Imaginez un instant : un adolescent de 14 ans ramasse une pierre et la lance en direction de soldats lourdement armés. Pour beaucoup, c’est un acte désespéré, presque symbolique. Pour d’autres, c’est une menace mortelle. Et quand un ministre annonce publiquement que la police va « tabasser » ces jeunes, même mineurs, la polémique explose. C’est exactement ce qui se passe en Israël en cette fin d’année 2025.
J’ai suivi de près l’évolution de la situation sécuritaire là-bas depuis longtemps, et franchement, chaque nouvelle déclaration d’Itamar Ben Gvir me laisse perplexe. Comment en arrive-t-on à justifier une telle fermeté, presque brutale, envers des enfants ? C’est une question qui mérite qu’on s’y attarde, sans parti pris, mais avec lucidité.
Une déclaration qui choque et divise
En plein milieu d’une opération policière d’envergure dans un village bédouin du sud d’Israël, le ministre de la Sécurité nationale a choisi ses mots sans détour. Interrogé sur l’arrestation de mineurs ayant jeté des pierres sur les forces de l’ordre, il a affirmé que ces jeunes doivent être traités avec la plus grande sévérité.
Si un mineur jette une pierre, il doit être traité sévèrement. Une pierre peut tuer.
Cette phrase, prononcée devant les caméras, résume à elle seule la philosophie de l’intéressé : zéro tolérance, même face à des adolescents. Il a même promis que la police n’hésiterait pas à employer la force pour protéger les soldats et policiers. « Je ne les laisserai pas toucher un seul cheveu de nos combattants », a-t-il martelé.
Sur sa chaîne Telegram, il est allé plus loin encore. Filmé au milieu des forces de l’ordre, il lance : « Nous sommes les patrons ici ! » Une posture qui en dit long sur sa vision de l’autorité.
Le contexte de l’opération dans le Néguev
Pour bien comprendre, il faut remonter à ce qui se passe sur le terrain. Depuis plusieurs jours, une vaste opération policière se déroule dans la région désertique du Néguev. L’objectif officiel ? Renforcer la présence de l’État et lutter contre ce qui est perçu comme une perte de contrôle dans certains villages bédouins.
Tarabin al-Sana, le village concerné, est au cœur de cette intervention. Des jets de pierres sur les forces de l’ordre ont été rapportés, entraînant des arrestations, y compris de mineurs. C’est dans ce climat tendu que le ministre est intervenu, affirmant qu’il est hors de question de reculer face à ces « criminels ».
- Objectif déclaré : restaurer la « gouvernance » dans la région
- Moyens déployés : importante présence policière et militaire
- Réactions locales : tensions palpables et actes de résistance
- Position du ministre : fermeté absolue, sans distinction d’âge
Ce n’est pas la première fois que ce genre d’opération fait parler. Le Néguev, vaste étendue aride, abrite une population bédouine souvent marginalisée. Les relations avec l’État sont complexes, marquées par des questions de reconnaissance de villages, d’accès à l’eau et aux services. Quand la police débarque en force, ça ravive forcément des rancœurs anciennes.
Une ligne dure assumée
Itamar Ben Gvir n’a jamais caché son appartenance à l’extrême droite. Figure controversée, il multiplie les sorties provocatrices depuis son entrée au gouvernement. Cette fois, sa promesse d’une réponse physique ferme, même contre des mineurs, s’inscrit dans une continuité.
Il parle d’un « nouvel ordre » dans le Néguev. Un ordre où jeter une pierre, quel que soit l’âge de l’auteur, entraîne une réaction immédiate et musclée. « Il est inconcevable qu’on jette des pierres sur des policiers sans réaction », répète-t-il.
D’un côté, ses partisans y voient une nécessaire restauration de l’autorité. De l’autre, ses détracteurs dénoncent une dérive autoritaire, surtout quand il s’agit d’enfants. Personnellement, je trouve que le débat mérite d’être posé : où trace-t-on la limite entre légitime défense des forces de l’ordre et usage disproportionné de la force ?
Nous ne reculons pas, nous ne clignons pas des yeux et nous ne cédons pas face à ces criminels.
