Il est presque 2 heures du matin quand le silence d’une petite route de Seine-et-Marne est déchiré par le bruit assourdissant d’une collision. Une voiture, deux très jeunes femmes à bord, et un poids lourd qui arrive en face. Quelques secondes suffisent pour que tout bascule. À l’arrivée des secours, une adolescente de 19 ans est déjà en arrêt cardiorespiratoire. Malgré les efforts, elle est déclarée décédée sur place. Sa copine de 20 ans, qui conduisait, est héliportée dans un état critique. Cette nuit-là, la D603 est devenue le théâtre d’un drame qui nous glace le sang.
Un accident qui aurait pu être évité ?
Quand on entend parler d’accident mortel impliquant un camion, on imagine souvent des vitesses folles ou de l’alcool. Ici, rien de tout ça, paraît-il. Les premiers éléments laissent penser que les deux véhicules roulaient à une allure modérée. Alors qu’est-ce qui a mal tourné ? Tout semble se jouer à un carrefour pourtant bien connu des habitants de la région, près de la zone industrielle du Hainaut, juste à côté du McDonald’s de La Ferté-sous-Jouarre.
D’après les témoins et les élus locaux venus sur place, la voiture des deux jeunes femmes arrivait sur un feu qui, depuis plusieurs jours, ne fonctionnait plus correctement. Au lieu d’alterner normalement entre rouge et vert, il était resté bloqué en mode orange clignotant. Vous savez, ce mode qui signifie théoriquement « prudence, vous n’avez pas la priorité mais vous pouvez passer avec vigilance ».
« Le poids lourd venait de La Ferté-sous-Jouarre, il avait clairement la priorité. La voiture, elle, n’aurait pas assez marqué l’arrêt… ou peut-être qu’elle a cru pouvoir passer vu le clignotant », confie un adjoint au maire présent sur les lieux peu après le choc.
Le camion percute l’avant gauche de la voiture de plein fouet. Le choc est si violent que la passagère est éjectée à l’intérieur de l’habitacle et se retrouve en arrêt cardiaque immédiat. Les pompiers, arrivés en masse – dix-neuf hommes et huit véhicules – tentent l’impossible pendant de longues minutes. En vain.
Le fléau des feux clignotants mal compris
Franchement, qui n’a jamais hésité devant un feu orange clignotant ? On ralentit un peu, on regarde à gauche, à droite, et parfois… on passe. Surtout la nuit, quand la route semble déserte. Sauf que légalement, un feu orange clignotant équivaut à un panneau « stop » ou « cédez le passage » selon la configuration. La priorité reste à celui qui vient de la route principale.
Et là, on touche à un vrai problème de sécurité routière en France : beaucoup de conducteurs – surtout les plus jeunes – ne maîtrisent pas parfaitement cette règle. J’ai moi-même surpris des amis qui pensaient que « orange clignotant = feu grillé, on peut y aller ». Grave erreur.
- Un feu orange clignotant sur la voie principale → les véhicules qui arrivent sur cette voie ont la priorité.
- Un feu orange clignotant sur la voie secondaire → obligation de marquer l’arrêt ou de céder le passage.
- Dans le doute, on s’arrête. Toujours.
Dans le cas de Sept-Sorts, le dysfonctionnement durait depuis mercredi. Les services techniques avaient été alertés, mais la réparation n’était pas encore intervenue. Est-ce que cela aurait changé quelque chose ? Impossible à dire avec certitude. Mais quand on sait que la conductrice n’avait que 20 ans et quelques mois de permis, on se dit que chaque signal clair peut sauver une vie.
Les jeunes, population ultra-vulnérable sur la route
Les chiffres sont implacables : les 18-24 ans représentent à peine 9 % de la population française, mais près de 20 % des tués sur la route. La nuit, ce taux explose. Manque d’expérience, prise de risque, fatigue, parfois un peu d’alcool ou de cannabis… Tout concourt à faire de ces soirées entre amis un moment à très haut risque.
La victime de 19 ans était passagère. Elle n’avait même pas le permis depuis longtemps, ou peut-être pas du tout. Elle faisait confiance à son amie au volant. Et en une fraction de seconde, tout s’arrête. C’est brutal, c’est injuste, et ça nous renvoie tous à nos propres soirées d’adolescence où on rentrait à cinq dans une vieille Clio en rigolant.
Aujourd’hui, une famille est détruite, une autre qui retient son souffle à l’hôpital Henri-Mondor, et un chauffeur routier de 46 ans profondément choqué qui va devoir vivre avec ça. Parce que oui, même quand on a la priorité et qu’on n’a rien à se reprocher, percuter une voiture avec deux gamines dedans, ça laisse des traces.
L’enquête en cours et les questions qui dérangent
La brigade de gendarmerie de La Ferté-sous-Jouarre a pris l’affaire en main. Les investigations vont porter sur plusieurs points :
- La vitesse exacte des deux véhicules (même si tout laisse penser qu’elle était raisonnable)
- Le temps de réaction de la conductrice face au clignotant
- Le délai de réparation du feu de signalisation
- L’état des pneumatiques, l’alcoolémie, la téléphonie au volant, etc.
On peut déjà parier que la question de la maintenance des feux va revenir sur la table. Combien de carrefours en France fonctionnent en orange clignotant pendant des jours, voire des semaines ? Et combien d’accidents auraient pu être évités avec une simple intervention rapide ?
Et nous, qu’est-ce qu’on peut faire ?
Je ne vais être cash : ce drame me met en colère. Parce qu’il est évitable à plusieurs niveaux. Oui, la conductrice a sans doute commis une erreur d’appréciation. Mais à 20 ans, on en commet tous. L’erreur, c’est aussi de laisser un feu défectueux pendant quatre jours sans le réparer en urgence. L’erreur, c’est de ne pas assez marteler les règles de priorité dans les auto-écoles.
Alors si vous avez un ado qui vient d’avoir le permis, ou si vous êtes vous-même un jeune conducteur, retenez une chose : la prudence excessive n’a jamais tué personne. L’imprudence, si.
Ce soir, quelque part en Seine-et-Marne, une maman et un papa pleurent leur fille de 19 ans qui ne rentrera pas. Une autre famille attend un miracle à l’hôpital. Et nous, on continue de rouler tous les jours sur des routes où un petit voyant orange peut décider de tout.
Prenez soin de vous sur la route. Vraiment.
