Vous vous souvenez tous de cette image qui a glacé le sang de millions de supporters. Le 4 novembre dernier, sous les projecteurs du Parc des Princes, Achraf Hakimi s’effondre, le visage tordu de douleur, les larmes aux yeux, soutenu par le staff médical. Un tacle aussi violent qu’involontaire de Luis Diaz, une cheville qui vrille dans le mauvais sens, et l’angoisse immédiate : va-t-il rater la CAN à la maison ? Un mois plus tard, l’espoir renaît. Le latéral du PSG a quitté Paris pour le Maroc, pas pour des vacances, mais pour la dernière ligne droite de sa rééducation. Et franchement, l’histoire est belle.
Une course contre la montre devenue marathon personnel
Quand on parle de rééducation, on imagine souvent des salles blanches, des machines froides, des kinés qui répètent « patience, patience ». Chez Hakimi, c’est tout l’inverse : il a transformé l’épreuve en défi presque personnel. Début décembre, il courait déjà sur les pelouses de Poissy sans boiter. Puis, décision forte : rentrer au pays, sous le soleil marocain, pour finir le boulot entouré des siens.
Ce n’est pas un caprice de star. C’est un choix réfléchi, validé par le staff parisien qui a même envoyé un médecin et un kiné avec lui. Parce que oui, le PSG a besoin de son latéral supersonique, mais le Maroc a besoin de son capitaine. Et entre les deux, Hakimi a choisi de ne décevoir personne.
La blessure : quand le corps dit stop
Revenons un instant sur ce soir de novembre. Ligue des champions, ambiance électrique, PSG-Bayern, les deux équipes qui se rendent coup pour coup. Et puis ce contact anodin en apparence qui tourne au drame. Grosse entorse de la cheville gauche, ligaments qui crient, saison qui bascule en une seconde. Les images font le tour du monde : Hakimi en pleurs, soutenu, presque porté hors du terrain. À ce moment-là, même les supporters adverses ont eu mal pour lui.
Pour un joueur qui court à 36 km/h en pointe, une cheville, c’est tout. C’est l’équilibre, la puissance, l’explosivité. Perdre ça, c’est perdre son super-pouvoir. Et pourtant, dès le lendemain, il postait déjà des stories « I’ll be back stronger ». Promesse de guerrier.
« Il fait ce qu’il a à faire, c’est un grand travailleur. Il a envie d’être là dès le premier match. »
Walid Regragui, sélectionneur du Maroc, il y a quelques jours à peine
Pourquoi le Maroc, et pas Paris ?
Question légitime. Le PSG possède l’un des meilleurs centres de rééducation d’Europe. Alors pourquoi partir ? La réponse est à la fois technique et profondément humaine.
- Climat doux et sec du Maroc, idéal pour la cicatrisation et la mobilité
- Environnement familial, amis d’enfance, énergie du pays qui vibre déjà pour la CAN
- Installations de haut niveau à Rabat et Casablanca, parfois même plus adaptées aux dernières phases de retour sur le terrain
- Le mental : jouer à domicile, devant 60 000 personnes qui scandent ton nom, ça vaut tous les anti-inflammatoires du monde
Et puis il y a cette petite phrase qu’on entend dans les couloirs de la Fédération : « Achraf voulait sentir l’odeur de la pelouse marocaine sous ses crampons ». Romantique ? Peut-être. Mais quand tu portes le brassard d’un pays qui n’a plus gagné la CAN depuis 1976, tu as le droit d’être un peu poète.
Le Maroc attend son sauveur
Parce que oui, le Maroc n’attend pas seulement un joueur. Il attend son leader. Après la demi-finale historique du Mondial 2022, les Lions de l’Atlas sont devenus bien plus qu’une équipe : un symbole. Et Hakimi, avec son brassard, son calme olympien et ses coups francs laser, en est le visage numéro 1.
Dans les rues de Casablanca, à Marrakech, à Tanger, les maillots floqués « Hakimi 2 » se vendent comme des petits pains. Les gamins imitent son geste fétiche, ce petit cœur avec les doigts après chaque but. Si Hakimi soulève la coupe le 18 janvier, le pays entier explosera de joie.
Mais attention, le groupe F n’offre aucun cadeau :
- 21 décembre : Maroc – Comores (match d’ouverture, pression maximale)
- 26 décembre : Mali, équipe ultra-physique
- 29 décembre : Zambie, toujours piégeuse
Trois matchs en neuf jours. Trois matchs où chaque point comptabilise double, parce que c’est à domicile, parce que c’est LA CAN.
Et le PSG dans tout ça ?
Évidemment, Paris suit tout ça de très près. Luis Enrique, jamais avare d’une phrase cash, a lâché récemment : « Achraf reviendra quand il sera à 200 %, pas à 99 ». Traduction : pas question de le griller pour la CAN au risque de le perdre jusqu’en mars.
Mais entre les lignes, on sent que le club laisse la porte grande ouverte. Parce que derrière le joueur du PSG, il y a l’homme. Et l’homme a besoin de cette CAN comme d’oxygène.
« Ça va beaucoup mieux. Je sens la cheville solide, je cours, je frappe. Maintenant, c’est le moment de pousser. »
Des mots rapportés par son entourage proche
Alors, prêt ou pas prêt ?
La vraie question que tout le monde se pose. Les dernières vidéos leakées sur les réseaux (oui, on les a tous vues) montrent un Hakimi qui enchaîne les accélérations, les changements de direction, les frappes. Le sourire est revenu. Le regard aussi.
Mais entre courir sur un terrain vide et tenir 90 minutes face à des attaquants qui te rentrent dedans, il y a un monde. Les spécialistes sont partagés :
- Les optimistes : « S’il est déjà à ce niveau mi-décembre, il sera titulaire le 21 »
- Les prudents : « 80 % de chances qu’il soit sur le banc au début, puis titulaire dès le 2e match »
- Les pessimistes (rares) : « Risque de rechute si on le force trop tôt »
Personnellement, je penche pour la deuxième option. Walid Regragui est trop malin pour le jeter dans le feu dès le premier match. Mais une chose est sûre : même à 80 %, Achraf Hakimi reste un monstre. Et dans un tournoi où le mental compte pour 50 %, ça peut faire toute la différence.
Alors oui, la CAN 2025 s’annonce comme jamais. Parce qu’au-delà des stars, des stades pleins et ambiance de folie, il y a ces histoires humaines qui font vibrer. Celle d’un gamin de Madrid, devenu roi à Paris, et qui rêve de faire pleurer de joie 40 millions de Marocains.
Le 21 décembre, quand l’arbitre sifflera le coup d’envoi, tous les regards seront tournés vers le tunnel. Et si, au milieu des Lions, on voit ce numéro 2 sortir en dernier, brassard au bras, cheville strappée mais sourire éclatant… alors là, on saura.
On saura que les miracles, parfois, ne tiennent qu’à une cheville et à une envie plus forte que tout.
Rendez-vous dans dix jours. Le Maroc retient son souffle. Et moi aussi.
(Article rédigé le 10 décembre 2025 – plus de 3100 mots d’espoir et de football)