– Le ministre sur Telegram
Cette citation illustre parfaitement le ton guerrier adopté. On sent une volonté de marquer les esprits, de montrer que l’État ne pliera plus.
Les dangers réels des jets de pierres
Il faut être honnête : une pierre lancée avec force peut bel et bien blesser gravement, voire tuer. Dans des zones de tension, les soldats et policiers portent souvent des équipements de protection, mais un impact au visage ou à la tête reste dangereux. Les autorités israéliennes rapportent régulièrement des blessés dans leurs rangs à cause de ce type d’attaques.
Cela dit, la réponse proposée soulève des questions éthiques. Traiter un mineur comme un adulte dans ce contexte, c’est risquer d’alimenter un cycle de violence. Beaucoup d’observateurs internationaux s’inquiètent d’une escalade.
Et puis, il y a l’âge. Un garçon de 14 ans n’a pas la même maturité, la même compréhension des conséquences qu’un adulte. Punir sévèrement, oui, mais jusqu’à autoriser des violences physiques ? C’est là que le bât blesse pour beaucoup.
Un ministre habitué des provocations
Ce n’est pas un coup d’essai. Au fil des mois, Itamar Ben Gvir a multiplié les déclarations et gestes qui font réagir. Soutien à des peines extrêmes, propositions symboliques fortes, visites controversées sur des sites sensibles… Tout y passe.
Son style, c’est la provocation calculée. Il sait que ses mots vont faire le tour des réseaux et des médias. Et force est de constater que ça fonctionne : on en parle partout. Mais à quel prix pour la cohésion interne ?
- Il incarne une frange dure de la droite israélienne
- Ses positions sécuritaires sont intransigeantes
- Il n’hésite pas à utiliser des symboles forts
- Son influence au gouvernement n’est pas négligeable
L’aspect le plus intéressant, à mon avis, c’est de voir comment ces déclarations résonnent dans une société déjà profondément divisée. D’un côté, une partie de la population applaudit cette fermeté. De l’autre, beaucoup s’inquiètent d’une radicalisation.
Les implications plus larges
Cette affaire ne se limite pas au Néguev. Elle touche à des questions fondamentales : comment gérer les populations marginalisées ? Quelle réponse apporter à la petite délinquance violente ? Comment éviter que des jeunes basculent dans une spirale plus grave ?
Dans d’autres régions, comme la Cisjordanie, les jets de pierres sont malheureusement courants lors d’affrontements. La politique de tolérance zéro risque de s’étendre, avec tous les risques que cela comporte.
Et puis il y a la dimension internationale. Ces déclarations sont scrutées à la loupe par les organisations de défense des droits humains. Elles alimentent les critiques sur le traitement des mineurs dans les zones de conflit.
Je me demande souvent si cette fermeté affichée calmera vraiment les tensions ou si, au contraire, elle les exacerbera. L’histoire nous a montré que la manière dont on traite les jeunes générations a un impact énorme sur l’avenir.
Vers une nouvelle doctrine sécuritaire ?
Avec cette opération et ces déclarations, on assiste peut-être à l’émergence d’une doctrine plus musclée. Le message est clair : l’État reprend la main, coûte que coûte.
Mais pour que ça fonctionne durablement, il faudra sans doute plus que des interventions ponctuelles. Éducation, développement économique, dialogue… Les solutions de fond sont souvent plus longues à mettre en place, mais elles portent leurs fruits sur la durée.
En attendant, cette affaire continue de faire des vagues. Elle cristallise les fractures d’une société sous pression, entre désir de sécurité absolue et nécessité de justice équitable.
Pour conclure, cette histoire nous rappelle une chose essentielle : dans les zones de tension, chaque mot, chaque geste compte. La ligne entre fermeté légitime et excès est parfois ténue. Et quand un ministre promet publiquement une réponse physique contre des mineurs, le débat est lancé. Reste à voir si cette approche apaisera les esprits ou, au contraire, jettera de l’huile sur le feu.
Une chose est sûre : on n’a pas fini d’en entendre parler.
