Vous êtes-vous déjà demandé pourquoi certaines équipes de football portent des surnoms qui font trembler les adversaires ? Au Bénin, pendant plus de cinquante ans, on parlait des Écureuils. Un nom plutôt mignon, non ? Mais quand on le pose à côté des Lions indomptables du Cameroun ou des Éléphants ivoiriens, ça fait un peu pâle figure. Et puis un jour, tout a changé.
J’ai toujours trouvé fascinant comment un simple mot peut influencer la perception d’une équipe entière. Pour les Guépards du Bénin, ce n’est pas juste un rebranding cosmétique. C’est une déclaration d’intention, un cri de guerre discret mais déterminé. Laissez-moi vous raconter cette histoire qui dépasse largement le terrain de foot.
Le tournant symbolique des Guépards
En 2022, la Fédération béninoise de football a pris une décision lourde de sens : abandonner définitivement les Écureuils au profit des Guépards. Ce n’était pas un caprice. Cela faisait des années que le débat agitait les supporters, les joueurs et les dirigeants.
Imaginez : une petite nation africaine qui rêve de briller sur la scène continentale. Elle commence par adopter un surnom qui reflète sa réalité – agile, rapide, maligne, mais petite et discrète. L’écureuil, c’est exactement ça. Il grimpe partout, il est futé, mais il ne fait pas peur à grand monde.
Pourtant, au fil des décennies, le Bénin a grandi. Il a osé des exploits, comme ces quarts de finale historiques à la CAN 2019. Et là, le décalage est devenu trop grand. Les joueurs eux-mêmes en parlaient en coulisses : « Les écureuils, ça ne fait pas peur. »
Les écureuils, c’est rapide et intelligent, mais face aux Lions ou aux Éléphants, on a besoin de quelque chose qui impose le respect.
Un ancien international béninois
Et c’est là que naît l’idée des Guépards. Le guépard, c’est la vitesse pure – l’animal terrestre le plus rapide du monde. Mais c’est aussi un prédateur féroce, élégant, redoutable. Un symbole parfait pour une équipe qui veut passer du statut de petit poucet à celui de challenger sérieux.
Les origines du surnom Écureuils
Retour dans les années 1970. Norbert Imbs, premier président de la Fédération béninoise, choisit ce nom avec une logique très claire. L’écureuil représente l’agilité, la débrouillardise, la capacité à se faufiler partout. Pour une nation qui entrait timidement dans la cour des grands du football africain, c’était une belle métaphore.
Pendant des décennies, ce surnom a collé à la peau des joueurs. Il y avait même une certaine affection populaire pour ces « petits malins » qui compensaient leur manque de moyens par de l’intelligence de jeu. Mais au fil du temps, les moqueries ont commencé à peser.
- Les adversaires se moquaient gentiment : « Attention, les Écureuils arrivent ! »
- Les joueurs ressentaient un complexe : leur surnom ne les aidait pas à s’imposer psychologiquement.
- Les supporters les plus jeunes rêvaient d’un nom plus viril, plus impressionnant.
Et puis, il y a eu ce déclic. Après la CAN 2019, où le Bénin a surpris tout le monde en atteignant les quarts, l’idée d’un changement a pris de l’ampleur. Les joueurs ont commencé à s’exprimer publiquement. La fédération a écouté.
Un long processus de décision
Le débat n’a pas été réglé en un claquement de doigts. Dès 2008, on parlait déjà de changer de surnom, mais rien n’a abouti. Il a fallu attendre 2018 pour que la fédération crée une véritable commission dédiée.
Objectif affiché : trouver un nom qui « fasse écho auprès de la population » et qui reflète les ambitions grandissantes. On a consulté les supporters, les joueurs, les anciens. Des dizaines de propositions ont circulé.
Certains voulaient les Pythons – un animal sacré au Bénin, avec un temple dédié à Ouidah. D’autres proposaient des Dragons noirs ou d’autres symboles nationaux. Mais c’est finalement le guépard qui a fait l’unanimité.
Il y a une grande culture autour du python ici, les gens l’adorent.
Un ancien attaquant international
Malgré tout, la fédération a préféré le félin. Pourquoi ? Parce que le guépard incarne la vitesse, la puissance, l’élégance – tout ce que veut projeter une équipe qui monte en puissance. En février 2022, c’est officiel : les Écureuils disparaissent, les Guépards naissent.
Les joueurs adoptent le changement
Ce qui frappe quand on parle aux joueurs, c’est leur enthousiasme. Ils ont tous l’air libérés par ce nouveau surnom. Prenez Jodel Dossou, par exemple. Il disait en souriant que les écureuils ne faisaient pas peur, mais que les guépards, ça change la donne.
Cédric Hountondji, ancien défenseur solide, va encore plus loin : « Un guépard, c’est rapide et féroce. Il faut être à la hauteur de ce nom. » On sent une pression positive, une motivation supplémentaire.
Steve Mounié, le capitaine, avait pourtant poussé pour les Pythons. Mais même lui a fini par adhérer aux Guépards. Pour eux, c’est plus qu’un nom : c’est une identité nouvelle qui les pousse à élever leur niveau de jeu.
- Les joueurs ressentent plus de respect de la part des adversaires.
- Le surnom motive les jeunes à rejoindre la sélection.
- Il renforce le sentiment d’appartenance nationale.
Et sur le terrain ? Les résultats suivent doucement. Le Bénin continue de progresser, de se qualifier pour les grandes compétitions. Le surnom n’explique pas tout, bien sûr, mais il contribue à cette dynamique positive.
Un symbole plus large pour le pays
Au-delà du football, ce changement dit quelque chose de profond sur le Bénin d’aujourd’hui. Un pays qui veut s’affirmer, qui refuse de rester dans l’ombre. Les Guépards, c’est l’image d’une nation qui accélère, qui chasse ses ambitions sans complexe.
J’aime cette idée : le sport comme miroir d’une société. Quand une équipe change de surnom, ce n’est jamais anodin. C’est une façon de dire au monde : « Nous ne sommes plus les petits malins qui se contentent de survivre. Nous voulons dominer. »
Et puis, soyons honnêtes, « Les Guépards du Bénin », ça sonne quand même sacrément mieux que « Les Écureuils ». Il y a une fierté nouvelle dans ce nom, une assurance qui se ressent jusque dans les tribunes.
Vers un avenir plus ambitieux
Aujourd’hui, les Guépards affrontent les grandes nations africaines avec un état d’esprit différent. Ils n’ont plus à rougir de leur surnom. Au contraire, ils portent un nom qui impose le respect avant même le coup d’envoi.
La transition n’a pas été sans débats. Certains supporters regrettent encore l’époque des Écureuils, avec sa touche d’humour et de modestie. Mais la majorité semble convaincue : pour avancer, il fallait ce symbole de force et de rapidité.
Et qui sait ? Peut-être que dans quelques années, on parlera des Guépards comme d’une des équipes les plus redoutées du continent. L’histoire est en train de s’écrire, et elle commence par ce changement de nom apparemment anodin.
Ce qui est sûr, c’est que le Bénin a choisi de ne plus se cacher derrière un petit rongeur. Il a décidé de bondir comme un guépard. Et franchement, j’ai hâte de voir jusqu’où cette nouvelle identité les mènera.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Un surnom peut-il vraiment changer la destinée d’une équipe ?
