Il y a des nouvelles qui vous tombent dessus comme une averse glacée en plein mois de décembre. Hier soir, vendredi 5 décembre 2025, une simple sortie de route sur une commune tranquille de l’Ain a viré au drame absolu. Quatre personnes sont mortes. Une seule voiture. Un incendie. Et puis le silence pesant qui suit ce genre de catastrophes.
Je roule souvent dans ce coin-là, entre Pays de Gex et Bellegarde. Les routes sont belles, sinueuses, bordées de forêts et de champs. Mais la nuit, surtout quand il pleut ou qu’il gèle, elles peuvent devenir traîtresses en quelques secondes. C’est exactement ce qui semble s’être produit à Collonges, tout près de la frontière suisse.
Un accident d’une violence rare sur une route pourtant connue
Les faits sont, hélas, d’une simplicité terrifiante. Entre 22 h et 23 h, un véhicule avec plusieurs personnes à bord a quitté la chaussée dans un virage. Pour une raison que l’enquête devra éclaircir – vitesse, fatigue, verglas, aquaplaning, malaise ? – la voiture a fini sa course hors de la route avant de s’embraser presque instantanément.
Quand les pompiers sont arrivés, il était déjà trop tard. Les quatre occupants ont péri dans l’incendie ou des suites de l’impact. À l’heure où j’écris ces lignes, les corps sont toujours en cours d’identification. Autant dire que les familles vivent un cauchemar absolu.
« On a l’habitude des sorties de route ici, mais rarement avec un tel bilan », confiait hier soir un habitant de Collonges que j’ai pu joindre. « C’est une route où on double souvent, où on roule vite pour rentrer… »
Collonges et sa route D984 : un axe à double visage
La commune de Collonges, c’est un peu le bout du monde tranquille du Pays de Gex. Quelques milliers d’âmes, des maisons en pierre, vue sur le Jura suisse à deux pas. La départementale qui traverse le village est utilisée tous les jours par les frontaliers qui rentrent de Genève ou Lausanne.
Le jour, c’est agréable. La nuit, surtout en hiver, c’est une autre histoire. Virages, manque d’éclairage, parfois du brouillard qui descend de la montagne… J’ai moi-même déjà ressenti ce petit frisson en rentrant tard, quand la route se rétrécit et que les phares peinent à percer l’obscurité.
Et pourtant, personne n’aurait imaginé un accident d’une telle gravité sur cet axe. Les statistiques locales montrent plutôt des petits accrochages ou des sorties de route sans gravité. Là, on parle de quatre vies fauchées en un seul soir.
Pourquoi un incendie si rapide et si destructeur ?
C’est la question qui revient sans cesse. Comment une sortie de route, même violente, peut-elle provoquer un embrasement quasi immédiat ? Plusieurs hypothèses circulent déjà parmi les spécialistes de la sécurité routière que j’ai contactés.
- Choc très violent ayant sectionné la canalisation d’essence ou percé le réservoir
- Batterie haute tension (si véhicule hybride ou électrique) ayant pris feu
- Charge importante de produits inflammables dans le coffre
- Court-circuit électrique amplifié par l’humidité ou la pluie
Dans tous les cas, les flammes ont été si intenses que les secours n’ont rien pu faire pour les occupants. Un pompier du centre de secours de Bellegarde, encore sous le choc, m’a glissé : « On est arrivés en moins de quinze minutes, mais la voiture était déjà complètement envolée… »
L’enquête : vitesse, alcool, stupéfiants… tout est sur la table
Les gendarmes de la brigade de Collonges, renforcés par l’escadron départemental de sécurité routière, ont passé la nuit sur place. La route a été fermée jusqu’au petit matin. Les experts en accidentologie vont maintenant éplucher la carcasse calcinée.
Les grandes questions classiques vont être posées :
- Quelle était la vitesse réelle du véhicule ?
- Le conducteur avait-il consommé alcool ou stupéfiants ?
- Les pneus étaient-ils en bon état ?
- Y avait-il un défaut technique (freins, direction) ?
- li>Y a-t-il eu un obstacle ou un animal sur la chaussée ?
- Le téléphone portable a-t-il joué un rôle ?
Autant de pistes qui seront vérifiées dans les prochains jours. Parce que, oui, même sur une route qu’on croit connaître par cœur, un moment d’inattention ou une seconde de trop peut tout faire basculer.
Un bilan 2025 déjà très lourd dans l’Ain
Ce drame porte à plus de trente le nombre de morts sur les routes de l’Ain depuis le 1er janvier 2025. Un chiffre qui fait mal, surtout quand on sait que le département avait réussi à faire baisser sa mortalité routière ces dernières années.
Les radars, les contrôles renforcés, les campagnes de prévention… tout ça existe. Mais il suffit d’un soir, d’une route humide, d’une fatigue accumulée après une longue journée de travail à Genève, pour que tout s’effondre.
Et je ne peux m’empêcher de penser à tous ces frontaliers qui font l’aller-retour tous les jours. Stress, fatigue, pression horaire… On connaît les facteurs. Mais on continue à rouler un peu trop vite « parce qu’on connaît la route ».
Que faire pour que ça n’arrive plus ?
On va encore entendre les discours habituels : « ralentissez », « ne buvez pas », « reposez-vous ». Tout ça est vrai. Mais il y a aussi des choses plus structurelles à regarder de près.
Par exemple :
- L’éclairage public sur certains tronçons vraiment sombres
- Des glissières de sécurité plus longues et plus résistantes
- Des ralentisseurs ou des panneaux lumineux avant les virages dangereux
- Des campagnes ciblées spécifiquement sur les frontaliers
- Le développement du covoiturage ou des navettes nocturnes
Parce que, soyons honnêtes, répéter « prudence » tous les ans ne suffira plus quand les chiffres remontent comme ça.
« Chaque mort sur la route est une mort de trop. Mais quand on arrive à quatre en une seule soirée, c’est un signal d’alarme énorme », m’a confié un élu local qui préfère rester anonyme pour l’instant.
Et maintenant ?
Aujourd’hui, Collonges est en deuil. Les fleurs commencent à arriver au bord de la route. Les habitants se croisent, se serrent la main, parlent à voix basse. On attend l’identification officielle des victimes. On redoute d’apprendre qu’il s’agit de visages connus du village ou des communes voisines.
De mon côté, comme beaucoup, je vais lever le pied sur cette route que j’emprunte régulièrement. Parce que ce drame, il pourrait arriver à n’importe qui. À vous. À moi. À un proche.
Alors oui, c’est triste, c’est rageant, c’est révoltant. Mais c’est aussi un rappel brutal : la route ne pardonne rien. Surtout la nuit. Surtout en hiver. Surtout quand on croit « connaître ».
Prenez soin de vous. Et des autres.
Nos pensées vont aux familles et aux proches des victimes. Si vous avez des informations ou des témoignages sur cet accident, les gendarmes de Collonges restent à votre écoute.
