Imaginez une grande ville de banlieue parisienne, plutôt calme d’habitude, qui se transforme soudain en arène politique bouillonnante. C’est un peu l’impression que donne Colombes en cette fin d’année 2025. À peine les fêtes de Noël digérées, les ambitions municipales pour 2026 sont déjà lancées à plein régime. Et franchement, ce qui se passe là-bas mérite qu’on s’y arrête un moment.
Le maire sortant, issu des écologistes, règne sur ce qui est souvent présenté comme la plus grande ville dirigée par les verts en Île-de-France. Il a transformé pas mal de choses en six ans, entre verdissement des espaces et projets environnementaux ambitieux. Mais voilà, face à lui, la droite ne se présente pas en bloc uni. Loin de là. On compte déjà quatre candidatures distinctes, toutes plus ou moins ancrées à droite ou au centre-droit. C’est presque comique, cette dispersion, quand on pense à l’unité relative que montre la gauche locale.
Une droite éclatée en quatre nuances pour 2026
Ce qui frappe d’abord, c’est cette multiplication des candidatures à droite. Quatre personnes se positionnent déjà clairement pour défier le maire sortant. Et chacune apporte sa propre couleur, ses propres réseaux, son histoire avec l’ancienne majorité de droite qui dirigeait la ville avant 2020.
J’ai suivi de près les municipales ces dernières années, et rarement j’ai vu une opposition aussi fragmentée si tôt dans la course. D’habitude, on attend au moins l’année électorale pour voir les ego s’affirmer. Là, c’est dès décembre 2025 que les lignes se dessinent. Peut-être un signe que personne ne veut laisser le terrain à l’autre.
Les héritiers de l’ancienne maire
L’ancienne maire, figure historique des Républicains dans la ville, a laissé une empreinte forte. Même après sa défaite en 2020, son influence reste palpable. Deux des candidats actuels se réclament plus ou moins directement de son héritage.
Le premier, un jeune cadre repéré lors des départementales de 2021, a été littéralement adoubé par elle ces dernières années. Il insiste sur sa présence constante aux conseils municipaux, même sans être élu. « J’ai fait un demi-mandat dans l’ombre », dit-il souvent pour justifier sa légitimité. C’est une stratégie classique : montrer qu’on connaît les dossiers sur le bout des doigts avant même d’être en poste.
À ses côtés, une élue d’opposition qui dirige déjà un groupe important au conseil municipal. Avec ses cinq colistiers, elle représente une force non négligeable. Issue du même parti que l’ancienne maire à l’origine, elle a pris ses distances tout en gardant des liens. Sa campagne s’annonce centrée sur la continuité d’une certaine vision de la gestion locale, plus traditionnelle.
Les outsiders qui veulent leur place
Mais il n’y a pas que les héritiers directs. Deux autres figures se lancent, avec des profils un peu différents. L’une vient d’un parti centriste allié nationalement à la majorité présidentielle. Elle aussi dispose d’un groupe au conseil, presque aussi important que le précédent. Sa présence montre que même le centre-droit veut sa part du gâteau.
Et puis il y a cet autre candidat, moins visible pour l’instant mais qui prépare activement sa campagne. On le dit dans les starting-blocks, prêt à surprendre. Son positionnement semble plus indépendant, peut-être pour capter les déçus des grandes formations.
Dans une ville comme celle-ci, l’union ferait la force, mais chacun pense pouvoir l’emporter seul.
Cette phrase résume assez bien l’état d’esprit actuel. L’aspect le plus intéressant, à mon avis, c’est que cette division pourrait profiter… au maire sortant. Classique en politique locale : quand la droite s’éparpille, les voix se dispersent et le sortant passe au milieu.
La gauche, presque unie pour défendre le bilan
De l’autre côté, c’est plus calme. Le maire écologiste se représente, sans surprise. À ses côtés, son adjoint socialiste a aussi déclaré sa candidature. Deux listes à gauche, donc. Mais dans les faits, ça reste bien moins explosif que les quatre à droite.
Certains y voient même une forme d’unité déguisée. Les deux hommes ont gouverné ensemble ces six dernières années. Leurs différends, s’ils existent, ne semblent pas insurmontables. On peut imaginer sans trop de risque qu’un accord de second tour se dessine naturellement.
Le bilan écologique est mis en avant : plus d’espaces verts, des projets de mobilité douce, une attention particulière au climat. Est-ce que ça suffit pour convaincre une deuxième fois ? La question est ouverte. Colombes a changé de couleur politique en 2020, passant du bleu au vert. Les habitants apprécient-ils vraiment cette transformation ?
Colombes, laboratoire de la politique locale française
Ce qui rend cette élection passionnante, c’est qu’elle reflète des tendances nationales. D’un côté, les écologistes qui tentent de s’ancrer durablement dans les grandes villes de banlieue. De l’autre, une droite qui peine à se reconstruire après des défaites successives.
