Imaginez un peu : vous brillez aux Jeux Olympiques, vous revenez d’une belle aventure au Real Madrid, vous signez un contrat juteux avec l’une des franchises les plus mythiques de la NBA, et puis… tout s’effondre en quelques mois. C’est exactement ce qui arrive à Guerschon Yabusele en cette fin 2025. Celui qu’on présentait comme la perle de l’intersaison new-yorkaise se retrouve aujourd’hui sur le départ, relégué au fond du banc. Triste, non ?
Je me souviens encore de l’excitation autour de son arrivée. Après sa performance héroïque à Paris 2024 et son passage convaincant à Philadelphie, tout le monde pensait qu’il allait enfin apporter cette énergie européenne dont les Knicks avaient besoin. Mais la réalité du basket new-yorkais a rattrapé le rêve bien vite.
La descente aux enfers d’un « Ours Dansant » à New York
Quand Yabusele a paraphé son contrat de deux ans pour plus de 11 millions d’euros, les observateurs étaient unanimes : c’était un coup maître. Un intérieur polyvalent, capable de défendre dur, de shooter à trois points et d’apporter cette intensité physique qui manque parfois aux équipes américaines. Pourtant, dès les premiers matchs, quelque chose clochait.
Son temps de jeu a fondu comme neige au soleil. Moins de dix minutes par match en moyenne, à peine trois points inscrits. Difficile de briller dans ces conditions. Et puis, récemment, il s’est même fait dépasser dans la rotation par des plus jeunes, comme Mohamed Diawara. Dur à avaler pour un capitaine de l’équipe de France.
« Ce n’était clairement pas le scénario envisagé. Il avait choisi New York pour un vrai challenge et un rôle important. »
– L’agent du joueur
Cette phrase résume bien la frustration. Yabusele n’est pas venu pour cirer le banc. Il voulait jouer, contribuer, s’imposer dans une équipe compétitive sous les ordres d’un coach réputé. Mais le courant n’est jamais passé. Certains parlent d’une méforme physique à l’arrivée, après une saison interminable entre les JO et l’Eurobasket. D’autres pointent plutôt une incompatibilité avec le style de jeu prôné par l’entraîneur.
Pourquoi New York reste un cimetière pour les Français
Ce qui frappe, c’est que Yabusele n’est pas un cas isolé. Loin de là. Depuis plus de vingt-cinq ans, aucun joueur français n’a réussi à s’imposer durablement chez les Knicks. La liste est longue et douloureuse.
Remontons le temps. Tout commence avec Frédéric Weis, drafté en 1999, qui n’a jamais foulé le parquet du Garden à cause de la pression médiatique écrasante. Ensuite, Frank Ntilikina, sélectionné haut en 2017, promettait beaucoup mais n’a jamais trouvé sa place. Evan Fournier, arrivé plus tard, a connu des hauts et des bas avant de partir. Joakim Noah, Ronny Turiaf, Kevin Séraphin… tous ont tenté l’aventure sans jamais marquer l’histoire de la franchise.
- Frédéric Weis : drafté mais jamais joué
- Frank Ntilikina : 8e choix, quatre saisons sans éclat
- Evan Fournier : échanges et rôle fluctuant
- Joakim Noah : contrat énorme, performances décevantes
- Ronny Turiaf et Kevin Séraphin : passages discrets
Même les jeunes draftés récemment, comme Pacôme Dadiet ou Mohamed Diawara, devront prouver qu’ils peuvent briser cette série noire. Pour l’instant, rien n’indique qu’ils y parviendront plus facilement.
Mais pourquoi cette malédiction ? Est-ce vraiment une question de nationalité ou quelque chose de plus profond lié à la franchise elle-même ?
La pression new-yorkaise : un monstre à part
New York, c’est spécial. Le Madison Square Garden, c’est la Mecque du basket, mais aussi un endroit où la patience n’existe pas. Les fans sont passionnés, exigeants, parfois impitoyables. Si tu ne performes pas dès le début, l’opinion publique se retourne vite contre toi.
