Et si un jour, pour préparer un week-end en Bourgogne, vous n’aviez plus besoin de fouiller dans les images d’un géant du web américain ? Imaginez pouvoir se balader virtuellement le long des petites routes bordées de vignes, admirer les virages d’une véloroute sans quitter son canapé, tout ça avec des données qui restent chez nous, en France. Ça peut sembler futuriste, et pourtant c’est déjà une réalité dans un département bien précis.
J’ai toujours trouvé fascinant de voir comment les petites collectivités osent parfois des projets que l’on croyait réservés aux multinationales. Là, on touche à quelque chose de concret : la maîtrise de nos paysages numériques. Et franchement, dans le contexte actuel où la souveraineté des données est sur toutes les lèvres, ce genre d’initiative fait du bien.
Une première qui fait du bruit dans l’Hexagone
Le département de la Côte-d’Or a donc décidé de ne plus se contenter d’utiliser les services existants. Il a créé son propre système de vues panoramiques 360°, couvrant l’intégralité de son réseau routier et cyclable dont il a la charge. On parle ici de plus de 8 400 kilomètres de routes et pistes, soit des millions d’images capturées avec une précision impressionnante.
Ce qui frappe d’emblée, c’est l’aspect « made in France ». Tout est hébergé localement, géré par la collectivité elle-même. Pas de clouds américains, pas de revente de données à des tiers. C’est une vraie déclaration d’indépendance numérique à l’échelle d’un territoire.
Pourquoi ce choix maintenant ?
La question mérite d’être posée. Après tout, le service historique existe depuis des années et couvre déjà une bonne partie du territoire français. Alors pourquoi réinventer la roue ?
La réponse tient en un mot : souveraineté. Les images capturées appartiennent au département, elles sont stockées en France, et personne d’autre ne peut en disposer librement. Dans un monde où les données géographiques sont devenues stratégiques, c’est un positionnement fort.
La maîtrise des données est devenue une question essentielle pour nos territoires.
– Un élu local engagé dans le projet
Et puis il y a l’aspect pratique. Les services techniques ont besoin d’outils ultra-précis pour surveiller l’état des routes, repérer les fissures, les nids-de-poule, les panneaux dégradés. Avec une précision centimétrique et des images récentes, on passe à un niveau supérieur par rapport à ce qui existait auparavant.
J’ai pu voir quelques exemples : on distingue littéralement les boulons des rambardes de sécurité. C’est presque troublant de précision.
Comment ça marche concrètement ?
Le système repose sur une plateforme nationale qui permet de mutualiser les contributions de vues immersives. Le département a tout simplement versé sa gigantesque base d’images dedans. Résultat : n’importe qui peut aujourd’hui se promener virtuellement sur ces routes, que ce soit pour préparer un itinéraire vélo ou simplement rêver à un futur séjour.
- Des images prises tous les cinq mètres environ
- Plus de deux millions de clichés au total
- Des volumes de données qui se chiffrent en téraoctets
- Floutage automatique des visages et plaques via intelligence artificielle
Le floutage, parlons-en. C’est l’un des points forts : respect du RGPD, protection de la vie privée, tout est fait dans les règles. On sent que l’équipe a réfléchi à chaque détail.
Et contrairement à ce qu’on pourrait penser, ce n’est pas limité aux grandes artères. Les petites routes de campagne, les chemins de véloroute traversant les climats bourguignons, tout y passe. C’est exhaustif.
Les usages qui changent la donne
Bon, d’accord, c’est joli de se balader virtuellement. Mais au-delà du côté touristique, quels sont les vrais bénéfices ?
D’abord, la gestion courante des infrastructures. Les agents peuvent zoomer sur une portion de route, évaluer les dégradations sans se déplacer systématiquement. Ça représente un gain de temps et d’argent considérable.
Ensuite, l’aménagement du territoire. Quand on prépare un nouvel aménagement cyclable ou un giratoire, pouvoir visualiser le contexte en 360° change complètement la perspective.
Et puis il y a le tourisme. La Bourgogne, c’est les Hospices de Beaune, les clos de Vougeot, les falaises de Solutré… Pouvoir montrer ces paysages en immersion totale avant même que le visiteur ne réserve son hôtel, c’est un argument commercial puissant.
- Préparer un séjour sans surprise
- Choisir le meilleur itinéraire vélo
- Montrer à des amis ce qui les attend
- Découvrir des coins méconnus depuis son canapé
Perso, je trouve que c’est l’usage touristique qui pourrait vraiment décoller. On vit à une époque où les gens veulent « tester » une destination avant de s’engager. Ce genre d’outil répond parfaitement à ce besoin.
Et demain ? Vers une cartographie 100 % locale
Le projet ne s’arrête pas là. Dans les mois qui viennent, une version encore plus aboutie devrait voir le jour : une sorte de cartographie interactive propre au département, avec recherche, itinéraires, superposition de données.
Ce sera opérationnel d’ici l’automne prochain, et ça promet de devenir un vrai concurrent local aux grands services mondiaux. L’idée est de proposer une expérience fluide, moderne, sans publicité intrusive ni collecte massive de données personnelles.
Et si d’autres départements suivaient le mouvement ? L’élu à l’origine du projet ne cache pas son ambition : il aimerait voir essaimer ce modèle partout en France. Une sorte de réseau de Street Views souverains, maillés les uns aux autres via la plateforme nationale.
Plus on mutualise, plus on devient forts collectivement.
– Vision partagée par les porteurs du projet
C’est ambitieux, presque utopique. Mais après tout, pourquoi pas ? Quand on voit la vitesse à laquelle les technologies évoluent, un tel réseau pourrait devenir réalité plus vite qu’on ne le pense.
Les limites et les défis à relever
Évidemment, tout n’est pas parfait. Ce système couvre uniquement les routes dont le département a la charge. Dès qu’on entre dans une commune, sur une voie communale, c’est terminé. Pas de centre-ville de Dijon ou de Beaune en immersion pour l’instant.
Autre point : la mise à jour. Les images datent de 2025. Dans cinq ans, certaines portions auront changé. Il faudra donc prévoir un cycle de renouvellement régulier, ce qui représente un coût non négligeable.
Mais ces limites sont aussi des opportunités. Si le projet prend de l’ampleur, les communes pourraient elles-mêmes contribuer, créant une sorte de grand géocommun collaboratif.
En creusant un peu plus, on se rend compte que ce n’est pas juste une question de cartes. C’est une réflexion profonde sur qui contrôle nos représentations numériques du territoire. Dans un pays où l’on parle beaucoup de réindustrialisation et de souveraineté technologique, voilà un exemple concret, à taille humaine.
Je trouve ça presque poétique : des vignobles bourguignons qui deviennent les premiers à se doter d’un double numérique 100 % français. Ça donne envie de prendre la voiture (ou le vélo) et d’aller vérifier par soi-même si la réalité est aussi belle que la version virtuelle.
Et vous, qu’en pensez-vous ? Est-ce que ce genre d’initiative pourrait vraiment changer notre rapport aux cartes et aux territoires ? Ou est-ce juste un joli coup de com’ local ? L’avenir nous le dira, mais en attendant, une chose est sûre : la Côte-d’Or a frappé un grand coup.
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