Imaginez un peu : on est le 31 décembre, la piste de Vincennes est illuminée, l’air est frais, presque mordant, et un trotteur puissant s’élance pour ce qui pourrait être le plus beau feu d’artifice de fin d’année pour son entourage. Ce n’est pas juste une course de plus dans le meeting d’hiver. C’est peut-être le jour où un jeune entraîneur va enfin décrocher ce succès tant attendu dans un quinté. Et franchement, quand on suit les courses depuis un moment, ces histoires-là, elles ont quelque chose de spécial.
Gold Mencourt, la carte maîtresse d’un entraîneur en pleine ascension
Le Prix de Poitiers, quinté de ce mercredi à Paris-Vincennes, met en lumière un cheval qui semble avoir tout pour briller : Gold Mencourt. Numéro 12 au départ, ce trotteur de 8 ans arrive dans une forme étincelante et bénéficie d’un engagement sur mesure. Mais au-delà du cheval, c’est surtout l’histoire de son entraîneur qui retient l’attention cette fois-ci.
Simon Rousselle, à tout juste une trentaine d’années, vit sa troisième saison complète comme professionnel indépendant. Et quel parcours déjà ! Parti de rien, ou presque, il a bâti de ses mains un outil de travail qui fait aujourd’hui envie à beaucoup dans la profession.
Des champs nus au haras moderne : l’aventure normande
Tout a commencé il y a quelques années, quand Simon et sa femme Cloé ont décidé de tout plaquer pour créer leur propre structure. Direction le Calvados, plus précisément Cambremer, où ils achètent 28 hectares de terrain. À l’époque, il n’y avait que des prés et des clôtures. Pas d’écurie, pas de piste, rien.
Ils ont pris leur temps. Vraiment. Chaque bâtiment, chaque installation a été pensée pour le bien-être des chevaux. Aujourd’hui, le Haras des Bruyères est devenu une référence discrète mais solide dans le paysage normand des trotteurs.
Nous avons construit progressivement, sans nous précipiter. L’idée était de créer un environnement où les chevaux se sentent bien, avec tout ce qu’il faut pour leur récupération.
Le point fort ? La balnéothérapie équine. Cloé, spécialisée dans ce domaine, a installé un équipement complet qui permet aux chevaux de profiter des bienfaits de l’eau pour récupérer plus vite et mieux. Dans le monde du trot où la répétition des efforts est intense, c’est un avantage qui n’est pas négligeable.
Au quotidien, une trentaine de pensionnaires occupent les boxes, entre chevaux d’âge et jeunes en débourrage. Trois salariés, une apprentie, et des prestataires extérieurs font tourner la machine. C’est une petite entreprise familiale qui fonctionne à merveille.
Un bilan déjà impressionnant pour une si jeune structure
Quand on regarde de plus près les résultats de Simon Rousselle depuis qu’il s’est installé à son compte, on ne peut qu’être impressionné. Troisième exercice seulement, et déjà un Groupe I au palmarès. Pas mal, non ?
Avant de voler de ses propres ailes, il a passé dix ans aux côtés d’un des plus grands noms du trot français. Une formation en or, où il a tout appris du métier : du débourrage à la préparation des grands rendez-vous. Cette expérience, il la met aujourd’hui pleinement à profit.
Mais le quinté, cette épreuve si particulière qui fait rêver tous les professionnels, lui échappe encore. Plusieurs places, des accessits encourageants, mais jamais la victoire. Jusqu’à présent.
- Des victoires dans des courses relevées
- Des chevaux qui progressent régulièrement
- Une organisation irréprochable
- Et maintenant, un engagement idéal pour Gold Mencourt
Tous les voyants sont au vert. Reste à transformer l’essai sur la piste.
Pourquoi Gold Mencourt peut créer la surprise ce 31 décembre
Parlons justement du cheval. Gold Mencourt n’est pas un inconnu pour les habitués de Vincennes. À 8 ans, il a déjà une belle carte de visite et montre cette année qu’il est revenu à son meilleur niveau.
