Quand une légende du cinéma s’éteint, on se remet forcément à penser à ceux qui ont compté dans sa vie. Et parmi eux, il y a cet homme qui est resté à ses côtés jusqu’au bout, dans l’ombre mais avec une présence indéfectible. Bernard d’Ormale, ce nom ne dit peut-être pas grand-chose au grand public, pourtant il a été le compagnon des dernières décennies d’une des plus grandes icônes françaises. Trente-trois ans de mariage, ça compte.
J’ai toujours trouvé fascinant ces couples qui se forment tardivement et qui durent, contre vents et marées. Dans un monde où tout va vite, où les histoires d’amour people s’effritent en quelques mois, leur union fait figure d’exception. Alors, qui était vraiment cet homme qui a su apprivoiser le cœur farouche de Brigitte Bardot ?
Bernard d’Ormale, un parcours atypique avant la rencontre
Né en 1941 à Marseille, Bernard d’Ormale n’a pas eu une enfance classique. Très jeune, il part avec sa mère, d’origine australienne, vivre en Amérique du Sud. Un dépaysement total qui marque sans doute son goût pour l’aventure et les horizons lointains.
Adolescent, il traverse l’Atlantique pour s’installer en Afrique. Là, il se lance dans les affaires avec une énergie impressionnante. Textile, distribution de films, aviation… Il monte plusieurs entreprises, notamment au Sénégal et au Liberia. On imagine un homme débrouillard, habitué à prendre des risques, à négocier dans des environnements parfois compliqués. Ce n’est pas le genre de parcours qu’on associe immédiatement à la jet-set saint-tropezienne, et pourtant.
À la fin des années 1980, il rentre en France. Et là, nouveau virage : la politique l’attire. Il se rapproche rapidement d’un mouvement alors en pleine ascension, le Front national, et devient l’un des conseillers de son leader historique, Jean-Marie Le Pen. Une proximité qui va changer sa vie à jamais.
La rencontre qui change tout
C’est en 1992, lors d’un dîner chez l’épouse de Jean-Marie Le Pen, que tout bascule. Brigitte Bardot est invitée, Bernard aussi. Et là, bam, le fameux coup de foudre. Elle-même l’a raconté plus tard : un baiser, et c’était plié. À plus de 50 ans, elle qui avait déjà vécu tant d’histoires passionnées mais souvent tumultueuses, tombe sous le charme de cet entrepreneur discret.
Bernard m’a conquise en un baiser.
Brigitte Bardot
On peut trouver ça romantique ou un peu cliché, mais quand on connaît le tempérament de Bardot, indépendante, entière, parfois cassante, on se dit que l’homme a dû avoir un sacré charisme pour la faire craquer aussi vite.
Très rapidement, il emménage à La Madrague, cette villa mythique de Saint-Tropez devenue le refuge de l’actrice depuis les années 1950. Fini les projecteurs, place à une vie plus calme, tournée vers la mer et les animaux qui lui sont si chers.
Un mariage en Norvège, loin des regards
L’été suivant, le couple part en voyage en Norvège. Ils découvrent une petite chapelle isolée, perdue dans un paysage grandiose. L’émotion est tellement forte qu’ils décident sur place de s’y marier. Pas de grande cérémonie people, pas de photos volées par les paparazzis. Juste eux, dans un cadre sauvage et pur. Ça colle parfaitement à l’image qu’on se fait de leur relation : authentique, loin des artifices.
À partir de ce moment, Bernard d’Ormale devient le roc sur lequel Brigitte Bardot s’appuie. Lui qui avait déjà une vie bien remplie gère désormais aussi les affaires courantes de la star, tout en respectant son besoin de tranquillité.
Une vie commune rythmée par les combats de Bardot
À Saint-Tropez, le couple vit à l’abri des regards. Bernard partage les grandes passions de son épouse, en premier lieu la défense des animaux. Il l’accompagne dans ses prises de position, parfois très tranchées, contre la maltraitance ou pour la protection des espèces menacées.
On l’imagine facilement à ses côtés lors des conférences de presse ou des actions de sa fondation. Même s’il reste en retrait, il est là. Et Brigitte Bardot, connue pour son franc-parler, a souvent souligné son rôle essentiel.
