Imaginez un instant : 19 matchs, 19 victoires. Une machine parfaitement huilée, un rouleau compresseur que rien ne semblait pouvoir arrêter. Et puis, d’un coup, le silence. Ou plutôt, le bruit sourd d’un penalty sifflé à l’heure de jeu, suivi d’une égalisation qui fait l’effet d’un coup de massue. Voilà ce qui est arrivé aux Lions de l’Atlas ce vendredi soir à Rabat. Le Maroc, pays hôte de cette CAN 2025, a vu sa série historique s’arrêter net face à une équipe malienne qui n’avait, sur le papier, pas grand-chose à espérer.
Ce match nul 1-1, au-delà du simple résultat comptable, a provoqué une onde de choc bien plus profonde. Parce que quand on domine le continent depuis des mois, quand on enchaîne les succès avec une régularité presque insolente, on finit par se croire invincible. Et c’est précisément là que le danger guette.
Quand l’invincibilité s’effrite en une soirée
La première période avait pourtant tout d’un récital. Les Marocains mettaient le pied sur le ballon dès les premières minutes, dictaient le tempo, créaient du danger. Brahim Diaz, dans un grand soir, ouvrait le score d’une frappe chirurgicale avant la pause. Tout semblait rouler comme sur des rails. Le public de Rabat chantait, vibrait, rêvait déjà du titre à domicile.
Mais le football, c’est aussi ça : une deuxième mi-temps qui peut tout renverser. Les Aigles du Mali, bousculés, ont su rester patients. Et sur une erreur individuelle assez grossière dans la surface, ils ont obtenu un penalty transformé sans trembler. 1-1. Game over pour la série. Et début d’une longue réflexion pour tout un groupe.
« On a arrêté de jouer en deuxième mi-temps. On a subi, on n’a plus su imposer notre rythme. »
Un joueur marocain après la rencontre
Cette phrase, lâchée dans le micro d’un journaliste, résume parfaitement le sentiment général. Il y a eu comme un relâchement, une forme de suffisance inconsciente peut-être. Et face à une équipe malienne qui n’avait plus rien à perdre, ça ne pardonne pas.
Une série record qui s’arrête brutalement
Revenons un peu en arrière. Cette fameuse série de 19 victoires consécutives avait débuté il y a presque deux ans, après un nul frustrant contre la Mauritanie en amical. Depuis, les Lions avaient tout écrasé sur leur passage : des nations historiques, des outsiders, des équipes en pleine confiance… personne n’avait réussi à les faire plier.
Pour vous donner une idée de l’exploit, seule l’Espagne de 2008-2009 avait approché une telle régularité avec 15 succès d’affilée. Autant dire que le Maroc était entré dans une dimension à part. Et c’est précisément ce statut qui rend la contre-performance encore plus dure à avaler.
- 19 victoires consécutives
- Plus longue série de l’histoire récente du football africain
- Une invincibilité qui nourrissait les rêves de sacre continental
- Une pression énorme qui s’est peut-être retournée contre les joueurs
Maintenant, tout est à reconstruire. Pas sur le plan technique – le niveau reste là – mais sur le plan mental. Parce qu’une série, ça se brise comme un château de cartes, mais ça se reconstruit pierre par pierre, match après match.
Le tournant du match : ce penalty qui change tout
Difficile de passer à côté de ce moment précis. Une faute dans la surface, un geste mal maîtrisé, un arbitre qui n’hésite pas une seconde. Penalty. Le joueur malien s’avance, frappe fort, le gardien est battu. 1-1.
À partir de là, le match bascule. Les Marocains semblent désorganisés, perdent les duels, multiplient les passes en retrait inutiles. Comme si le doute s’était subitement installé dans les têtes. Et plus ils poussaient pour reprendre l’avantage, plus ils s’exposaient.
J’ai toujours pensé que les grands matchs se gagnent autant sur le terrain que dans la tête. Ce soir-là, les Lions ont peut-être perdu la bataille psychologique au moment où ils en avaient le plus besoin.
Que reste-t-il à faire pour se qualifier ?
Le tableau est clair : la qualification pour les huitièmes de finale n’est pas encore actée. Le dernier match contre la Zambie, lundi prochain, devient donc le match de la compétition pour le Maroc. Une victoire et le ticket est quasiment dans la poche. Une défaite ? Le scénario catastrophe devient possible.
Les calculs sont simples, mais la pression est énorme. Jouer à domicile devant un public qui attend le sacre, avec l’étiquette de favori absolu, n’est pas toujours un avantage. Parfois, ça paralyse.
- Remettre de l’ordre dans l’organisation défensive
- Redonner confiance aux cadres offensifs
- Gérer la pression du public et des attentes
- Revenir à ce qui a fait la force de la série : intensité et solidité
Walid Regragui, l’entraîneur, connaît parfaitement son groupe. Il sait aussi que ce genre de coup dur peut être salvateur s’il est bien digéré. Reste à voir comment les joueurs vont rebondir.
Les enseignements à tirer pour la suite
Ce match nul n’est pas forcément une catastrophe sportive. Il peut même devenir un tournant positif si le staff et les joueurs en tirent les bonnes leçons. Le football de haut niveau est fait de ces moments où l’on touche le fond pour mieux remonter.
Je trouve d’ailleurs assez fascinant de voir à quel point une équipe peut passer, en l’espace de 45 minutes, du statut de rouleau compresseur à celui d’équipe fébrile. C’est la beauté cruelle de ce sport : rien n’est jamais acquis.
Les supporters marocains, eux, oscillent entre déception et espoir. Ils ont vu leur équipe capable du meilleur… ils savent aussi qu’elle est capable de craquer quand on s’y attend le moins. La question est désormais simple : les Lions sauront-ils transformer cette désillusion en carburant pour la suite ?
Le rôle des cadres dans ce moment clé
Quand tout va bien, les leaders sont portés par le collectif. Quand ça tangue, c’est à eux de montrer l’exemple. Achraf Hakimi, même s’il n’était pas titulaire ce soir-là, reste une figure centrale. Brahim Diaz, auteur du but, devra aussi se montrer plus décisif dans les moments importants.
Et puis il y a tous les autres : les jeunes qui montent, les cadres qui ont connu les grandes soirées européennes… c’est maintenant qu’on va voir qui est vraiment prêt à porter cette équipe vers le titre.
Une CAN 2025 qui promet encore beaucoup de suspense
Ce match nul a peut-être privé le Maroc d’une première place confortable, mais il a surtout remis du piment dans cette phase de groupes. Chaque équipe sait maintenant que même les plus forts peuvent trébucher. Et c’est tant mieux.
Parce qu’au final, une CAN qui se joue sans le moindre accroc, ça finit par devenir monotone. Là, on a le droit à du vrai sport, avec ses doutes, ses retournements, ses histoires humaines. Et franchement, c’est ça qu’on aime.
Alors oui, la série est terminée. Oui, il y a de la déception dans l’air. Mais le voyage ne fait que commencer. Et quelque part, au fond de moi, j’ai l’intuition que cette petite claque pourrait bien transformer ces Lions en véritables champions.
À suivre, donc. Très attentivement.
