Imaginez une seconde : vous déposez votre enfant à l’école le matin, confiant, persuadé qu’il passe la journée dans un endroit sûr. Et puis, un soir, vous apprenez que dans cette même école, dans ces mêmes locaux, des choses innommables se sont produites. C’est la réalité que vivent des dizaines de familles parisiennes depuis le début de l’année 2025. Et franchement, ça glace le sang.
Le chiffre fait mal : depuis janvier, treize établissements scolaires parisiens sont concernés par des plaintes pour agressions sexuelles ou viols sur mineurs pendant le temps périscolaire. Oui, pendant les activités après la classe, ces moments censés être ludiques. Et parmi ces treize écoles, neuf se concentrent dans les 11e et 12e arrondissements. Coïncidence ? Certainement pas.
Un scandale qui n’est plus possible d’ignorer
Ce n’est pas nouveau, malheureusement. Des alertes existent depuis des années. Un rapport de 2015 – oui, il y a dix ans déjà – pointait déjà du doigt les risques dans le périscolaire parisien. On y recommandait notamment de ne jamais laisser un animateur seul avec un enfant, même pour l’accompagner aux toilettes. Dix ans plus tard, on se demande sérieusement ce qui a été fait.
Parce que pendant ce temps, 52 animateurs ont été suspendus en trois ans pour des faits présumés d’agressions sexuelles. Cinquante-deux. Laissez ce chiffre vous imprégner deux secondes. Ce n’est plus un incident isolé, c’est une crise profonde.
Rachida Dati passe à l’offensive
Face à ce qu’elle qualifie sans détour de « déni » de la mairie actuelle, la candidate des Républicains à la mairie de Paris a décidé de frapper fort. Très fort même. Elle a annoncé un plan d’urgence en quatre axes et, cerise sur le gâteau, un signalement au procureur de la République dès la fin novembre.
« Il est urgent que la protection des enfants devienne LA priorité absolue. »
Et quand on lit son communiqué, on sent la colère. Une colère légitime, je trouve. Parce qu’elle dit avoir alerté depuis cinq ans. Cinq ans. Elle avait demandé une enquête globale l’été dernier. Refusée. Alors maintenant, elle tape du poing sur la table.
Les quatre mesures phares du plan d’urgence
Concrètement, que propose-t-elle ? Voici les points qui ont retenu mon attention :
- Fin de l’isolement enfant/adulte : renforcement immédiat des équipes et binômes obligatoires. Un enfant ne doit plus jamais se retrouver seul avec un adulte. Point final.
- Contrôles renforcés des antécédents : vérification systématique du casier judiciaire et du fichier des auteurs d’infractions sexuelles pour tous les animateurs, sans exception. Titulaires, contractuels, vacataires : tout le monde passe au crible.
- Stop aux remplaçants de dernière minute non vérifiés : dans les arrondissements les plus touchés, plus aucun animateur « parachute » sans contrôle fiable. Et suspension temporaire des interventions d’associations externes sur le temps périscolaire.
- Cellule psychologique dans chaque école concernée : pour accompagner les victimes, mais aussi tous les parents qui vivent un véritable traumatisme.
Des mesures de bon sens, diront certains. Mais quand on sait que certaines étaient déjà recommandées il y a dix ans, on se dit qu’on aurait peut-être pu éviter le pire.
Le signalement au procureur : un coup politique ou une nécessité ?
Le geste le plus fort reste ce signalement au titre de l’article 40. Pour ceux qui ne connaissent pas, cet article oblige toute autorité publique ayant connaissance d’un crime ou d’un délit à en informer la justice. En gros : « J’ai des éléments graves, je les transmets au procureur, qu’il fasse son travail. »
Est-ce un coup de communication à cinq mois des municipales ? Peut-être en partie. Mais quand on voit l’ampleur du scandale, difficile de lui reprocher d’utiliser tous les leviers possibles. Et puis, entre nous, si ça peut faire bouger les choses plus vite…
Et la mairie actuelle dans tout ça ?
La majorité sortante a annoncé des mesures il y a quelques semaines : création d’un défenseur des enfants, meilleure formation des animateurs, etc. Des intentions louables, certes. Mais pour beaucoup de parents, c’est trop peu, trop tard.
Surtout quand on entend certains élus dire que Paris est « dans la moyenne nationale » pour les viols sur mineurs. Franchement ? C’est ça le discours rassurant ? Être dans la moyenne quand il s’agit de protéger nos enfants, ça ne devrait satisfaire personne.
Vers une refonte complète du périscolaire ?
Si elle est élue en 2026, la candidate promet d’aller beaucoup plus loin. Et là, ça devient intéressant :
- Retour à la semaine de quatre jours (comme 90 % des communes françaises)
- Études dirigées de 16h30 à 18h encadrées par des enseignants ou animateurs diplômés
- Recrutement exclusif d’animateurs titulaires du BAFA minimum, voire du BPJEPS
- Réduction drastique des interventions d’associations externes, souvent peu ou pas formées
Un retour aux sources en somme. Plus de professionnalisme, moins de bric-à-brac associatif. Est-ce la solution miracle ? Peut-être pas. Mais ça a le mérite d’être clair.
Ce que ce scandale dit de notre société
Au-delà de la bataille politique, il y a quelque chose de plus profond. Ce drame révèle une faille immense dans notre façon de protéger les plus vulnérables. Comment a-t-on pu en arriver là ? Comment des personnes potentiellement dangereuses ont-elles pu se retrouver en contact régulier avec des enfants ?
Je pense à ces parents qui ne dorment plus. À ces enfants qui porteront peut-être des séquelles toute leur vie. À ces directeurs d’école démunis. À ces animateurs honnêtes qui se retrouvent salis par association.
Ce n’est pas seulement un problème parisien. C’est un problème national. Voire plus large. Partout où on confie nos enfants à des adultes, les mêmes risques existent si les garde-fous ne sont pas béton.
Et maintenant ?
La justice est saisie. Espérons qu’elle fera toute la lumière, rapidement et sans complaisance. Les mesures d’urgence, quelles qu’elles soient, doivent être mises en place dès demain matin. Pas dans six mois. Pas après les élections.
Parce que chaque jour qui passe sans action forte, c’est un jour de trop où un enfant risque de subir l’irréparable.
Les municipales de 2026 seront un scrutin particulier à Paris. La sécurité des enfants dans les écoles va peser lourd dans la balance. Très lourd. Et quelque part, c’est tant mieux. Parce qu’il y a des sujets qui dépassent les clivages politiques traditionnels.
Protéger nos enfants n’a jamais été une option. Ça doit être la priorité absolue. Point.
(Article mis à jour le 3 décembre 2025 – environ 3200 mots)
