Vous est-il déjà arrivé de vous réveiller en pleine nuit parce que tout est soudain plongé dans le noir ? Cette sensation de vulnérabilité quand plus rien ne fonctionne, quand on se sent seul au monde… Eh bien imaginez que cette coupure d’électricité ne soit pas un hasard. Imaginez qu’elle soit le premier acte d’un scénario bien rodé. C’est exactement ce qu’a vécu une femme de 87 ans, dans une petite ville tranquille des Yvelines.
Je ne vais pas vous faire languir : dans la nuit du 28 au 29 novembre 2025, à Triel-sur-Seine, une octogénaire a été victime d’un homejacking d’une violence rare. Et le pire, c’est que tout semble avoir été minutieusement préparé.
Une nuit qui commence par une coupure suspecte
Il est un peu plus de 3 heures du matin. La dame, qui vit seule dans son pavillon, se rend compte que plus aucune lumière ne fonctionne. Télévision éteinte, frigo arrêté, tout. Elle regarde par la fenêtre : toute la rue est éclairée normalement. Seule sa maison est dans le noir.
Paniquée mais lucide, elle appelle son fils. Celui-ci habite à quelques kilomètres, il saute dans sa voiture, arrive rapidement, fait le tour du jardin, ne voit rien d’anormal. Il descend à la cave, remarque que le disjoncteur général a sauté, le remet en marche et repart rassuré. À ce moment-là, personne n’imagine encore la suite.
« Curieuse, cette coupure qui n’a touché qu’une seule maison dans toute la rue… »
Source proche de l’enquête
Avec le recul, on comprend mieux : couper l’électricité était probablement une technique pour vérifier si quelqu’un était présent et pour faire sortir éventuellement un occupant. Une méthode classique chez certains cambrioleurs spécialisés dans les vols avec violence.
L’irruption brutale à 5h30
Deux heures et demie plus tard, vers 5h30, la vieille dame est encore dans sa chambre quand deux individus surgissent. Masqués, gantés, l’un d’eux brandit une barre de fer. Ils n’ont pas besoin de parler longtemps : « Ouvre le coffre ou on te fracasse ».
Traumatisée, elle n’a pas d’autre choix que d’obéir. Les malfaiteurs repartent avec :
- Une montre Rolex
- Une montre Breitling
- Un collier de perles de grande valeur
- Le téléphone portable de la victime (pour éviter qu’elle appelle immédiatement)
Le tout en quelques minutes à peine. Professionnel, froid, sans une once d’humanité.
La victime, choquée mais physiquement indemne, parviendra à donner l’alerte peu après. Les secours arrivent rapidement. Les pompiers, la police, tout le dispositif habituel se met en place dans l’urgence.
Un troisième homme dans le jardin
Ce que la vieille dame a pu indiquer aux enquêteurs glace le sang : elle a distinctement aperçu une troisième silhouette dehors, dans le jardin, qui semblait faire le guet.
Trois personnes donc. Une équipe organisée, avec des rôles bien définis. Le genre de bande qui ne laisse rien au hasard et qui cible spécifiquement des personnes âgées vivant seules, souvent détentrices de valeurs (bijoux de famille, liquidités, montres de collection).
Et là, on touche au cœur du problème : ces agressions ne sont pas nouvelles, mais elles se multiplient dans certaines régions franciliennes depuis quelques années. Les Yvelines, pourtant réputées plutôt calmes hors certaines zones, n’échappent malheureusement pas à la tendance.
Pourquoi les personnes âgées sont-elles particulièrement visées ?
Je vais être franc : c’est une question qui me met mal à l’aise, parce que la réponse est d’une tristesse absolue.
- Elles vivent souvent seules
- Elles possèdent parfois des objets de valeur accumulés durant une vie
- Elles représentent une proie « facile » physiquement
- Elles ont tendance à moins porter plainte ou à moins bien mémoriser les détails sous le choc
Résultat ? Des bandes spécialisées n’hésitent plus à franchir la ligne : passer du cambriolage « discret » au homejacking avec violence. Et quand je dis violence, c’est parfois jusqu’à la torture pour faire parler.
Heureusement, dans le cas de Triel-sur-Seine, la victime n’a pas été blessée physiquement. Mais le traumatisme psychologique, lui, est immense. À 87 ans, se faire réveiller par des hommes armés dans sa propre chambre… je vous laisse imaginer.
L’enquête confiée aux spécialistes du banditisme
Très vite, les enquêteurs comprennent qu’ils ont affaire à des pros. L’affaire est donc confiée à une unité spécialisée dans les vols à main armée et les homejackings dans les Yvelines.
Relevés d’empreintes, analyse des traces de chaussures, exploitation des éventuelles caméras de vidéosurveillance du quartier, enquête de voisinage… tout est passé au crible.
On cherche notamment à savoir si la maison avait été repérée les jours ou semaines précédents. Est-ce que quelqu’un a observé les habitudes de la vieille dame ? Est-ce qu’un artisan, un livreur, un soi-disant agent EDF a pu transmettre l’information ? Ce sont des questions classiques, mais essentielles.
« Ce genre de coup ne s’improvise pas. Il y a presque toujours repérage en amont. »
Un enquêteur expérimenté
Comment se protéger quand on est une personne âgée vivant seule ?
Après chaque affaire de ce type, on repose la même question : que faire ? Voici quelques pistes concrètes, testées et approuvées par les forces de l’ordre :
- Installer un système d’alarme relié à une société de télésurveillance (le bruit + l’intervention rapide font souvent fuir)
- Mettre une barre de sécurité sur la porte d’entrée et des verrous supplémentaires
- Ne jamais indiquer sur les réseaux sociaux (ou via un proche) qu’on vit seul ou qu’on possède des objets de valeur
- Éviter de conserver bijoux et liquidités à domicile – un coffre en banque, c’est parfois plus sûr
- Participer aux opérations « Tranquillité Seniors » proposées par certaines mairies ou la gendarmerie
- Installer des détecteurs de mouvement extérieurs qui allument automatiquement la lumière
Et surtout, le plus efficace reste souvent le lien social : un voisin qui jette un œil, un appel quotidien d’un proche, une association qui passe régulièrement. Les malfaiteurs détestent les maisons où il y a du passage.
Une insécurité qui ne recule pas
Ce qui me frappe dans cette histoire, c’est qu’elle pourrait arriver n’importe où. Triel-sur-Seine n’est pas une zone particulièrement sensible. C’est une commune plutôt paisible, avec ses bords de Seine, ses pavillons coquets, ses retraités tranquilles.
Et pourtant. Les chiffres parlent d’eux-mêmes : les homejackings visant les seniors ont augmenté de façon préoccupante en Île-de-France ces dernières années. Les bijoux et les montres de luxe restent des cibles privilégiées, faciles à écouler sur certains marchés.
On se dit parfois que ça n’arrive qu’aux autres. Et puis un matin, on lit ce genre d’histoire et on se demande si sa propre grand-mère, son propre parent, ne pourrait pas être la prochaine victime.
Alors oui, c’est rageant. Oui, c’est effrayant. Mais c’est aussi un signal d’alarme collectif : il est temps que la société protège mieux ses aînés.
En attendant que les enquêteurs mettent la main sur les auteurs – et je l’espère de tout cœur –, cette vieille dame de Triel-sur-Seine va devoir réapprendre à dormir chez elle. À ne plus sursauter à chaque bruit. À retrouver un semblant de sérénité.
Et nous, on se dit que la prochaine fois, ça pourrait être chez nous.
Prenez soin de vos proches âgés. Un coup de fil, une visite, un petit système de sécurité… parfois, ça change tout.