Ses dernières sorties ? Franchement convaincantes. Il a prouvé qu’il pouvait suivre les meilleurs sur ce parcours des 2850 mètres de la grande piste. Et surtout, il adore quand ça va vite devant – ce qui risque bien d’être le cas dans ce Prix de Poitiers.
Quelques éléments concrets qui plaident en sa faveur :
- Un engagement au plafond des gains qui le rend compétitif
- Une forme ascendante confirmée cet hiver
- Un driver expérimenté qui le connaît parfaitement
- Des conditions de course qui correspondent exactement à ses aptitudes
Dans le trot attelé européen, les chevaux de cet âge-là, quand ils sont bien gérés, peuvent encore progresser. Gold Mencourt semble appartenir à cette catégorie. Il n’a pas la carrière la plus médiatisée, mais il a cette régularité qui fait les bons quintés.
Et puis, il y a cette petite statistique qui ne trompe pas : les chevaux entraînés par des professionnels normands font souvent très bonne figure dans les gros handicaps de Vincennes en cette période de l’année. Le climat, la préparation, l’expérience du meeting… Tout joue.
Le meeting d’hiver de Vincennes : un rendez-vous incontournable
On ne peut pas parler de ce quinté sans évoquer le contexte. Le meeting d’hiver de Vincennes, c’est un peu les fêtes du trot français. De novembre à février, la grande piste accueille le gratin européen du trot attelé.
Les quintés s’enchaînent, les enjeux montent, et chaque course a son lot d’histoires. Celle de Simon Rousselle et Gold Mencourt pourrait bien être l’une des plus belles de cette fin décembre.
Ce qui rend Vincennes unique ? Cette piste en pouzzolane, ces virages relevés, cette ambiance nocturne sous les projecteurs. Les chevaux doivent être solides, endurants, mais aussi tactiques. Gold Mencourt a déjà prouvé qu’il savait s’adapter à ces exigences.
Les clés pour comprendre les quintés de fin d’année
À cette période, plusieurs paramètres entrent en jeu. La forme hivernale d’abord : certains chevaux adorent le froid, d’autres moins. La fraîcheur ensuite : après un été chargé, ceux qui ont été préservés arrivent souvent en pleine possession de leurs moyens.
Et puis il y a l’aspect psychologique pour les entraîneurs. Quand on sent qu’un cheval peut faire un truc en fin d’année, on met tout en œuvre pour qu’il soit prêt le jour J. Simon Rousselle, avec son organisation millimétrée, semble avoir coché cette case.
Ce que j’aime particulièrement dans ces histoires, c’est qu’elles montrent que le trot français reste vivant, renouvelé en permanence par des jeunes professionnels talentueux. On parle beaucoup des grandes écuries, mais ce sont souvent ces structures à taille humaine qui créent les surprises.
Vers une première victoire qui en appellera d’autres ?
Si Gold Mencourt parvient à conclure victorieusement ce 31 décembre, ce sera plus qu’une ligne au palmarès. Ce sera la confirmation qu’une nouvelle génération est prête à prendre le relais.
Simon Rousselle a déjà prouvé qu’il savait gagner au plus haut niveau. Manque juste ce petit quelque chose dans les quintés, ces courses qui font la une et remplissent les compteurs.
Après ? Le meeting continue, avec ses grands prix, ses classiques pour les jeunes. Et avec une structure comme le Haras des Bruyères, bien équipée et bien pensée, les ambitions peuvent être grandes.
On a vu ces dernières années plusieurs entraîneurs normands exploser au niveau national. Pourquoi pas lui ? Les bases sont là, le talent aussi. Reste à transformer les promesses en réalités concrètes.
En attendant, ce Prix de Poitiers s’annonce passionnant. Gold Mencourt a les moyens de jouer les premiers rôles. Et qui sait, peut-être que 2025 se terminera en beauté pour cette écurie qui monte, qui monte…
Parce que dans le trot, plus que dans n’importe quel autre sport hippique peut-être, les belles histoires existent encore. Et celle-ci en a tous les ingrédients.
