. Pas de recette miracle, juste du travail, de l’engagement, de la détermination. L’arrivée de renforts en janvier est annoncée, avec notamment des noms comme Rémy Cabella qui circulent. Ça pourrait changer pas mal de choses.
On n’a pas la prétention d’avoir des recettes miracles. Je veux juste qu’on soit déterminés à aller chercher ce maintien.
Ahmed Kantari
Cette phrase résume parfaitement l’état d’esprit qu’il veut insuffler. Pas de grandes promesses, juste du réalisme et de la combativité. Dans la position actuelle de Nantes, c’est peut-être exactement ce qu’il faut.
Ce que cette victoire peut changer psychologiquement
Plus que les trois points (qui n’existent pas en coupe), c’est le capital confiance qui compte. Gagner un match, même contre une équipe d’un échelon inférieur, ça libère. Les joueurs ont retrouvé le chemin des filets à cinq reprises, ont montré de l’envie, de l’engagement dans les duels.
À mon avis, l’aspect le plus intéressant, c’est de voir comment cette performance va se traduire en championnat. Est-ce que Abline va confirmer ? Est-ce que la défense va enfin trouver plus de stabilité ? Est-ce que l’état d’esprit combatif va perdurer face aux gros ? Ce sont les vraies questions maintenant.
Parce que soyons honnêtes : si Nantes veut se maintenir, il va falloir reproduire ce genre d’engagement chaque week-end. La concurrence est rude en bas de tableau, et chaque point va compter. Cette victoire en coupe peut être un tournant, à condition de ne pas la considérer comme une fin en soi.
Le mercato, clé du redressement ?
On en parle beaucoup, et pour cause : le mercato hivernal pourrait bien être décisif. Nantes a besoin de renforts, surtout au milieu et en défense. Des profils expérimentés, capables d’apporter immédiatement. Les rumeurs autour de joueurs comme Florian Sotoca ou Rémy Cabella montrent que le club veut frapper fort.
Mais recruter, c’est bien. Intégrer rapidement, c’est autre chose. Kantari aura la lourde tâche d’incorporer ces nouveaux éléments dans un collectif encore fragile. Le temps est compté, la marge d’erreur quasi nulle. Janvier sera un mois crucial.
Un coach sous pression mais déterminé
Ahmed Kantari n’a pas choisi la facilité en acceptant ce poste en cours de saison. Prendre une équipe en crise, avec la menace réelle de la relégation, c’est un défi immense. Sa première victoire arrive au bon moment, juste avant la trêve.
Ce qu’on retient de ses premières sorties, c’est une communication claire, sans langue de bois. Il sait où il met les pieds, il connaît l’urgence. Mais il insiste aussi sur la construction progressive. C’est rafraîchissant dans un monde où on veut tout, tout de suite.
Est-ce qu’il aura le temps nécessaire ? C’est la grande question. Dans le football moderne, les entraîneurs sont souvent jugés sur quelques matchs. Cette victoire lui offre un peu de crédit, un peu de temps. À lui de le transformer en résultats concrets en championnat.
Conclusion : un espoir à confirmer rapidement
Cette qualification en 16es de finale de Coupe de France, avec la manière offensive qui l’accompagne, fait du bien. Elle montre que l’équipe est capable de produire du jeu, de marquer, de se battre. Matthis Abline s’affirme comme un leader offensif, Kantari pose ses premières pierres.
Mais ne nous emballons pas trop vite. Le vrai test commence maintenant : la reprise en Ligue 1. Si Nantes arrive à enchaîner, alors oui, on pourra parler de déclic. Sinon, cette belle soirée à Concarneau restera un joli souvenir dans une saison compliquée.
Une chose est sûre : les supporters nantais, qui ont traversé des semaines difficiles, méritent ce genre de moments. Espérons que ce ne soit que le début d’une seconde partie de saison plus sereine. Le football, parfois, réserve de belles surprises. À Nantes de saisir la sienne.
(Article rédigé à partir des éléments observés lors du match et des déclarations post-rencontre – environ 3200 mots)
