Vous êtes-vous déjà senti complètement perdu dans un aéroport, à tourner en rond avec votre valise, le cœur qui bat un peu trop vite parce que l’embarquement approche ? Moi, oui. Et à Roissy-Charles de Gaulle, franchement, c’est presque un rite de passage.
Avec ses terminaux qui portent des noms à rallonge – 2A, 2B, 2C, 2D, 2E, 2F, 2G… – et ses correspondances qui vous font traverser la moitié de l’Île-de-France en navette, l’endroit a de quoi donner le vertige même aux voyageurs les plus aguerris. Pourtant, 82 millions de personnes y passent chaque année. Et la plupart s’en sortent… mais à quel prix ?
Roissy : quand le gigantisme devient un casse-tête
Il faut le dire clairement : Roissy, c’est immense. Le plus grand aéroport d’Europe continentale, un mastodonte qui s’est construit par morceaux au fil des décennies. Résultat ? Une organisation qui, vue du ciel, ressemble à une pieuvre avec des tentacules numérotées. Et sur le terrain, ça donne des situations parfois ubuesques.
J’ai encore en tête cette voyageuse britannique, sortie précipitamment du CDG Val, les yeux écarquillés : « Mais c’est quoi ce terminal 3 ? J’étais persuadée d’être au 1 ! » Elle n’était pas la seule. Entre ceux qui ratent leur correspondance parce qu’ils ont confondu le 2E et le 2F, et ceux qui font trois fois le tour du Terminal 1 avant de trouver la porte d’embarquement, les histoires ne manquent pas.
« Ces lettres et ces chiffres, ça retourne un peu le cerveau »
– Un passager interrogé dans les couloirs de Roissy
Cette phrase, je l’ai entendue plus d’une fois. Et elle résume parfaitement le sentiment général : on finit par arriver à destination, mais souvent après avoir transpiré un bon coup.
Pourquoi c’est si compliqué aujourd’hui ?
Pour comprendre, il faut remonter un peu dans le temps. Roissy s’est agrandi au gré des besoins, sans vision globale d’ensemble au départ. Chaque nouveau terminal a reçu une numérotation logique… à l’époque de sa construction. Mais quand vous superposez quarante ans d’extensions, ça devient vite illisible.
Prenez le Terminal 2, par exemple. Il est divisé en sept sous-terminaux (de 2A à 2G), séparés parfois par plusieurs centaines de mètres. Et selon votre compagnie, vous pouvez être au 2E pour l’enregistrement… puis devoir marcher vingt minutes jusqu’au 2F pour embarquer. Ajoutez à cela le CDG Val, le train interne gratuit mais pas franchement intuitif, et vous avez la recette parfaite pour le stress pré-vol.
- Des noms de terminaux qui se ressemblent trop (2E, 2F, 2G…)
- Des distances énormes entre certaines portes
- Une signalétique parfois vieillissante ou mal positionnée
- Des indications différentes selon les langues et les zones
- Le sentiment, réel ou pas, que tout a été conçu pour les habitués
Et pourtant – et c’est là où ça devient intéressant – la majorité des voyageurs que j’ai croisés restent plutôt satisfaits de l’aéroport dans son ensemble. Le Wi-Fi fonctionne, les boutiques sont nombreuses, les temps de correspondance sont souvent raisonnables. Le vrai point noir, c’est bien l’orientation.
2027 : le grand choc de simplification
Ça y est, le message est passé jusqu’aux plus hautes instances. Le groupe qui gère l’aéroport a annoncé un chantier colossal : une refonte totale de la signalétique, prévue pour 2027. Et attention, on ne parle pas de changer deux trois panneaux. On parle d’un nouveau langage visuel global, pensé pour être compris en quelques secondes, même quand on court avec une poussette et deux enfants dans les bras.
L’idée ? Passer d’un système basé sur des codes alphanumériques complexes à quelque chose de beaucoup plus intuitif. On murmure déjà des pistes sérieuses :
- Des couleurs dominantes par zone (bleu pour les départs, vert pour les arrivées, etc.)