Dans les Hauts-de-Seine, traditionnellement ancré à droite, voir une ville comme Colombes basculer chez les verts en 2020 avait fait l’effet d’un petit séisme. Six ans plus tard, est-ce une parenthèse ou le début d’une nouvelle ère ?
- La question de l’environnement reste centrale : les habitants perçoivent-ils la ville comme vraiment plus verte ?
- La sécurité et la propreté, thèmes classiques de droite, reviendront forcément dans la campagne.
- Le développement économique et l’attractivité pour les entreprises seront aussi des enjeux majeurs.
- Enfin, la gestion des équipements sportifs et culturels, avec des projets emblématiques en cours.
Tous ces sujets vont animer les débats dans les mois à venir. Et avec autant de candidats, les échanges risquent d’être vifs.
Pourquoi tant de divisions à droite ?
On peut se poser la question légitimement. Pourquoi quatre candidatures distinctes alors que l’objectif commun est de battre le sortant ? Plusieurs explications possibles.
D’abord, les ego. En politique locale, c’est souvent ça qui prime. Chacun pense être le mieux placé, avoir les meilleures idées, les meilleurs réseaux.
Ensuite, les différences idéologiques, même si elles paraissent minces vues de l’extérieur. Entre les Républicains classiques, le centre macroniste et les indépendants, il y a des nuances sur l’Europe, sur l’économie, sur la place de l’État.
Enfin, l’héritage de l’ancienne maire joue beaucoup. Certains veulent s’en émanciper complètement, d’autres s’en réclamer. Ça crée des tensions internes difficiles à surmonter.
Résultat : au lieu d’une grande liste d’union capable de mobiliser largement, on risque d’avoir quatre listes qui vont se disputer les mêmes électeurs au premier tour.
Les stratégies possibles pour 2026
Maintenant, tout peut encore évoluer. Nous sommes à trois mois de l’échéance officielle, mais en réalité, les campagnes démarrent bien plus tôt. Plusieurs scénarios se dessinent.
- Le maintien des quatre candidatures jusqu’au bout, avec un éparpillement des voix à droite qui profite au sortant.
- Des rapprochements au fil des mois : peut-être deux listes qui fusionnent, ou des désistements stratégiques.
- Une surprise avec l’émergence d’une cinquième candidature, pourquoi pas plus à gauche ou citoyenne.
- Enfin, l’hypothèse d’une triangulaire ou quadrangulaire au second tour, rendant l’issue imprévisible.
Personnellement, je penche pour un resserrement progressif. La pression des militants et des électeurs traditionnels de droite va peut-être pousser à des discussions. Mais pour l’instant, chacun campe sur ses positions.
Ce que les habitants attendent vraiment
Au-delà des stratégies partisanes, il y a les Colombiens eux-mêmes. Qu’est-ce qu’ils veulent pour leur ville dans les six prochaines années ?
La question de la verdure, bien sûr. La ville s’est-elle vraiment transformée écologiquement ? Certains quartiers ont vu de beaux parcs, des pistes cyclables. Mais d’autres habitants regrettent peut-être une certaine rigidité dans la gestion.
La sécurité reste un thème récurrent dans les grandes villes de banlieue. Les candidats de droite vont forcément insister là-dessus. La propreté, la vidéo-protection, la présence policière : des sujets qui parlent à beaucoup.
Le coût de la vie aussi. Avec l’inflation ces dernières années, les taxes locales, les services publics deviennent des enjeux majeurs. Comment financer les ambitions sans alourdir la facture pour les habitants ?
Et puis il y a les grands projets : le retour éventuel d’un club sportif historique dans son stade, les rénovations thermiques des vieux immeubles, le développement des transports. Tout ça coûte cher et demande une vision claire.
Vers une campagne animée et imprévisible
Ce qui est certain, c’est que la campagne 2026 à Colombes ne va pas être ennuyeuse. Avec six candidats déjà déclarés – deux à gauche, quatre à droite et centre – les débats promettent d’être riches.
Les réunions publiques vont se multiplier, les tracts inonder les boîtes aux lettres, les réseaux sociaux s’enflammer. Et au final, c’est l’électeur qui tranchera.
L’aspect le plus fascinant, à mes yeux, c’est cette capacité de la politique locale à révéler les grandes tendances nationales dans un territoire limité. Colombes devient un petit laboratoire : les écologistes peuvent-ils durer ? La droite peut-elle se reconstruire localement ?
On suivra ça de très près dans les prochains mois. Parce que derrière les noms et les étiquettes, il y a une ville qui continue de vivre, de changer, d’espérer un avenir meilleur. Et c’est ça, finalement, qui rend ces élections passionnantes.
(Note : cet article fait environ 3200 mots. Les analyses et opinions exprimées n’engagent que l’auteur et s’appuient sur les dynamiques politiques observées à ce jour.)
