Imaginez un instant. Vous êtes au bord de la route, quelque part entre les pavés de l’Enfer du Nord et les pentes infernales du Tourmalet. Et là, un même coureur vous passe devant, deux fois dans la même année, avec exactement la même décontraction insolente. C’est un peu ce que Tadej Pogacar nous a offert ces deux dernières saisons. Alors quand on pose la question brutale : 2024 ou 2025, lequel a été le plus fort ?… eh bien, bonne chance pour trancher.
Un débat qui divise même les plus grands
La discussion revient sans cesse dans les discussions de fin d’année, dans les groupes WhatsApp de passionnés, chez les consultants et même entre anciens vainqueurs du Tour. D’un côté, le doublé Giro-Tour historique agrémenté du premier maillot arc-en-ciel. De l’autre, une campagne de Classiques d’une précision et d’une domination jamais vues, couronnée par un deuxième titre mondial et un quatrième Tour presque en mode roue libre.
Les chiffres sont impressionnants des deux côtés. Mais les sensations, elles, sont encore plus folles. Et c’est là que le débat devient vraiment intéressant.
2024 : l’année du doublé rarissime et du premier arc-en-ciel
Revenons un instant sur ce printemps et cet été 2024. Gagner le Giro et le Tour la même année, on ne l’avait plus vu depuis Marco Pantani en 1998. Et encore, le Pirate n’avait pas ajouté le titre mondial à son palmarès la même saison.
Pour beaucoup, ce doublé reste la performance suprême dans le cyclisme moderne. Trois semaines d’efforts continus, deux fois de suite, avec des enchaînements d’étapes ultra-exigeants, la gestion de la récupération, la pression médiatique… Tout ça dans la même saison, c’est d’une violence mentale assez rare.
Le doublé Giro-Tour reste quelque chose de quasi unique dans l’histoire récente. Ajoutez le Mondial et vous obtenez une saison qui rentre directement dans la légende.
Un ancien vainqueur des trois Grands Tours
Pourtant, même cette année-là, Pogacar trouvait encore le moyen de briller sur les classiques de printemps : Strade Bianche, Liège-Bastogne-Liège, Tour de Lombardie… Un menu déjà monstrueux pour quelqu’un qui prépare deux Grands Tours.
2025 : la plus grande campagne de Classiques de l’histoire ?
Passons maintenant à la saison qui vient de s’achever. Et là, on entre dans une autre dimension.
- Strade Bianche → victoire
- Tour des Flandres → victoire
- Paris-Roubaix → 2e (mais quelle démonstration…)
- Liège-Bastogne-Liège → victoire
- Tour de Lombardie → victoire
Cinq Monuments, cinq podiums. Personne n’avait jamais réussi ça. Personne. Même les plus grands puncheurs, rouleurs ou grimpeurs de l’histoire n’ont jamais approché une telle régularité sur les cinq plus grandes classiques d’un jour.
Le plus impressionnant, c’est peut-être la manière : dans chacune de ces courses, Pogacar a semblé évoluer dans une sphère différente de ses adversaires, y compris face à Mathieu van der Poel sur les courses qui sont censées être son jardin.
Paris-Roubaix : la prestation qui a marqué les esprits
Parmi toutes ces courses, il y en a une qui revient sans cesse quand on demande aux spécialistes quelle a été la plus grande performance de la saison : Paris-Roubaix 2025.
Il ne l’a pas gagnée. Et pourtant, c’est peut-être le jour où on l’a vu le plus fort. Attaques très loin de l’arrivée, relances incessantes dans les secteurs les plus durs, capacité à rouler fort pendant des kilomètres seul en tête… Même sans la victoire finale, ce Roubaix-là a marqué les observateurs plus que beaucoup de ses succès.
J’ai l’impression qu’il a fait exprès de ne pas gagner pour laisser un peu de suspense aux autres. Sur les pavés, il était intouchable.
Un ancien vainqueur du Tour
Le Tour 2025 : presque trop facile ?
Et puis il y a eu ce quatrième Tour de France. À ce stade, on ne sait même plus trop quoi en dire. Pogacar a contrôlé la course de bout en bout, sans jamais vraiment trembler. Il a pris le maillot jaune très tôt et l’a gardé jusqu’à Paris avec une sérénité déconcertante.
Certains observateurs ont même eu l’impression qu’il freinait volontairement dans la dernière semaine pour ne pas humilier davantage la concurrence. Un geste presque humaniste de la part d’un cannibale.
Que disent les spécialistes ?
Quand on demande aux anciens champions, les avis sont partagés, mais une tendance se dessine tout de même.
Plusieurs vainqueurs du Tour avouent avoir été plus impressionnés par la saison 2025, notamment à cause de cette versatilité incroyable. Pouvoir rivaliser avec les meilleurs spécialistes des Flandres, des pavés, des Ardennes et des Grands Tours la même année, c’est du jamais vu à ce niveau.
- La polyvalence absolue sur tous types de terrains
- La domination face à des adversaires ultra-spécialisés
- La régularité sur les cinq Monuments
- L’impression de facilité sur le Tour
- Le deuxième titre mondial en fin de saison
Autant d’arguments qui font pencher la balance pour beaucoup.
Et si la vraie question était ailleurs ?
Peut-être qu’on se trompe de débat. Peut-être que chercher à savoir quelle année a été la plus forte n’a finalement pas tant d’importance que ça.
Ce qui compte vraiment, c’est qu’on assiste, en direct, à l’une des plus grandes carrières de l’histoire du cyclisme. Point. Et qu’on a probablement encore de très belles choses à voir dans les années qui viennent.
Car même si 2025 a semblé presque irréel par moments, on a du mal à imaginer que le Slovène s’arrête là. Lui qui a déjà tout gagné, ou presque, pourrait bien chercher de nouveaux défis en 2026.
Alors, 2024 ou 2025 ? Franchement… je ne sais toujours pas. Et je trouve ça plutôt beau.
Parce que ça veut simplement dire qu’on a affaire à un phénomène. Un vrai.
Et ça, ça ne se mesure pas avec des chiffres ou des classements. Ça se ressent, tout simplement.
Et vous, vous votez pour quelle saison ?
