Imaginez rentrer chez vous un soir d’hiver et trouver votre enfant de 14 ans incapable de tenir debout. Il bafouille, ses yeux roulent dans leurs orbites et, quelques minutes plus tard, il convulse sur la banquette arrière de la voiture. C’est le cauchemar qu’a vécu une famille ordinaire du nord de la France il y a quelques jours à peine.
Ce genre d’histoire, on préférerait croire qu’elle n’arrive qu’aux autres. Pourtant, elle se répète de plus en plus souvent depuis l’interdiction des puffs en février 2025. Et ce qui est le plus effrayant, c’est que personne ne sait vraiment ce qu’il y a dedans.
Un soir qui a basculé en quelques minutes
Ce mercredi-là, tout semblait normal. Le collège venait de se terminer, l’adolescent rentrait à la maison comme d’habitude. Mais dès qu’il a franchi la porte, ses parents ont compris que quelque chose n’allait pas du tout. Il titubait. Ses phrases n’avaient aucun sens.
Le père a immédiatement pris la décision de l’emmener aux urgences. Sur la route, l’état du garçon s’est aggravé à une vitesse terrifiante.
« Je le regardais dans le rétroviseur et j’ai vu ses yeux qui loucheaient, qui partaient dans tous les sens. Il convulsait. Là, j’ai vraiment eu la peur de ma vie. »
Témoignage du père
En panique, il appelle un ami pompier qui lui conseille de passer directement à la caserne. À peine arrivé, le jeune homme vomit violemment. Direction l’hôpital en urgence.
Les premiers examens qui sèment le doute
Comme n’importe quels parents dans cette situation, ils ont d’abord pensé à l’alcool ou au cannabis. C’est l’explication la plus courante à cet âge-là, non ? Sauf que les analyses de sang et d’urine reviennent totalement négatives. Pas une trace d’alcool. Pas de THC.
Le garçon, encore sonné, finit par lâcher la vérité : il a simplement « tiré plusieurs fois » sur une puff prêtée par un copain. Rien de plus.
Les médecins confirment alors une intoxication aiguë liée à la cigarette électronique jetable, sans pouvoir identifier précisément la substance responsable. Trop de possibilités. Trop peu de contrôles sur ces produits qui circulent encore sous le manteau.
Pourquoi les puffs restent-elles si faciles à trouver ?
Officiellement, la vente est interdite depuis presque un an. Et pourtant… Il suffit de se poster cinq minutes à la sortie d’un collège ou d’un lycée pour comprendre que la loi reste lettre morte pour beaucoup de jeunes.
Les raisons sont simples et effrayantes à la fois :
- Les stocks invendus des anciens revendeurs circulent toujours
- Les commandes sur internet depuis l’étranger sont à peine contrôlées
- Certains « grands frères » ou revendeurs à la petite semaine continuent le business en toute discrétion
- Les puffs sont petites, colorées, faciles à cacher
Résultat ? Un ado sur trois déclare en avoir déjà essayé une, selon certaines enquêtes récentes réalisées dans les établissements scolaires. Et parmi eux, beaucoup ignorent totalement ce qu’ils inhalent vraiment.
Ce que contiennent vraiment ces jolies petites barres colorées
Sur le papier, une puff c’est de la nicotine, des arômes alimentaires et du propylène glycol. En réalité, depuis l’interdiction, le marché noir a pris le relais. Et là, tout devient possible.
On a vu apparaître :
- Des taux de nicotine hallucinants (jusqu’à 50 mg/ml au lieu des 20 mg autorisés autrefois)
- Des cannabinoïdes de synthèse (spice, K2…)
- Des résidus de fabrication douteuse
- Même, dans certains cas saisis à l’étranger, des traces d’opiacés ou d’amphétamines
Le problème ? L’emballage reste le même. Le goût sucré aussi. Impossible pour un adolescent (et parfois même pour un adulte) de faire la différence entre une puff « normale » et une version trafiquée.
Les symptômes qui doivent alerter immédiatement
Ce cas dans le Pas-de-Calais n’est malheureusement pas isolé. Les services d’urgence commencent à connaître la chanson. Voici les signaux qui ne trompent pas :
- Nausées brutales et vomissements
- Troubles de l’équilibre et vertiges
- Confusion, propos incohérents
- Convulsions ou tremblements
- Yeux qui roulent ou strabisme soudain
- Pâleur extrême et sueurs froides
Si votre enfant présente plusieurs de ces symptômes après avoir vapoté, n’attendez pas. Filez aux urgences et précisez bien qu’il a consommé une cigarette électronique, même « juste deux-trois bouffées ».
Parce que oui, ça peut arriver dès la première utilisation, surtout si le produit est frelaté.
L’appel désespéré des parents
Aujourd’hui, le jeune garçon va mieux. Il a retrouvé toutes ses facultés. Mais ses parents, eux, sont marqués à vie.
« On veut que les gens comprennent que ce n’est pas un jouet. À la sortie des collèges, ils en ont tous une à la main. Ils rigolent, ils trouvent ça cool. Mais ils ne savent pas ce qu’il y a dedans. »
Ils demandent plus de prévention dans les établissements scolaires. Pas des grandes campagnes moralisatrices qui font rire les ados, mais du concret : témoignages de jeunes passés par là, analyses de produits saisis, interventions de toxicologues.
Parce que dire « c’est interdit » ne suffit plus. Il faut expliquer pourquoi c’est interdit. Et surtout, montrer ce qui peut arriver quand on passe outre.
Et maintenant ? Comment protéger nos ados
La question que tout parent se pose après avoir lu ce genre d’histoire : que faire concrètement ? Voici quelques pistes sérieuses, testées et approuvées par ceux qui sont passés par là :
- Parlez-en calmement, sans jugement (le « je t’avais prévenu » ne marche jamais)
- Montrez des témoignages réels (il en existe sur les réseaux, filmés par des ados eux-mêmes)
- Expliquez le marché noir et pourquoi il est encore plus dangereux que l’ancien marché légal
- Vérifiez discrètement les sacs et les poches (oui, c’est intrusif, mais parfois nécessaire)
- Signalez les points de vente illégaux (il existe des plateformes anonymes pour ça)
- Parlez-en avec les autres parents – l’effet de groupe joue dans les deux sens
Et surtout, gardez le dialogue ouvert. Un ado qui a peur de se faire engueuler ne vous dira jamais qu’il a essayé « juste pour voir ».
Vers une prise de conscience collective ?
Cet événement dramatique, s’il a eu le mérite d’une chose, c’est de remettre le sujet sur la table. Dans les jours qui ont suivi, plusieurs établissements des environs ont organisé des réunions d’information en urgence.
Certains professeurs avouent même avoir été choqués de découvrir l’ampleur du phénomène. « On voit les gosses avec leurs petites barres fluo, on se dit que c’est inoffensif… » confiait l’un d’eux.
Peut-être que c’est le début d’un vrai sursaut. Peut-être que cette fois, on va enfin traiter le problème à la racine plutôt que de se contenter d’une interdiction sur le papier.
En attendant, une chose est sûre : aucune mode, aucune pression sociale ne vaut la santé d’un enfant.
Cette famille a accepté de témoigner pour que d’autres n’aient pas à vivre le même cauchemar. Le message est passé. Reste à espérer qu’il soit entendu.