Pour un joueur étranger, c’est encore plus compliqué. Il arrive avec une étiquette, des attentes parfois irréalistes. Et la ville ne pardonne pas les faux pas. Comme le dit si bien un observateur proche de la franchise :
« Cette ville peut te consumer, te brûler. Tout y est exponentiel et on n’y prône pas la patience. »
C’est une vérité cruelle. Les gens veulent voir des guerriers, des joueurs qui se battent pour chaque ballon, qui montrent qu’ils méritent leur place. Yabusele correspondait pourtant à ce profil : il avait payé de sa poche pour quitter le Real et revenir en NBA, prouvant sa détermination. Mais ça n’a pas suffi.
J’ai souvent remarqué que les Knicks fonctionnent différemment des autres franchises. Ils refusent parfois de reconstruire complètement, préfèrent rester compétitifs à tout prix, même si ça signifie des choix discutables. Résultat : une instabilité chronique qui nuit aux joueurs en quête de stabilité.
Pas une question de nationalité, mais de culture
Attention, il ne faut pas tomber dans le piège de penser que les Knicks ont un problème spécifique avec les Français. D’autres joueurs étrangers ont connu des difficultés similaires. Prenez Kristaps Porziņģis : acclamé à son arrivée, tradé ensuite vers Dallas. Même certains Américains n’ont pas résisté à la pression.
Carmelo Anthony, star incontestée, n’a jamais ramené de titre. Phil Jackson, légende vivante, n’a pas réussi en tant que dirigeant. La franchise court après un championnat depuis 1973. C’est dire le poids de l’histoire.
Ce qui ressort, c’est surtout un choc culturel. New York demande une adaptation immédiate, une capacité à gérer la médiatisation intense, les critiques quotidiennes. Tous les joueurs n’y arrivent pas, quelle que soit leur origine.
Et maintenant ? Quelle porte de sortie pour Yabusele ?
La bonne nouvelle, c’est que joueur et franchise semblent d’accord : il vaut mieux se séparer. Des discussions sont en cours pour trouver une nouvelle équipe à Yabusele dès les prochaines semaines. Peut-être un retour en Europe ? Ou une seconde chance ailleurs en NBA ?
À 30 ans, il a encore de belles années devant lui. Son passage à Philadelphie l’a prouvé : quand on lui donne des minutes et de la confiance, il peut produire autour de 11 points par match avec une présence physique appréciable. Il mérite mieux que le fond du banc.
Ce qui est sûr, c’est que cette expérience new-yorkaise laissera des traces. Pas seulement pour lui, mais pour tous les Français qui rêveront encore de fouler le parquet du Garden. La question reste posée : un jour, un tricolore parviendra-t-il à briser cette série noire ?
Les leçons à tirer de cette aventure
Au-delà du cas Yabusele, cette histoire nous rappelle quelques vérités du sport de haut niveau. D’abord, signer un gros contrat ne garantit rien. Ensuite, le fit entre un joueur et un coach, un système, une ville, est parfois plus important que le talent brut.
Enfin, la NBA reste un monde impitoyable où la patience est rare. Surtout dans une ville comme New York, où chaque match est un événement, chaque performance disséquée. C’est ce qui rend la ligue fascinante, mais aussi terriblement dure.
Personnellement, je trouve ça dommage. Yabusele avait tout pour réussir : expérience, mentalité, polyvalence. Peut-être que dans une autre franchise, plus patiente, il aurait explosé. Espérons qu’il retrouve vite un projet qui lui corresponde.
En attendant, l’histoire des Français chez les Knicks continue d’écrire un chapitre douloureux. Mais dans le sport, les rebonds existent. Et « l’Ours Dansant » a déjà prouvé par le passé qu’il savait se relever.
Et vous, pensez-vous que New York reste trop exigeante pour les joueurs étrangers ? Ou est-ce simplement une série de mauvais timings ? L’avenir nous le dira, mais une chose est sûre : le basket français continue de produire des talents. Ils trouveront leur place, ailleurs si nécessaire.