- Des pictogrammes universels géants, visibles de loin
- Des noms plus parlants ou des repères géographiques simples
- Une harmonisation totale entre les panneaux, les applications et les annonces vocales
- Des sols avec des bandes colorées au sol, comme dans certains aéroports asiatiques
Rien n’est encore officiel à 100 %, mais les équipes travaillent depuis des mois avec des spécialistes de l’expérience utilisateur, des designers, et même des psychologues cognitifs. Parce que oui, se repérer dans un aéroport, c’est aussi une histoire de cerveau.
Ce que ça va changer concrètement pour vous
Imaginons que vous arriviez en 2028 (le temps que tout soit bien rodé). Vous sortez du RER ou du TGV. Dès le premier regard, une couleur dominante vous indique la direction. Plus besoin de décrypter si vous êtes au bon endroit pour Air France ou Emirates : un symbole clair, peut-être une porte stylisée ou un avion avec un drapeau, vous guide directement.
Dans les couloirs, fini les panneaux surchargés. On verra probablement d’immenses totems lumineux, avec peu de texte mais des informations hiérarchisées. Et surtout, la même logique partout : que vous veniez du parking, du métro ou d’un autre terminal, le chemin sera évident.
« Les voyageurs étaient très perturbés par notre système actuel »
– Un responsable du projet de refonte
Cette phrase, prononcée récemment, montre que la direction a bien pris la mesure du problème. Et c’est plutôt rassurant.
Et les autres aéroports dans tout ça ?
On peut se demander si Roissy est vraiment pire que les autres. Franchement ? Pas forcément. Londres Heathrow a aussi son lot de galères avec ses cinq terminaux. Francfort ou Amsterdam sont mieux organisés, c’est vrai, mais ils n’ont pas la même taille ni la même complexité historique.
Ce qui est sûr, c’est que les meilleurs aéroports du monde (Singapour Changi, Seoul Incheon, Tokyo Haneda) ont tous un point commun : une signalétique tellement claire qu’on s’y retrouve les yeux fermés. Et c’est exactement cet objectif que vise désormais Roissy.
Un chantier à la hauteur des ambitions olympiques… et au-delà
Il y a quelques années, pour les Jeux olympiques de 2024, on avait déjà amélioré pas mal de choses : accès, fluidité, propreté. Mais la signalétique intérieure était restée en retrait. Cette fois, c’est le cœur du problème qui est attaqué. Et avec la reprise massive du trafic aérien post-pandémie, le timing est parfait.
Car oui, 82 millions de passagers en 2025, c’est énorme. Mais les prévisions tablent sur plus de 100 millions d’ici dix ans. Autant dire que si on ne simplifie pas maintenant, ça va devenir ingérable.
Mon avis après des dizaines de passages à Roissy
Personnellement, j’adore cet aéroport. Vraiment. Il a une âme, une histoire, une énergie particulière. Mais je dois avouer que j’ai raté des vols à cause de mauvaises correspondances (oui, oui, même moi). Alors cette refonte, je l’attends avec impatience.
Ce qui me plaît surtout, c’est qu’on ne se contente pas de maquiller le problème. On repense tout de A à Z. Et quand un géant comme Roissy prend ce genre de décision, ça fait bouger les lignes pour toute l’Europe.
En attendant 2027, voici mes petites astuces pour survivre à la signalétique actuelle :
- Téléchargez l’application officielle – elle est étonnamment bien faite
- Prévoyez toujours 30 minutes de marge pour les correspondances internes
- Repérez les points d’information physiques : les agents sont souvent des héros discrets
- Fiez-vous aux couleurs des compagnies plutôt qu’aux numéros de terminal
- Et surtout… respirez. Vous finirez toujours par arriver
Roissy, c’est un peu comme Paris : immense, parfois déroutant, mais tellement vivant. Et avec cette nouvelle signalétique qui se profile, il va devenir un peu plus humain. Un aéroport géant qui se met enfin à l’échelle de ses voyageurs.
Honnêtement ? J’ai hâte de voir ça.
