Imaginez que la pièce censée vous sauver la vie devienne, un jour, celle qui vous la prend. C’est exactement ce qui arrive encore, en 2025, avec les fameux airbags Takata. Deux morts supplémentaires ces dernières semaines, l’un en Nouvelle-Calédonie, l’autre à La Réunion, et toujours 1,8 million de véhicules qui roulent tranquillement sur nos routes avec cette bombe à retardement sous le volant. Franchement, ça fait froid dans le dos.
Le scandale qui n’en finit pas de tuer
Quand on parle de scandale automobile, on pense souvent aux Dieselgate ou aux batteries qui prennent feu. Mais l’affaire Takata, elle, bat tous les records de longévité. Débutée il y a plus de quinze ans, elle continue de faire des victimes en 2025. Et le pire, c’est que tout le monde sait, mais que des centaines de milliers de propriétaires continuent de rouler sans se poser de question.
Le problème ? Un composant chimique, le nitrate d’ammonium, utilisé pour gonfler l’airbag en quelques millisecondes. Avec le temps, la chaleur et surtout l’humidité, cette substance se dégrade et peut transformer l’airbag en grenade. Au lieu de se déployer proprement, il explose littéralement et projette des éclats métalliques dans l’habitacle. Résultat : blessures gravissimes au visage, au cou, et parfois la mort.
Les derniers drames qui secouent l’opinion
Le 17 octobre dernier, un jeune homme de 31 ans bricolait sa voiture posée sur des cales en Nouvelle-Calédonie. L’airbag conducteur s’est déclenché sans raison apparente. Touché à la gorge et au visage, il n’a pas survécu. Quelques semaines plus tard, dans la nuit du 29 au 30 novembre, un conducteur de 23 ans décède à La Réunion dans un accident. Les enquêteurs n’excluent pas que l’airbag défectueux ait aggravé, voire causé, le décès.
Ces deux cas portent le bilan officiel à une vingtaine de morts rien qu’en France et dans les territoires d’outre-mer. Mais en réalité, personne ne sait combien de victimes « invisibles » il y a eu. Beaucoup d’accidents classés « perte de contrôle » ou « blessures inexpliquées » pourraient en fait être liés à ces airbags maudits.
« Les circonstances sont très particulières par rapport aux autres cas connus »
– Une source proche de l’enquête en Nouvelle-Calédonie
Où en est-on vraiment des réparations en France ?
Les chiffres officiels sont à la fois rassurants et terrifiants. D’un côté, on nous dit que le rythme des réparations s’accélère : plus d’un million de véhicules traités depuis le début de l’année. De l’autre, il reste encore 1,8 million de voitures à réparer, toutes catégories confondues.
Parmi les constructeurs les plus touchés, le groupe Stellantis (Citroën, DS, Peugeot, Opel) fait figure de « bon élève » relatif. Près de 90 % des C3 et DS3 concernées auraient été réparées. Pour les autres modèles, on tourne autour de 66 % à 70 %. C’est énorme… mais ça veut aussi dire qu’il reste encore des dizaines de milliers de ces petites bombes roulantes sur nos routes.
- Citroën C3 et DS3 : environ 90 % réparés
- Citroën C4, DS4, DS5 : plus de 66 % traités
- Opel (divers modèles) : seulement 36 % réparés
- Toyota, Volkswagen, BMW : plusieurs centaines de milliers encore en attente
Et puis il y a les modèles dits « stop drive » : ceux que les autorités considèrent comme tellement dangereux qu’il est interdit de les conduire tant qu’ils ne sont pas réparés. On parle de plusieurs dizaines de milliers de véhicules dans cette catégorie extrême.
Pourquoi ça traîne autant ?
La question que tout le monde se pose. D’abord, il y a le volume : des millions de voitures dans le monde, des centaines de milliers rien qu’en France. Trouver les pièces de rechange, organiser les campagnes de rappel, convaincre les propriétaires… c’est un travail titanesque.
Ensuite, il y a ceux qui ignorent tout simplement qu’ils sont concernés. La voiture a changé de mains plusieurs fois, l’adresse postale n’est plus à jour, les courriers recommandés finissent à la poubelle. Et puis soyons honnêtes : recevoir une lettre qui dit « votre voiture peut vous tuer » a tendance à être rangée dans la catégorie « à traiter plus tard ».
Enfin, certains propriétaires refusent carrément la réparation. Parce qu’ils n’ont pas confiance, parce qu’ils trouvent que ça prend trop de temps, ou tout simplement parce qu’ils ne croient pas au danger. J’ai personnellement discuté avec un garagiste qui m’a raconté qu’un client lui avait dit : « Si ça devait exploser, ça serait déjà fait depuis le temps »…
La justice commence à bouger sérieusement
Ce qui change vraiment la donne aujourd’hui, c’est que l’affaire n’est plus seulement technique : elle devient judiciaire. Plusieurs informations judiciaires sont ouvertes, pour mise en danger de la vie d’autrui, voire homicide involontaire.
Des associations de consommateurs ont lancé des actions collectives. Des milliers de propriétaires se sont inscrits. Et les parquets spécialisés s’intéressent maintenant à plusieurs grands constructeurs, pas seulement Stellantis.
On parle même d’une mesure radicale pour 2026 : rendre la contre-visite obligatoire au contrôle technique pour tout véhicule non réparé. Autrement dit, si vous n’avez pas fait changer vos airbags, votre carte grise pourrait être suspendue. Ça, ça ferait bouger les choses.
Comment savoir si votre voiture est concernée ?
La première chose à faire, c’est de vérifier. Et c’est plus simple qu’on ne le pense.
- Rendez-vous sur le site officiel de la sécurité routière ou sur celui de votre constructeur
- Entrez votre numéro d’immatriculation ou votre numéro de série (VIN)
- Vous saurez immédiatement si votre véhicule fait partie des rappels en cours
- Si oui, prenez rendez-vous sans attendre – la réparation est gratuite et prioritaire
Petit conseil d’ami : même si votre voiture a déjà passé le contrôle technique récemment, refaites la vérification. Certains rappels ont été étendus ces derniers mois.
Et demain ?
L’histoire des airbags Takata, c’est un peu le symbole de ce qui peut arriver quand la course au coût le plus bas passe avant la sécurité. Des millions de vies mises en danger pour économiser quelques centimes par airbag.
Aujourd’hui, les constructeurs ont appris la leçon – du moins on l’espère. Les nouveaux airbags utilisent des technologies bien plus stables. Mais le mal est fait. Et il faudra encore des années pour que la dernière voiture concernée soit enfin réparée.
En attendant, une seule chose compte : votre sécurité et celle de vos proches. Une vérification de cinq minutes peut vous éviter le pire. Parce que franchement, entre attendre que « ça se fasse tout seul » et prendre rendez-vous chez le concessionnaire, le choix est vite fait, non ?
Prenez soin de vous sur la route. Et si vous avez le moindre doute sur votre véhicule, n’attendez pas le prochain accident pour agir. Parce que dans cette histoire, le temps joue clairement contre nous.
