Imaginez-vous au volant, tous les jours, avec l’idée qu’une petite pièce de quelques grammes peut exploser et vous projeter des éclats d’acier en pleine figure. Pas très rassurant, hein ? C’est pourtant la réalité de milliers de Français qui roulent encore avec des airbags Takata potentiellement mortels. Et aujourd’hui, ça bouge enfin sérieusement.
Une nouvelle action de groupe vient d’être lancée. Cette fois, c’est une association de consommateurs bien implantée qui passe à l’attaque et assigne directement le géant Stellantis devant le tribunal. Objectif ? Obtenir une vraie reconnaissance du préjudice subi et, surtout, une indemnisation qui a du sens.
Le scandale Takata ne veut pas mourir
Pour ceux qui auraient loupé les épisodes précédents – et ils sont nombreux –, un petit retour en arrière s’impose. Tout commence au milieu des années 2010 quand on découvre que les gonfleurs d’airbags fabriqués par l’équipementier japonais Takata peuvent, sous l’effet de la chaleur et de l’humidité, littéralement exploser au moment du déclenchement.
Le bilan est terrifiant : plus de 37 morts dans le monde, des centaines de blessés graves. C’est le plus gros rappel de l’histoire automobile, plus de 100 millions de véhicules concernés. En France, plusieurs millions de voitures sont toujours dans la nature avec ces pièces défectueuses.
Pourquoi c’est encore d’actualité en 2025 ?
Parce que tout simplement, le remplacement traîne. Beaucoup de propriétaires n’ont été avertis qu’une seule fois, il y a des années. D’autres n’ont vu changer que l’airbag conducteur, laissant celui du passager en place. Et certains modèles, jugés « moins prioritaires », attendent encore leur tour.
Résultat ? Des gens roulent tous les jours avec une épée de Damoclès au-dessus de la tête. Et quand je dis épée, c’est presque littéral : les fragments métalliques projetés peuvent traverser le visage comme des balles.
« Je me sens en danger permanent. Ma fille monte dans cette voiture tous les jours pour aller au lycée. Comment accepter ça ? »
– Une propriétaire d’Opel concernée
Ce que réclament exactement les victimes
Cette fois, on ne parle pas seulement de remplacer la pièce (même si ça reste la base). L’action de groupe vise quatre types de préjudices distincts :
- Le préjudice d’anxiété : vivre avec la peur constante d’un accident grave à chaque trajet
- Le préjudice moral : le sentiment d’avoir été trahi par une marque en qui on avait confiance
- Le préjudice matériel : dévalorisation du véhicule, frais divers, immobilisation
- Et potentiellement le préjudice corporel pour ceux qui ont déjà eu un souci
Et là, on touche à quelque chose de nouveau en France : la reconnaissance du préjudice d’anxiété dans le domaine automobile. Jusqu’à présent, ce type de demande était surtout accepté pour l’amiante ou les pesticides. Voir ça appliqué aux voitures serait une petite révolution juridique.
Stellantis dans le viseur, mais pas que
Le groupe né de la fusion PSA-Fiat Chrysler se retrouve en première ligne parce qu’il a hérité du parc Citroën, Peugeot, DS et Opel concernés. Mais en réalité, presque tous les constructeurs ont été touchés à des degrés divers.
Ce qui énerve particulièrement, c’est le sentiment que les rappels ont été gérés à l’économie. Priorité aux modèles les plus récents, aux zones géographiques les plus chaudes (où le risque est plus élevé), et tant pis pour les autres.
J’ai moi-même vu des courriers de rappel datant de 2016 où il était écrit noir sur blanc : « Pas de pièce disponible, nous vous recontacterons ». Neuf ans plus tard, certains attendent toujours.
Comment rejoindre l’action de groupe ?
Bonne nouvelle : c’est gratuit et assez simple. L’association qui porte la procédure accepte encore les inscriptions. Il suffit de :
- Vérifier que votre modèle figure dans les listes de véhicules concernés (elles sont publiques)
- Contacter l’association avec votre carte grise
- Signer le mandat de représentation
Pas d’avocat à payer, pas d’avance de frais. Si l’action aboutit, l’indemnisation sera versée directement. Si elle échoue, vous ne perdez rien.
Et si vous avez vendu votre voiture entre-temps ?
C’est là que ça devient intéressant. Beaucoup de gens ont revendu leur véhicule en pensant s’être débarrassés du problème. Erreur. La dévalorisation liée au défaut Takata peut être importante, parfois plusieurs milliers d’euros.
Certains experts estiment qu’un véhicule rappelé mais non réparé perd entre 10 et 30 % de sa valeur. Et même une fois réparé, l’historique reste. L’action de groupe pourrait permettre de récupérer cette perte, même pour d’anciens propriétaires.
Ce que ça dit de notre rapport à la voiture
Au-delà du cas précis, cette affaire pose une question de fond : jusqu’où la sécurité doit-elle primer sur les considérations économiques ? Quand un défaut aussi grave est découvert, est-ce acceptable de procéder par étapes sur dix ou quinze ans ?
Personnellement, je trouve ça aberrant. Une voiture, c’est censé être un objet de liberté. Pas une source de stress permanent. Et pourtant, combien de conducteurs vérifient aujourd’hui si leur véhicule fait partie d’un rappel en cours ? Très peu, j’en suis convaincu.
Les précédents juridiques : ça peut payer
Il y a déjà eu des victoires. En Allemagne, des propriétaires ont obtenu plusieurs milliers d’euros chacun. Aux États-Unis, Takata a fini en faillite et les constructeurs ont déboursé des milliards. En France, on avance plus lentement, mais les choses bougent.
L’été dernier, une première action de groupe avait déjà été lancée. Celle-ci est la deuxième vague, plus massive, avec des arguments juridiques affinés. Les chances de succès me semblent réelles.
Que faire en attendant ?
En pratique, voici mes conseils si vous pensez être concerné :
- Vérifiez immédiatement sur le site officiel de la sécurité routière si votre VIN figure dans les rappels
- Contactez votre concession, même si vous avez déjà reçu dix courriers
- Gardez tous les documents (lettres de rappel, factures, etc.)
- Envisagez sérieusement de rejoindre l’action collective
- Et surtout, parlez-en autour de vous : beaucoup ignorent encore qu’ils roulent avec ce risque
Parce que oui, l’information reste le premier problème. Dix ans après le début du scandale, il y a encore des véhicules non réparés qui circulent. C’est à la fois dingue et effrayant.
Cette nouvelle action de groupe pourrait bien être le début de la fin pour ce cauchemar automobile. Ou du moins, le moment où les constructeurs comprendront enfin que la sécurité n’a pas de prix. En attendant, restez vigilants. Votre vie vaut bien quelques vérifications, non ?
(Article mis à jour le 3 décembre 2025 – l’action de groupe est en cours d’instruction et reste ouverte aux nouveaux participants)