Bernard est très important. Il a de l’humour.
Brigitte Bardot, en 2018
L’humour, voilà peut-être la clé. Dans une vie marquée par les épreuves – santé fragile, dépression, polémiques – savoir détendre l’atmosphère doit être précieux.
- Il gère le quotidien pour qu’elle puisse se concentrer sur ses combats
- Il apporte une stabilité après des années agitées
- Il partage son amour pour la nature et les bêtes
- Il accepte de vivre dans l’ombre d’une icône mondiale
Franchement, ce n’est pas donné à tout le monde.
Les précédents mariages de Brigitte Bardot en bref
Pour bien comprendre à quel point ce dernier mariage était différent, un petit retour en arrière s’impose. Brigitte Bardot a connu trois unions avant Bernard.
- Roger Vadim, le réalisateur qui l’a révélée dans Et Dieu créa la femme. Un amour de jeunesse, passionné mais éphémère.
- Jacques Charrier, acteur, père de son unique enfant Nicolas. Une relation tumultueuse, marquée par la pression médiatique.
- Gunter Sachs, le milliardaire allemand. Luxe, jet-set, mais là encore, ça n’a duré que quelques années.
Après Sachs, elle a eu de nombreuses liaisons, mais plus de mariage officiel… jusqu’à Bernard d’Ormale. Comme si, à un moment, elle avait trouvé la bonne formule : un homme solide, sans ego démesuré, prêt à vivre à son rythme.
Un homme discret face à une femme engagée
Ce qui frappe, c’est le contraste. Elle, toujours prête à monter au créneau, à provoquer, à défendre ses idées sans filtre. Lui, beaucoup plus en retrait. On le voit rarement sur les photos, il ne donne presque jamais d’interviews. Pourtant, ceux qui les ont côtoyés disent qu’il avait une vraie présence, un esprit vif.
Son passé politique, sa proximité avec Jean-Marie Le Pen, ont parfois valu au couple des critiques. Mais Bernard d’Ormale n’a jamais renié ses convictions, tout en restant fidèle à sa ligne : protéger sa vie privée avant tout.
Dans un milieu où tout le monde cherche la lumière, choisir l’ombre quand on vit avec Brigitte Bardot, ça force le respect, non ?
Les dernières années à La Madrague
Avec l’âge, la santé de Brigitte Bardot s’est fragilisée. Les problèmes respiratoires, les douleurs articulaires… Bernard était là pour gérer le quotidien, veiller à ce qu’elle soit entourée, protégée. La Madrague est devenue une forteresse douce, un cocon où les animaux avaient presque autant leur place que les humains.
On parle souvent de la solitude des stars vieillissantes. Eux, ils l’ont évitée. Ensemble, ils ont traversé les décennies, les polémiques, les maladies. Jusqu’à ce 28 décembre 2025 où tout s’arrête.
Aujourd’hui, Bernard d’Ormale se retrouve veuf. À 84 ans, il perd celle qui a été sa compagne pendant plus d’un tiers de sa vie. On imagine le vide immense.
Pourquoi cette histoire nous touche autant
Peut-être parce qu’elle montre qu’un amour durable est possible, même après des vies déjà bien remplies. Peut-être parce qu’elle rappelle que derrière l’icône, il y avait une femme qui cherchait simplement la sérénité. Ou peut-être parce que Bernard d’Ormale, par sa discrétion, incarne une forme de dévouement rare.
L’aspect le plus touchant, à mon avis, c’est cette idée qu’on peut trouver la bonne personne sur le tard. Pas besoin de grands feux d’artifice permanents. Parfois, un compagnon stable, avec de l’humour et du caractère, suffit à rendre les années belles.
Brigitte Bardot a eu mille vies : star mondiale, rebelle, militante, ermite… Et dans la dernière, la plus longue, il y avait Bernard. Un homme qui, sans faire de bruit, a tenu un rôle essentiel.
En repensant à eux, je me dis que l’amour, le vrai, n’a pas besoin d’être spectaculaire pour être profond. Il suffit parfois d’un regard, d’un baiser, et de trente-trois ans passés côte à côte face à la mer.
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